SPA : sur les pas des écrivains, de Spa au Val de Vesdre (1999)

Spa était un épitomé de vie. (Fenimore Cooper)

Je crois réellement que si j’avais le choix d’un séjour, depuis les bords de l’Indus jusqu’au Pôle, ce site serait précisément celui que je choisirais. (Lady Morgan)

Spa n’est pas une ville comme les autres. Elle a un rapport intime avec le temps, avec l’Histoire. Ainsi, elle bénéficie de la plus forte concentration de fantômes de célébrités… Et elle a réussi le défi d’Alphonse Allais : être “une ville à la campagne.

Comment mieux (re-)découvrir Spa qu’à travers le regard d’un enfant ? Dans Le lieutenant souriant, Bernard Gheur fait visiter la ville à ses deux jeunes héros sous la conduite de Victor, un vieux Spadois…

…Victor nous montra le Pouhon, cette fontaine où coule une eau saumâtre, mais prodigieusement riche en fer. Il nous raconta le séjour de Pierre le Grand. Épuisé par les excès, le tsar de toutes les Russies était venu essayer les eaux de Spa, en 1717. Il en fut tout retapé. La vogue extraordinaire de Spa était née de cette visite. Ce bourg perdu dans les forêts d’Ardenne devint “la maison de campagne du grand monde de l’univers”. Les princes et les princesses, les plus fameux artistes, y passaient la belle saison, respirant l’air salutaire, se gorgeant de cette eau ferrugineuse, qui combattait les “pâles couleurs”, tous les états de langueur et de mélancolie. On se rendait, en équipage, à la source de la Géronstère, à une bonne lieue de Spa. Dans l’ombre des grands arbres, on écoutait de la musique, on dansait, on assistait à des farces, à des acrobaties. Puis on gagnait la Sauvenière, par le chemin des Fontaines. Le soir, on se retrouvait à la Redoute. On jouait au
“pharaon”, au “crebs”, au “biribi”( … ).

Spa occupe déjà une place de choix dans les plus anciens guides touristiques. Ainsi Hans Ottokar Reichard lui consacre cinq pages – pour une seule sur Liège ! – dans son Guide de l’Allemagne publié en 1793 : “C’est vers la fin mai qu’arrive dans ce lieu une foule d’étrangers de toutes les nations : les uns pour rétablir par les eaux salutaires qui y coulent, leur santé affaiblie ; les autres pour y jouir des agréments de ce charmant séjour et des plaisirs variés que l’on y trouve.

En fait, Pline l’Ancien, déjà au 1er siècle, évoquait ses eaux et, depuis, nombreux sont les voyageurs qui ont relaté leur passage à Spa. Ces récits sont parfois contradictoires et il est amusant de les comparer en se rappelant, bien sûr, que chaque époque a ses goûts, ses modes, et ses ridicules… Dans son Voyage en Ardennes, Liège et Pays-Bas, Pierre Bergeron (vers 1580-1637) fait œuvre de géographe ; il écrit en 1629 :

Spa est dépendant du marquisat de Franchimont, château fort à une lieue de là et appartenant à l’évêque de Liège. Sa situation est telle que parmi les horreurs alpestres de ces Ardennes, entre les rochers, les bois et les torrents, elle n’est point désagréable en la saison d’été, car son habitation étant sinueuse entre les montagnes qui la couvrent presque toute du côté du nord, elle s’élargit un peu vers le midi dont elle tire quelqu’air plus ouvert et plus doux. (…) Ce lieu est un des plus célèbres et fameux de l’Europe pour l’abord de toutes nations, à cause des eaux médicinales qui y sont estimées les meilleures, plus salubres et plus universellement guérissantes qu’en tout autre endroit du monde.

S’il est dans l’esprit du début du XVIIe siècle de voir nos aimables vallées comme des “horreurs alpestres“, il est étonnant de lire le témoignage que le secrétaire de l’ambassadeur de France à Liège, N. Jolivet, écrit en 1783 : “Placé dans un entonnoir, c’est un four pendant l’été et une glacière au moindre froid. (…) À moins d’être attiré à Spa par le jeu, les femmes ou la santé, on doit s’y ennuyer au bout de vingt-quatre heures. C’est ce que j’ai éprouvé et bien des honnêtes avec moi. Hâtons-nous d’en sortir.” Parions que ce Jolivet était un grincheux !

En effet, depuis la visite du tsar Pierre le Grand en 1717, la réputation de Spa n’a cessé de grandir tout au long du siècle et, dans ces dernières années de l’Ancien Régime, la gloire de la cité est à son apogée. Elle recevra d’ailleurs les plus grands personnages du temps (une peinture monumentale, Le livre d’or, le rappelle au Pouhon Pierre le Grand). La Révolution et ses bouleversements sociaux sont néfastes à Spa comme à tous les lieux de plaisir chers à l’ancienne élite. Napoléon boude la cité, coupable à ses yeux d’être trop anglophile. Spa ne retrouve un nouveau souffle que sous le règne de Guillaume Ier. Le souverain des Pays-Bas entend gâter ses nouveaux sujets spadois en offrant à leur ville un visage rajeuni.

Pourtant Fenimore Cooper (1789-1851) note en 1832 : “La gloire de Spa s’est évanouie !” Le jugement de l’auteur du Dernier des Mohicans est sans doute beaucoup trop sévère. D’ailleurs l’écrivain et journaliste parisien Jules Janin (1804-1874) brosse de la cité des Bobelins en 1839, un tableau tout différent : “À Spa, la vie se passe au grand air, à cheval, à pied, en voiture, en causerie, en douce flânerie. On a un jour de plus, c’est vrai, mais un jour si léger à porter ! Ce qu’on fait durant vingt-quatre heures, on l’ignore et c’est tout dire. Les malades? A Spa, il n’y a que des gens qui sont guéris. Les belles malades viennent se guérir par le bal, d’avoir trop dansé l’hiver, par le chant, d’avoir trop chanté ; il leur est permis, que dis-je permis ? il leur est ordonné de se faire belles, parées, souriantes. On boit trois petits verres d’eau, on se promène pour se délasser du cheval, on monte à cheval pour se reposer de la voiture ; le spectacle est le bienvenu après le bal, le bal est l’avant-coureur du concert.

À la suite de Jules Janin, vivons donc notr séjour spadois “au grand air” et découvrons la cité “à cheval, à pied, en voiture“… ou en VTT.

CHASSE AUX FANTÔMES D’ECRIVAINS DANS LES RUES DE SPA 

L’Office du tourisme

Cette promenade pédestre parcourt les rues du centre et fait la part belle aux grands visiteurs d’antan. Le circuit, qui peut êt rebouclé en une bonne heure, prend son départ devant l’Office du Tourisme.

La Place verte

Traverser la rue Royale pour rejoindre la place du Monument ; emprunter son trottoir de droite jusqu’au pied de la rue Albin Body ; laisser celle-ci sur la droite et suivre le côté droit de la place Verte.

L’Hôtel de Portugal (prop. Thonart), la rue Neuve et la place du Monument en 1955 © Collection privée

L’immeuble n°25, actuellement occupé par un traiteur, a abrité auparavant une librairie tenue par le poète Henri Falaise (1948-1999). L’écume des jours a ainsi vu se succéder dans ses rayons des “bouquineurs” et écrivains du cru, comme le poète Jean-Luc Godard (1946), le nouvelliste Ugo Crespini (1955), le poète et collagiste André Stas (1949-2023) ou encore l’inclassable “dessinateur littéraire” qu’est Roland Breucker.

Les jardins du Casino

Traverser la place pour prendre, à gauche, la rue Servais ; dépasser la rue de la Poste puis, à la hauteur de la rue Léopold, emprunter à gauche le square ménagé entre le bâtiment des Bains et celui du Casino ; descendre les escaliers qui mènent aux jardins du Casino. À votre droite, au-delà de la bibliothèque communale, se dressent les bâtiments néoclassiques du casino, qui remplacent des édifices antérieurs. La Redoute, toute première salle de jeux au monde, a été inaugurée ici en 1764.

Le casino de Spa © wikimapia

Le prince Charles-Joseph de Ligne (1735-1814) évoque avec une irrésistible drôlerie le public qui fréquente la Redoute : “J’arrive dans une grande salle où je vois des manchots faire les beaux bras, des boiteux faire la belle jambe ; des noms, des titres et des visages ridicules ; des animaux amphibies de l’Eglise et du monde sauter ou courir une colonne anglaise ; des milords hypocondres se promener tristement ; des filles de Paris entrer avec de grands éclats de rire, pour qu’on les croie aimables et à leur aise, mais espérant par là le devenir ; des jeunes gens de tous les pays, se croyant et faisant les Anglais, parlant les dents serrées et mis en palefreniers, cheveux ronds, noirs et crasseux, et deux barbes de juif qui enferment de sales oreilles ; des évêques français avec leurs nièces ; (…) des Hollandais cherchant dans les gazettes le cours du change ; trente soi-disant chevaliers de Malte ; (…) quelques princes incognito, qui ne feraient pas plus d’effet sous leur vrai nom ; quelques vieux généraux et officiers retirés pour des blessures qu’ils n’ont jamais eues ; quelques princesses russes avec leurs médecins ; et palatines ou castillanes, avec leur jeune aumônier ; des Américains ; des bourgmestres de tous les environs ; des échappés de toutes les prisons d’Europe ; des charlatans de tous les genres ; des aventuriers de toutes les espèces. (…) Tout cela s’appelait un déjeuner dansant.”

En 1859, le journaliste socialiste français, Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) fait preuve de plus de sévérité mais de moins d’humour lorsqu’il évoque les clients de la Redoute : “Le soir, on fait un tour à ce qui s’appelle la Redoute. On lit les journaux, on joue, et l’on danse. Je ne danse ni ne joue, et je n’ai guère envie de lire : cette Redoute me déplaît. Tout ce monde équivoque, ce luxe, cet étalage d’or, me scandalise.”

Douze années auparavant, Victor Hugo se montrait déjà aussi critique à l’égard de certains curistes mondains qui s’amusaient à d’autres jeux que celui de la roulette :

Voici quels sont, en cet an 1847, les plaisirs des baigneurs riches, nobles, élégants, intelligents, spirituels, généreux et distingués de Spa :
1′ Emplir un baquet d’eau, y jeter une pièce de vingt sous, appeler un enfant pauvre, et lui dire : Je te donne cette pièce si tu la prends avec les dents. L’enfant plonge sa tête dans l’eau, y étouffe, y étrangle, sort tout mouillé et tout grelottant avec la pièce d’argent dans sa bouche, et l’on rit. C’est charmant.
2′ Prendre un porc, lui graisser la queue, et parier à qui la tiendra le plus longtemps dans ses mains, le porc tirant de son côté, le gentilhomme du sien. Dix louis, vingt louis, cent louis.
On passe des journées à ces choses. Cependant la vieille Europe s’écroule, les jacqueries germent entre les fentes et les lézardes du vieil ordre social ; demain est sombre, et les riches sont en question dans ce siècle comme les nobles dans le siècle dernier.

Le Pouhon Pierre le Grand

Emprunter la rue Royale vers la droite jusqu’au Pouhon Pierre le Grand.

Le Pouhon est au milieu du village dans la grande place et est environné d’un beau marbre, avec des sièges de pierre à l’entour, et est toujours rempli suffisamment pour tous ceux qui en veulent boire…

Érigé en 1820, l’édifice décrit par Fenimore Cooper a été remplacé par le Pouhon actuel en 1880. Pénétrez dans le pavillon octogonal et imitez les curistes d’antan : goûtez chaque source spadoise ! Chacune a son goût propre, sa personnalité…

Le Livre d’or de Spa © sparealites.be

L’ancien jardin d’hiver abrite Le livre d’or, une imposante peinture (1894) d’Antoine Fontaine qui représente une centaine d’hôtes illustres parmi lesquels Grimm, Fabre d’Eglantine et Alexandre Dumas, Monteverdi, Gretry et Liszt, sans parler des empereurs, des rois et des puissants d’un moment.

La rue Schaltin

Tourner le dos au Pouhon et monter la rue Schaltin. Cette rue porte le nom d’un médecin dont le père, pharmacien, avait créé le fameux Elixir de Spa -que l’on peut encore savourer aujourd’hui.

L’actuelle église Notre-Dame et Saint-Remacle a été construite en 1885 dans le style roman-rhénan. Elle abrite un haut-relief de Jean del Cour et une remarquable statue du XVème siècle représentant saint Remacle.

En face de l’église, à l’endroit de l’actuelle place Achille Salée, se dressait jusqu’au début du XXème siècle l’hôtel de Flandre qui hébergea Fontenelle, Franz Liszt ou encore Jules Janin.

(Si vous vous sentez en jambes, nous vous conseillons de monter, en un rapide aller-retour, jusqu’au Waux-Hall, sinon sautez le paragraphe suivant et continuez la promenade)

Le Waux-Hall

Dans le prolongement de la rue Schaltin, la rue du Waux-Hall puis la rue de la Géronstère montent jusqu’au Waux-Hall. Cet imposant édifice (qui abrite aujourd’hui le musée de la Lessive) a servi de salle de jeux dès 1770. Le Waux-Hall connaît aussitôt le succès comme casino, mais on y organise aussi bals et concerts. Toutefois, lorsque Fenimore Cooper s’y rend en 1832, l’éclat des lieux est déjà terni :

Le Waux-Hall est un ancien lieu de réjouissances, flanqué au loin dans les champs, désert et désolé, par suite de la concurrence d’un édifice rival de création plus récente. Les dimensions et le style de ces constructions donnent une idée de la gaieté et de la magnificence anciennes de Spa ; quoique le seul usage de l’une de ces bâtisses soit de fournir maintenant une salle à un prêtre protestant pour y prêcher le dimanche.

La rue Xhrouet

Redescendre jusqu’à la place Achille Salée puis tourner à droite en marchant sur le trottoir de droite de la rue Xhrouet. Nous longeons de belles façades d’anciens hôtels. Ainsi, l’actuelle Académie de Musique remplace les hôtels de Spa puis d’York qui ont hébergé la tragédienne Mlle Mars, le roi de Prusse Frédéric Guillaume III, Disraeli ou Charles Rogier.

La rue de la Sauvenière

Poursuivre le surplomb jusqu’au pied de la rue de la Sauvenière. On aperçoit, plus avant sur le côté gauche de la rue de la Sauvenière, le bâtiment de l’ancien hôtel Britannique (qui abrite aujourd’hui l’internat de l’athénée royal). Le kaiser Guillaume II y installa son Grand Quartier Général en février 1918. L’hôtel connaîtra un sort similaire en 1944, comme le raconte Bernard Gheur dans Le lieutenant souriant.

La rue Entre-les-Ponts

Descendre, à gauche, la rue Rogier puis emprunter, à droite, la rue Entre les Ponts. Au n° 20, dans une maison qui portait jadis l’enseigne de L’espinette, a logé et aimé un grand séducteur… Casanova rapporte son séjour spadois en 1783 dans son Histoire de ma vie :

À la promenade du matin, je me suis mis en compagnie de quelqu’un qui m’informa de toutes les beautés féminines que nous y vîmes. La quantité de filles aventurières qui se trouve à Spa dans la saison des eaux est incroyable, elles y vont toutes croyant de faire fortune, et elles restent toutes attrapées. La circulation de l’argent y est étonnante, mais toute entre joueurs et marchands. Les traiteurs, les aubergistes, les marchands de vins, et les usu-riers en absorbent une grande partie, et les filles ne se voient réduites qu’à des passades. La passion du jeu est plus forte que celle de la galanterie ; le joueur à Spa n’a pas le temps de s’arrêter à considérer le mérite d’une fille, ni le courage de lui faire des sacrifices. (…) Tout cet argent sort de la poche des dupes qui courent s’abîmer dans ce trou nommé Spa de quatre cents lieues à la ronde. Celui d’y aller prendre les eaux est généralement un prétexte. On n’y va que pour des affaires, pour des intrigues, pour jouer, pour faire l’amour, et pour espionner aussi. Un très petit nombre d’honnêtes gens y va pour s’amuser, ou pour se reposer des peines que son emploi lui donne toute l’année dans l’endroit de sa résidence.

La rue du Marché

À l’extrémité de la rue Entre-les-Ponts, tourner à gauche dans la rue du Marché. L’ancien vinâve du marché a vu défiler dans ses auberges et ses hôtels de nombreuses personnalités, comme une plaque le rappelle sur la façade du n° 62, ou comme à l’ancien Lion d’Or (n° 60) où logèrent Alfieri, Fragonard ou Grimm. Plus loin, Le Cornet (n °22 et 24, derrière une maison Art Nouveau) a accueilli dès 1760 le Club Anglais et des hôtes tels le roi d’Angleterre Charles II, le duc Cosme de Medicis, Mirabeau, Meyerbeer… À l’autre coin de la même rue, une plaque rappelle la venue de Victor Hugo. En face, sur la petite place devant le Pouhon, une fontaine publique dite Aux armes d’Autriche (photo) débite l’eau ferrugineuse et carbogazeuse de la source Marie-Henriette (goûtez-la aussi !).

La place du Perron

Tourner à droite dans la rue de la Promenade de Quatre Heures ; poursuivre jusqu’à la place du Perron. Comme dans toutes cités de la principauté de Liège, le perron qui se dresse en face de l’hôtel de ville est le symbole des franchises communales. Il a été érigé à la fin du XVIe siècle.

Le bâtiment Régence qui abrite aujourd’hui les services communaux a connu plusieurs affectations. Comme hôtel, il a reçu le prince de Hesse et la Famille royale des Pays-Bas. Le père de John Cockerill en avait fait sa résidence en 1813 (les parents du grand industriel sont tous deux inhumés au cimetière de Spa).

À l’autre extrémité de la place, la pyramide de verre abrite la source Prince de Condé (n’oubliez pas de la goûter).

La rue de l’Hôtel de ville

Emprunter la rue de l’Hôtel de Ville. Sur le même trottoir que la maison communale, la maison qui porte le n° 36 a hébergé en juillet 1899 Angéliska de Kostrowitzky, la mère de Guillaume Apollinaire (plaque commémorative sur la façade). Bien qu’elle soit venue à Spa pour y chercher fortune et bonnes fortunes, elle n’est restée ici que quelques jours car elle n’avait pu obtenir l’autorisation de fréquenter les salles de jeux. Il semble qu’Apollinaire et son frère lui aient rendu visite dans cette maison.

La rue Delhasse (où a grandi l’éditeur responsable de wallonica !)

Emprunter, à droite, la rue Dagly puis, à gauche, la rue Delhasse. Le n°20 (à droite, au carrefour) est l’ancien hôtel d’Irlande où sont descendus Cooper et Proudhon. L’auteur du Dernier des Mohicans avait ajouté fièrement à sa signature sur le registre de la maison : Citoyen des États-Unis d’Amérique.

La place Royale

Suivre l’esplanade de la place Royale. À gauche, l’ensemble formé par les bâtiment des Bains et du Casino ne manque pas de charme. Nelly Kristink évoque le même endroit – mais au début du XIXème siècle ! – dans son roman La Rose et le Rosier :

Nous nous trouvâmes libres, vers cinq heures, face aux petits chevaux de la place Royale qui attendent là les amateurs du classique tour des fontaines et qui secouent leurs pompons rouges d’un air si résigné de vieux habitués. Devant le théâtre de la Redoute, nous nous amusâmes à lire l’affiche du sieur Dubocage annonçant la reprise du Grand Deuil de Berton et de la Fausse Magie de Grétry avec Madame Cardinal. Au-dessous on avait ajouté à la plume : “Nous sommes en mesure d’affirmer que Talma jouera ici Brutus, en septembre prochain“. Une main facétieuse avait changé Brutus en Brutes, au crayon rouge, et dessiné en marge un bonnet phrygien…

Alain van Crugten, lui, imagine la place Royale comme le cœur d’une vraie station de montagne dans Spa si beau, un roman récent aussi drôle que décapant.

Les débutants et les inexpérimentés font la queue de l’autre côté de la Place Royale, à la station inférieure du chemin de fer à crémaillère qui gravit la Montagne d’Annette et Lubin, où l’on ne trouve que les pistes bleues des familles. Les autres montent à pied dans l’autre sens, vers le sud, ou font quatre arrêts d’autobus jusqu’au téléphérique du Signal de Botrange. (…)
Jackson se promène (…) sur la route de la crête, partant d’Annette et Lubin. Il fixe des peaux de phoque à ses skis de randonnée et s’en va par combes et ravines…

Le parc de Sept Heures

Se diriger vers l’extrémité de la place Royale ; dépasser par la droite l’Office du Tourisme et pénétrer dansJ le Parc de Sept Heures par son allée centrale. La scène décrite par Nelly Kristink dans La Rose et le Rosier se déroule au  début du XIXe siècle, pendant la visite de la princesse Pauline, une des sœurs de Napoléon Ier :

Nous demeurâmes là, debout, près du chandelon, et le soleil qui déclinait fardait de lilas les massifs d’hortensias qui ornaient l’entrée de l’avenue. Des voitures découvertes commençaient à défiler et les piétons s’écartaient pour les laisser passer. On se saluait au passage. Les dames, sous leurs ombrelles de dentelle, portaient des toilettes claires. Un joueur de tours vint dérouler son tapis vert au pied d’un orme, suivi bientôt par un marchand de “bergamotes”, remplies de grains d’anis, de fenouil ou de coriandre que les buveurs de pouhon ne manquent jamais de mâcher après avoir ingurigté leurs verres d’eau. L’animation grandissait à vue d’œil et notre ami, pris de fièvre, se mit à appeler les chalands d’une voix aiguë, quand un ruban d’attelages apparut soudain à l’extrémité de la rue Royale. Il y eut un brouhaha.
-La voilà, la voilà, s’écria le chandelon en agitant son chapeau à bout de bras.
Trot des chevaux, crissements des roues, éclat des carrosseries, acclamations, sourires de femmes parées… tout cela passa comme un flot étincelant et s’évanouit dans un halo de poussière dorée.
– Qui est-ce ? demanda Marceline.
– La Princesse Pauline, répondit le vieux, et il aspira une goulée d’air.

Combien d’écrivains, de musiciens, d’artiste ont rêvé sous ces arbres ou flâné sous la galerie Léopold II ? Quelques monuments commémoratifs se dressent dans le parc, dont celui de Léon Dommartin, alias Jean d’Ardenne (1839-1919). Né à Spa, journaliste dans sa ville puis à Paris, il fut aussi un écrivain soucieux de sa région natale et connut la notoriété avec L’Ardenne.

La colline qui domine le parc au nord (à votre droite) est parcourue, comme tous les coteaux boisés alentour de promenades aménagées et balisées. En 1832, Fenimore Cooper salue ce souci d’accueil du curiste :

Une dépense insignifiante a doté la rude colline surplombant Spa, couverte surtout de sapins, d’une succession de belles promenades. Des sentiers serpentent à travers ce taillis, d’agréables surprises y sont ménagées aux étrangers, et l’on trouve à tous les plus beaux points de vue des bancs et des pavillons. L’un de ceux-ci, couvert par un abri protecteur de température, a un nom qui nous amusait beaucoup, quoique bien approprié à sa forme. On l’appelait le Champignon. C’était, en effet, une espèce de parasol en bois, ressemblant à ceux que les Françaises des halles ont dans les rues de Paris et qu’elles appellent, dans leur langage plus sentimental et plus imaginatif, un Robinson en l’honneur de Robinson Crusoë.

Le sommet de cette colline s’appelle Annette et Lubin» en référence au conte de Marmontel (1723-1799). Lorsque l’écrivain français s’inspire d’un fait divers local pour écrire son Annette et Lubin, histoire véritable, il n’est pas encore venu à Spa. Il a donc adapté assez librement l’anecdote : un frère et une sœur, élevés en sauvageons, ont un enfant de leurs amours innocentes, ce qui ne manque pas de scandaliser les autorités locales et… d’enchanter la belle société parisienne, sensible au mythe du bon sauvage, alors à la mode.

L’avenue Reine Astrid

Au fond du parc, emprunter la rue Hanster vers la gauche puis l’avenue  Reine Astrid vers la droite. Juste après une librairie musicale s’élèvent les bâtiments de l’ancienne Villa Royale. La reine Marie-Henriette, épouse de Léopold II y a vécu de 1884 à sa mort, en 1902. Aujourd’hui elle abrite le musée de la ville d’eaux et ses écuries ont été aménagées en musée du cheval.

Le musée de la ville d’eaux

La visite du musée de la ville d’eaux est particulièrement éclairante si l’on veut vraiment comprendre la vie des curistes d’antan. De plus, une riche collection de jolités de Spa – boîtes et objets de bois peint – illustre bien l’importance artistique et économique de cet artisanat local depuis le XVIIème siècle. Fenimore Cooper l’atteste dans ses notes de voyage :

Nous visitions les magasins, admirant et achetant les belles boîtes et ornements connus sous le nom d’ouvrages de Spa. Ce sont des objets faits avec le bois du pays, colorés par un dépôt de quelque temps dans l’eau d’une source, puis très bien peints et vernis. Des ouvrages similaires sont faits dans d’autres endroits, mais nulle part aussi bien qu’ici.

Dans Spa, ville pétillante, Pascale Panis raconte une anecdote “littéraire” qui illustre bien la célébrité des Jolités au XIX’ siècle. Ainsi, George Sandtentera de gagner sa vie en confectionnant des objets en bois de Spa. Elle n’y consacra pas moins de quatre années de sa vie !

La gare

En face de la Villa Royale, la rue de la Gare mène évidemment à la station. Longtemps, la plupart des hôtes de Spa arrivaient et repartaient par cette gare. L’un des moins sympathiques est sûrement le Kaiser, qui y prend le train juste après son abdication.

C’est aussi dans cette gare que le cinéaste André Delvaux a tourné en 1973 une scène célèbre de son film Belle. Cette scène, où l’on voyait la belle Adriana Bogdan, de dos et nue, était reprise sur l’affiche du film.

Le tour des fontaines à cheval, à vélo ou… en VTT

Cette promenade, longue d’une douzaine de kilomètres, peut tout autant être parcourue en voiture puisqu’elle emprunte des chemins asphaltés sur tout l’itinéraire. Le Tour des Fontaines, qui emmène le promeneur à la découverte des principales sources situées sur le versant méridional, est une vieille classique spadoise. En 1629 déjà, Pierre Bergeron évoque les étapes obligées du parfait curiste :

Entre plusieurs fontaines qui sont à Spa et aux environs, il y en a quatre principales et plus remarquables, à savoir : Pouhon, Sauvenier ou Savinière, Geronster et Tonnelet, dont les premières sont les plus usitées et hantées.

Deux siècles plus tard, Fenimore Cooper nous montre l’exemple :

Nous louâmes de petits chevaux ardennais qui paradaient continuellement dans les rues, conduits par des paysans en blouse, et nous fîmes ainsi quelques excursions dans les environs. Quelquefois, nous faisions ce qu’on appelle le Tour des Fontaines. Il y en a plusieurs, différentes les unes des autres par leurs propriétés médicales, et dont une seulement se trouve dans le village même, les autres étant à une distance d’un mille au plus.

Depuis l’Office du Tourisme, place Royale, emprunter, via la place Verte, la route de Barisart pendant deux petits kilomètres. Après avoir traversé la ville puis longé des villas, la route pénètre dans la forêt. Peu après, le pavillon de la source de Barisart apparaît sur la droite.

Continuer la montée pendant trois kilomètres ; trois virages en épingle à cheveux, une première route à gauche que l’on néglige puis, au second carrefour, s’arrêter à la hauteur du grand parking à droite. La source de la Géronstère se trouve devant l’auberge, en contrebas du parking.

Geronster est une autre fontaine à une bonne lieue de Spa, tirant vers le midi en montant, et au milieu des rochers et des bois, en un endroit assez désert, mal accommodé et peu accessible, pour être comme cachée entre de forts buissons et halliers. Celle-là est peu hantée pour être tenue plus violente et trop forte.

Si, au XVII’ siècle, Pierre Bergeron la tient pour peu fréquentée, un siècle plus tard, Jolivet signale sa célébrité et sa forte personnalité :

Pour la Géronstère qui est la plus fameuse, il est impossible de la boire qu’à la fontaine même. L’impression de l’air la plus légère lui fait perdre de sa qualité. Elle a le goût d’œufs absolument pourris.

Pour vous faire un avis personnel, il vous reste à la goûter !

Le musée de la forêt

La route qui continue à grimper conduit à l’ancienne ferme de Bérinzenne, qui se trouve aux abords immédiats de la Fagne de Malchamps. Aujourd’hui, Bérinzenne est devenu un intéressant musée de la Forêt. L’endroit a aussi donné son nom à un roman de Henri Davignon, intitulé simplement Bérinzenne.

La tour d’observation de Berinzenne aujourd’hui © baroudeursliegeois.com
La Sauvenière

Au sortir du chemin de la Géronstère, emprunter, juste en face, la route toute droite conduisant en trois kilomètres à la Sauvenière. Les sources se trouvent à droite de l’auberge, sous une galerie. Un neveu de l’historien florentin Guichardin, Ludovico Guicciardini (1521-1589), visitant la région en 1567, lui prête pas mal de vertus médicinales :

La plus estimée, certaine et universelle de toutes s’appelle Sauvenière, située sur un haut mont, laquelle guérit principalement de la fièvre tierce, du mal d’hydropisie, de la gravelle et de l’étique, nettoie l’estomac et rafraîchit le foie, dont fait très grand service à la goutte sciatique et aux autres gouttes d’espèce chaude. Elle a aucunement le goût du fer, toutefois ne se sent sinon après l’avoir avalée. (…) Ainsi cette eau, comme on peut voir, se conforme fort bien avec celle dont Pline fait mention…

Aujourd’hui encore, une coutume conduit les jeunes femmes qui souhaitent être enceinte à mettre le pied dans l’empreinte dite de saint Remacle, dont on peut voir la marque dans une dalle de pierre, à côté de la Sauvenière.

En 1619, Pierre Bergeron n’a pas connu l’aménagement actuel, mais il évoque déjà le fameux pied du saint ardennais :

La Sauvenier ou Savinière a sa source sur une montagne ou coteau, à une demi-lieue en environ de Spa, et sort des fentes et crevasses d’un rocher penchant. Le vase qui la reçoit est naturel et sans artifice quelconque et est bientôt épuisé pour sa petitesse. Le lieu est désert et affreux, encore qu’environné d’arbres parmi les rochers (…) A côté de cette fontaine, il y a une chapelle où en se retire pour se chauffer et boire à couvert, au. moins les dames. Tout contre le bassin où cette eau sourd est un endroit de rocher où il y a un trou en forme de pied, dans lequel ceux du lieu disent que si les femmes stériles y mettent le pied, elles deviennent fécondes et appellent cela le trou de saint Remacle, patron de Spa et jadis évêque de Liège.

Au milieu du XVIIème siècle, un autre pouhon a été édifié non loin par le baron de Gœsbeek et porte son nom. Comparez donc le goût des deux sources.

Le domaine du Neubois

Empruntez la petite route qui descend à droite juste après le bâtiment de la Sauvenière. Arrivé à l’orée de la forêt. au premier carrefour de plusieurs chemins, l’itinéraire continue tout droit. Jetez toutefois un coup d’œil en direction du domaine du Neubois (à gauche). C’est là que l’empereur Guillaume II a résidé en 1918.

La fontaine du Tonnelet

Poursuivre tout droit au carrefour suivant ; la fontaine du Tonnelet se trouve à l’extérieur du premier large virage à gauche. Vieille de trois siècles, la description que Pierre Bergeron donne de l’endroit ne correspond évidemment plus, encore que le curieux bâtiment actuel évoque bien un tonneau :

Le Tonnelet est à une petite demi-lieue en montant un peu vers l’orient, et une plaine assez étendue et marécageuse (…) Elle prend son nom à cause qu’elle est comprise dans un grand vaisseau de bois en forme de tonne. Son eau est la plus claire et argentine de toutes et la plus fraîche aussi en été.

Toujours à propos de cette source, comment ne pas citer Jolivet, dont les conseils médicaux ne manquent pas d’originalité :

On prend du Tonnelet des bains froids ; mais il faut avoir grand soin de s’y plonger la tête la première, autrement le froid refoulerait le sang vers la tête et ce ne serait pas sans un grand danger.

Continuer la route du Tonnelet puis descendre, à droite, la route de la Sauvenière pour rentrer au centre de Spa.

EN AVAL DE SPA JUSQU’À LA VESDRE

De Spa à Theux, la route (N62) suit le cours du Wayai dans une étroite vallée entourée de collines. Plusieurs auteurs ont jadis évoqué les ‘montagnes’ spadoises avec une grandiloquence certaine. Fenimore Cooper rend au mot sa vraie valeur :

S’il y avait une montagne, Spa devrait se trouver à ses pieds. Il y a certainement des collines hautes et accidentées, mais dans son ensemble, la région est simplement montueuse.

Winanplanche

Au bout de l’avenue de Marteau, une bifurcation mène au hameau de Winanplanche. Un de ses habitants n’est autre que Didier Comès. Né en 1942 à Sourbrodt, village mi-wallon mi-germanophone des Hautes Fagnes, Comès est sans doute plus un romancier en images qu’un bédéiste. Son œuvre – et particulièrement des titres comme Silence ou La Belette – est très influencée par ‘l’ardennitude’.

Cette trop brève évocation de Comès est l’occasion de citer d’autres noms dans une région riche en créateurs de bandes dessinées et en illustrateurs. Ainsi, dans un court rayon, nous pouvons rencontrer Marie-José Sacré et Guy Counhaye à Spa, le Chlorophylle et la Sybilline de Raymond Macherot à Polleur, la Prudence Petitpas de Maurice Maréchal à Theux, le Bobo de Paul Deliège à Olne, ou encore tout le bestiaire de René Hausman à Verviers.

Ruines de Franchimont

Les ruines de Franchimont se dressent au confluent du Wayai et de la Hoëgne. La construction du château date du XIème siècle. Juste Lipse l’admire en 1595 et Walter Scott l’évoque en 1810 :

The towers of Franchimont
Which, like an eagle’s nest in air
Hang over the stream and hamlet fair

Theux

Toute proche, la vieille cité de Theux possède une magnifique église-halle romane de la fin du XIème siècle, dédiée aux saints Hermès et Alexandre. Juste Lipse s’arrête à Theux pour y passer une nuit de juin 1595 :

Teu est assez grand et presque semblable à une petite ville, riche en habitants et en habitations. Il nous plut et nous nous y vîmes en parfaite sûreté. Nous soupons, nous dormons et nous nous rendons le matin à l’église.

En aval de Theux, la Hoëgne suit la route (N630) jusqu’à Pepinster où elle se jette dans la Vesdre. Remontons maintenant jusqu’à sa source.

Eupen

La Vesdre naît sur le plateau des Hautes Fagnes. Sauvage dans son cours supérieur, elle est assagie par le barrage d’Eupen avant de rejoindre le cœur de notre belle capitale germanophone.

Pourtant, ce n’est ni pour les charmes touristiques d’Eupen, ni pour son célèbre carnaval que le poète Christian Dotremont (1922-1979) y a séjourné plusieurs mois, mais pour son sanatorium universitaire, où il est admis le 21 juillet 1953. Souffrant de tuberculose, il se plaint pourtant à sa mère de ne plus pouvoir y fumer : “L’interdiction de fumer est désastreuse pour la santé”, lui écrit-il. Par contre, il apprécie ses compagnons d’infortune et la bibliothèque du sana :

Les malades sont pour la plupart des étudiants sages et ordonnés – il n’y a pas le moindre esprit de fronde. La bibliothèque est remarquable et je lis un livre par jour (Heidegger, Kierkegaard, poésie chinoise, etc.). Je sortirai d’ici drôlement cultivé.

Le 4 octobre, son ami Alechinsky vient à Eupen lui rendre visite. Deux jours plus tard, Dotremont lui écrit : “Ta visite-miracle a été merveilleuse, je me suis pendant deux heures ressenti moi-même, et cela m’aide et m’a beau-coup aidé.” Peu à peu, l’inventeur de CoBrA – comme le surnomme Françoise Lalande dans sa lumineuse biographie – retrouve son énergie. Il note : “Je suis bourré d’idées, dans mon alcôve – et je voudrais conquérir Paris.” En attendant, il écrit son roman La Pierre et l’Oreiller. Le 2 décembre 1953, Christian Dotremont quitte Eupen, un manuscrit sous le bras. Le lendemain, il est à Paris. L’ancien sanatorium universitaire était installé dans les bâtiments qu’occupe aujourd’hui la maison de convalescence Kneipp, au 6 de la Simarstrasse.

Au sortir, d’Eupen, la Vesdre borde la limite septentrionale de l’Hertogenwald, une des plus grandes forêts du royaume. En aval, c’est la capitale d’un ancien duché qu’elle arrose.

Limbourg

Ville miniature, perchée et perdue dans les temps anciens, Limbourg ne manque pas de charmes, avec sa place médiévale et son église gothique. Henri Davignon (1879-1964) la célèbre dans son roman L’Ardennaise :

La ville de Limbourg, assise sur les rochers qui dominent la vallée de la Vesdre, semble une retardataire dans le mouvement qui précipite gens et maisons aux centres de l’activité industrielle. Elle n’est plus qu’un groupe d’habitations silencieuses autour d’une place mal pavée où se profile l’ombre d’un clocher vétuste. Et toute sa fierté s’est réfugiée dans le prestige de son antique église.

Sur le versant sud de la rivière, au-delà du hameau de Hévremont, le château de la Louveterie et les forêts qui s’étendent jusqu’au lac de la Gileppe ont servi de cadre à deux romans d’Alphonse Noël, La malebête et La chèvre rouge.

Verviers

Verviers aussi a été une capitale, celle de la laine, et la ville a connu la prospérité, comme en témoignent son Grand-Théâtre et certains de ses édifices. Son nom reste attaché à une grande réputation musicale : Henri Vieutemps, Guillaume Lekeu y ont vu le jour. Mais ses peintres (le mouvement des Intimistes verviétois mériterait une éclatante reconnaissance à la suite des essais que leur ont consacré André Blavier et Georges Schmits) et ses écrivains ne sont pas en reste. Il suffit, pour s’en convaincre, de citer presque au hasard et à la diable, les noms de Christian Beck ou d’André Blavier, sur lesquels nous allons revenir, ou ceux des historiens Henri Pirenne et Luc Hommel, des dialectologues Jules Feller et Jean Haust, des poètes Albert Bonjean, Adolphe Hardy (Musée A. Hardy à Dison). Lucien Christophe, Maurice Quoilin, le fondateur de la revue L’Avant-Poste, Maurice Beerblock, le traducteur de Jérôme K. Jérôme, ou encore de Henri-Jacques Proumen, pionnier du roman de science-fiction… Tous Verviétois !

De plus, la ville a été longtemps associé e à la silhouette d’un curieux oiseau qui a fait le tour du monde : Marabout. Dans l’immédiat après-guerre, André Gérard développa à Verviers une aventure éditoriale étonnante en “inventant” le livre de poche en français – avant Paris ! – puis en lançant avec succès nombre de collections de romans populaires (l’écrivain Jean-Baptiste Baronian en dirigea plusieurs) et pour la jeunesse. Faut-il rappeler les Marabout-Junior puis les Marabout-Pocket et leur inusable Bob Morane, de Henri Vernes ; ou les Marabout-Mademoiselle, avec la Sylvie du Verviétois René-Philippe Fouya ?

La place du Marché

C’est place du Marché – ou dans certains bistrots de la ville ! – qu’il faut évoquer le plus ‘littéraire’ des bibliothécaires. En tournant le dos au bel hôtel de ville du XVIIIème siècle, on découvre la façade de la bibliothèque principale. André Blavier (1922-2001) y a officié une partie de sa carrière. Aujourd’hui, elle abrite aussi le Centre de Documentation Raymond Queneau.

En effet, grâce à l’amitié qui liait le père de Zazie et l’ancien bibliothécaire, Verviers a pu accueillir les archives de l’écrivain parisien. Blavier écrit dans La roupie de cent sonnets :

Sous l’œil tangentiel de meussieu de Blavier
Lifrelofre obscurci dont fronce le sourcil
Omniscient. Ce bibliothécaire en somme,
Chauve, grêlé, constrit, bancal, crétin,
n’est-il
Une encyclopédie en un seul petit
homme ?

Peut-on définir Blavier ? Oulipien, membre du Collège de Pataphysique, ami de Queneau, fondateur de la revue Temps Mêlés, bibliographe, poète, dramaturge pour marionnettes, critique d’art… Il a publié, parmi des centaines d’articles, plaquettes et monographies, Occupe-toi d’homélies et un essai presque mythique, Les fous littéraires.

André Blavier © DP

André Blavier a aussi tiré de l’oubli un personnage aussi multiple que mystérieux. En octobre 1965, Blavier organise à Verviers des Journées Christian Beck. Cet écrivain, né à Verviers en 1879, est si méconnu que certains édiles croient d’abord à un canular de leur facétieux bibliothécaire ! Ils sont bientôt détrompés en constatant la présence, à la séance inaugurale, de Marcel Thiry, Secrétaire perpétuel de l’Académie Royale, de Michel Décaudin, professeur à la Sorbonne, ou de Béatrix Beck, fille de Christian et Prix Goncourt 1952 pour son roman Léon Morin, prêtre. Il faut dire que Christian Beck a quitté dès l’âge de seize ans sa ville natale pour Paris. Là, il fréquente Maeterlinck, Claudel, Francis Jammes, Charles-Louis Philippe. Il devient le nègre de Willy, le familier de Gide (qui en fait le personnage de Bercail dans Les faux monnayeurs) et l’ami d’Alfred Jarry. Dans son Ubu Roi, Jarry met Beck en scène sous les traits lunaires de Bosse de Nage. On connaît mal la bibliographie de Christian Beck, qui publia souvent sous des pseudonymes. Albert Mockel tenait Le papillon, journal d’un romantique pour “l’un des plus beaux livres parmi tous ceux qui se sont épanouis dans nos lettres.” Beck ira encore rendre visite à Tolstoï en Russie… à pied I Il meurt en 1916, âgé de 37 ans.

Pepinster

Après avoir traversé d’anciennes banlieues industrielles, la Vesdre reçoit la Hoëgne à Pepinster. Au-delà de cette localité, la rivière retrouve un peu de son caractère ancien, décrit avec enthousiasme par Victor Hugo durant l’été 1840 :

La Vesdre est une rivière torrent qui descend à travers Verviers et Chauffontaines, jusqu’à Liège, par la plus ravissante vallée qu’il y ait au monde. Dans cette saison, par un jour avec un ciel bleu, c’est quelquefois un ravin, souvent un jardin, toujours un paradis. (…) Entre Chauffontaines et Verviers, la vallée m’apparaissait avec une douceur virgilienne. Il faisait un temps admirable, de charmants marmots jouaient sur le seuil des jardins, le vent des trembles et des peupliers se répandait sur la route, de belles génisses groupées par trois ou quatre se reposaient à l’ombre, gracieu-sement couchées dans les prés verts.

Le château des Mazures

Un kilomètre en aval de Pepinster, la Vesdre longe le château des Mazures et contourne un éperon rocheux surmonté d’une tour ruinée. C’était le domaine familial du vicomte Henri Davignon :

Les Mazures, lieu-dit fort ancien connu sur les plus vieux documents, doivent tout à leur conformité aux choses, à la tradition. Limite géographique de l’Ardenne, le cours de la Vesdre les sépare du versant Nord de la vallée au sommet duquel commence le plateau herbager du pays de Herve… Une pointe de pierre, couverte de taillis, oblige la rivière à une courbe prononcée et met au milieu de la vallée une mince presqu’île que chevauche la tour d’une ruine presque authentique, Le faîte, où nous avons fait flotter un drapeau, est comme suspendu entre ciel et terre. J’ai imaginé d’y passer des jours entiers pendant les mois où je me crus poète. Victor Hugo ne l’a-t-il pas notée (la ruine), en route pour son voyage sur le Rhin, quand la diligence le mena de Chaudfontaine à Verviers ? la fausse ruine semble avoir été mise là exprès pour lui, comme un avant-goût de son inspiration des Burgraves.

Une belle forêt sépare les Mazures de Tancrémont. le sommet du versant sud de la vallée. C’est à Tancrémont que Davignon situe le cadre de son roman Le vieux bon Dieu. Ce vieux bon Dieu de Tancrémont suscite depuis fort longtemps un pèlerinage toujours vivace. La statue vénérée est un exceptionnel christ en bois du XIIème siècle. Elle est exposée dans une petite chapelle que l’on peut rejoindre soit en voiture (route N666 Pepinster-Louveigné), soit à pied depuis l’orée du domaine par de rudes chemins forestiers (carte IGN 42/7-8).

Depuis la chapelle, la route offre un panorama vers la Hoëgne et sa ‘Fenêtre de Theux’. Davignon l’évoque dans son roman Le sens des jours :

La jeune femme se releva ; ses yeux embrassèrent le panorama de la vallée de la Hoëgne, avec les hauts plateaux ardennais, vers l’Allemagne. (…) Dans les creux sombres de la vallée, le brouillard déroulait déjà, au-dessus des maisons de Juslenville, les écharpes grises dont il allait enserrer les flancs de la colline de Rudement. On commençait à ne plus distinguer nettement les ruines du château fort qui protège de ses vaines murailles l’ancien bourg de Franchimont.

La route mène en trois kilomètres à un autre lieu de pèlerinage. “De Banneux à Tancrémont, il n’y a que la distance qui sépare la mère de son fils“, écrit Joseph Delmelle dans Au temps de ma Meuse.

Fraipont

Par Goffontaine et Nessonvaux, reprenons le fil de la Vesdre jusqu’à Fraipont. Juste Lipse (1547-1606) l’évoque dans ses souvenirs de voyage. Poursuivi par des hommes d’armes depuis Theux, il s’y embarque en juin 1595 pour Liège. “Nous fuyons vers les montagnes sous la conduite d’un paysan; puis, de là, au travers des forêts ; enfin nous arrivâmes au village de Fraipont, où se trouve une rivière navigable.”

Le romancier et critique Pierre Pirard (1904-1989) a vécu son enfance à Fraipont, dans une fort modeste maison du Pied du Thier, au bord de la rivière. Longtemps chroniqueur littéraire à La Libre Belgique, ce père assomptionniste a publié plusieurs romans, dont La Saint-Jean d’été, qui a pour cadre son village natal.

À l’entrée de Trooz, peu avant le viaduc du chemin de fer, la Vesdre coule au pied d’un étonnant édifice de style renaissance mosane qui n’a pas échappé à Victor Hugo :

La route ne quitte pas un moment la rivière. Tantôt elles traversent ensemble un heureux village entassé sous les arbres, avec un pont rustique devant chaque porte ; tantôt, dans un pli solitaire du vallon, elles côtoient un vieux château d’échevin avec ses tours carrées, ses hauts toits pointus et sa grande façade percée de quelques rares fenêtres, fier et modeste à la fois comme il convient à un édifice qui tient le milieu entre la chaumière du paysan et le donjon du seigneur.

Jusqu’au confluent avec l’Ourthe à Chênée, c’en est maintenant fini de la vallée virgilienne évoquée par Victor Hugo il y a un siècle et demi. À Chaudfontaine pourtant, la rivière retrouve quelques collines arborées, le temps de saluer celle que Hugo avait surnommée “la violette des villes d’eaux.” Chaudfontaine, connue pour ses sources thermales, a également lié son nom à la première œuvre littéraire importante en liégeois. Il s’agit d’un opéra burlesque écrit par Simon de Harlez (1716-1781) avec J-J Fabry, P-G de Vivario et P-R de Cartier de Marcienne. Li voyèdje di Tchôfontinne a été créé à Liège en 1757 sur une musique de Jean-Noël Hamal.

Christian Libens & Claude Raucy


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : dématérialisation, partage, correction, édition et iconographie | sources : LIBENS C. & RAUCY C., Sur les pas des écrivains en Ardenne (1999) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © DP ; © Collection privée ; © wikimapia ; © sparealites.be ; © baroudeursliegeois.com.

LIEGE : Saint-Jacques, une grande abbaye bénédictine

[d’après CIRCUITDESCOLLEGIALES.BEFondée en 1015 par le prince-évêque Baldéric II, l’abbaye bénédictine de Saint-Jacques joua plusieurs fois un rôle non négligeable dans l’histoire de Liège. Qualifiée parfois d’église communale, les chartes, paix et diplômes de la cité y furent conservés à partir du XIVe siècle. La paix de Saint-Jacques, compilation de lois de la principauté de Liège, y fut signée en 1487. L’avant-corps, construit en grès houiller, fut édifié dans la seconde moitié du XIIe siècle. Dernier vestige de l’église romane, il a perdu ses deux tours qui encadraient le clocheton central encore visible. Le reste de l’édifice fut reconstruit entre 1514 et 1538 dans le style gothique flamboyant. Seules exceptions : le portail, inspiré par la Renaissance italienne et attribué à Lambert Lombard, qui fut érigé en 1558 et le campanile qui fut installé en 1635. Devenue collégiale en 1785, elle fut supprimée à la Révolution, puis fut convertie en église paroissiale après le Concordat. Elle perdit son cloître au XIXe  siècle, dont l’emplacement est aujourd’hui occupé par un petit square. L’entrée dans cette église vaut le détour, ne serait-ce que pour admirer les éléments décoratifs, riches compositions qui illustrent l’exubérance du gothique flamboyant.

Adresse : Place Saint-Jacques, 8 à 4000 Liège

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UNE GRANDE ABBAYE BÉNÉDICTINE

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La pointe méridionale de l’Ile, baignée par les bras de la Meuse. Une terre inhospitalière, marécageuse et déserte où rodent, dit-on, des animaux sauvages. C’est là que, en 1015, le prince-évêque Baldéric II (1008-1118) fonde Saint-Jacques, abbaye bénédictine promise à un brillant avenir.

UNE ÉCOLE MONASTIQUE RÉPUTÉE

Le rôle des écoles de Liège au XIe et au début du XIIe siècle et l’influence exercée par les maîtres liégeois dans l’Europe médiévale justifient ce titre prestigieux de “nouvelle Athènes” que Liège reçut au XIe siècle. L’enseignement assuré par les écoles de la cathédrale, des collégiales et des établissements monastiques regroupe les disciplines des sept arts libéraux (grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, astronomie, musique). Saint-Jacques, qui abrite un important scriptorium et une très riche bibliothèque, a joué un rôle de tout premier plan au sein du rayonnement intellectuel liégeois.

EVANGELISATION EN POLOGNE

Des liens étroits unissent, au Moyen Age, le pays mosan et la lointaine Pologne. Les moines de Saint-Jacques ne sont pas restés étrangers à cette “pénétration pacifique” des Wallons en terre polonaise : vers 1080, ils y fondent l’abbaye de Lubin.

UNE ÉGLISE COMMUNALE

A partir du XIIIe siècle, c’est à Saint-Jacques que sont conservés les chartes et diplômes de la Cité et qu’ont lieu les prestations de serment des bourgmestres de Liège. C’est là encore qu’en 1487 sera signée la Paix de Saint-Jacques, qui codifie les lois et règlements du pays de Liège.

UNE ABBATIALE DE PIERRE ET DE LUMIÈRE

De l’église romane, seul subsiste l’énorme choeur occidental en grès houiller (v. 1150-1170), privé de ses deux tours latérales. Le reste de l’édifice est l’ouvrage magistral du XVIe siècle et de l’architecte Art Van Mulken qui, de 1514 à 1538, dote Liège d’un dernier chef- d’oeuvre de l’art gothique flamboyant.

LE TRÉSOR DE SCULPTURES LE PLUS RICHE DE LIÈGE

Saint-Jacques, c’est aussi une collection extraordinaire de chefs-d’oeuvre sculptés dans le bois, le marbre ou la pierre, qui retracent les cheminements de l’art à Liège du XIVe au XVIIIe siècle. Vers 1350, un nouveau courant apparaît. Il s’attache au rendu du  vraisemblable, du réel.

Le raffinement extrême de la sculpture et la somptueuse polychromie, la  silhouette très élancée et le rythme nerveux de la draperie font de la Vierge de Saint-Jacques l’un des chefs-d’oeuvre du gothique tardif. Commandée sans doute par l’abbé Jean de Coronmeuse (1507-1527), elle dominait autrefois l’entrée du nouveau choeur.

En ce début du XVIe siècle, Liège accueille deux sculpteurs étrangers acquis à l’esthétique de la Renaissance : Daniel Mauch, originaire d’Ulm, et Nicolas Palardin, qui vient d’Italie. Une part importante de l’activité de Mauch s’exerce à Saint-Jacques où le maître (mort en 1540) et son épouse seront inhumés.

Nicolas Palardin dit l’Italien est à Liège en 1518. Il y décède quatre ans plus tard, laissant un atelier qui prospèrera sous la double appellation des Palardin et des Fiacre. Il semble avoir joué un rôle déterminant dans l’introduction et la diffusion à Liège du répertoire transalpin.

Cette façade monumentale, qui superpose trois étages d’ordres corinthien et composite, est traditionnellement attribuée à Lambert Lombard (1505 ou 1506-1566), figure de proue de la Renaissance liégeoise. Elle a beaucoup perdu de son décor sculpté, notamment les statues placées jadis au sommet des frontons et dans plusieurs niches. Elle a conservé un grand médaillon en
relief qui représente le Songe de Jacob. Cet épisode biblique évoque la présence mystérieuse de Dieu. Jacob, à son réveil, voulut en perpétuer le souvenir. Il dressa la pierre sur laquelle il avait dormi et dit : “Cette pierre sera une maison de Dieu” (Gen 28). Dans la liturgie chrétienne, l’épisode symbolise la dédicace d’une église. A Saint-Jacques, il évoque en plus un troisième saint patron de l’église : aux apôtres Jacques le Mineur, premier patron, et Jacques le Majeur (dont l’église acquit des reliques en 1056), s’ajoute le patriarche Jacot (Jacques, en hébreu). Très subtilement agencée, la façade porte les germes de l’art baroque.

Restes du jubé érigé en 1602 par l’abbé Martin Fanchon (1594-1611), les deux autels placés au fond des nefs ont une importance capitale pour l’étude de l’art liégeois des années 1600.

Aux confins de deux siècles, ils sont aussi à la charnière de deux mondes, celui de la Renaissance et celui du Baroque.

De 1682 à 1690, Jean Del Cour crée à Saint-Jacques un ensemble triomphal : sept statues plus grandes que nature, sculptées dans le tilleul et peintes à l’imitation du marbre blanc. Parmi elles, un chef-d’oeuvre : saint Jacques le Mineur, figure extatique, vibrante jusque dans la draperie.


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : dématérialisation, partage, correction et iconographie | source : Les collégiales liégeoises (n° 5 – Liège : Histoire d’une église, 1991) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © flickr.com ; © dp ; © pinterest.com.


A Liège, encore…

LIEGE : Saint-Jean l’Evangéliste, l’église de Notger

[d’après VISITEZLIEGE.BELa collégiale fut fondée vers 980 par le premier prince-évêque Notger, qui s’y fit inhumer. Le plan de l’église s’inspire de la chapelle palatine de Charlemagne, aujourd’hui cathédrale d’Aix-la-Chapelle. L’édifice subsista jusqu’en 1754, époque à laquelle il fut rasé pour être remplacé par l’église actuelle. Seules la tour et certaines parties du cloître sont antérieures. De style roman, la tour abrite un carillon de 35 cloches. Le cloître, quant à lui, est un mélange des XVIe, XVIIIe et XIXe siècles. Il compte de nombreuses pierres tombales anciennes, dont certaines du XVe siècle. Mystère liégeois, l’emplacement de la sépulture de Notger est toujours inconnu. À l’intérieur, la Vierge de Saint-Jean (Sedes Sapientiae) et le calvaire constituent de beaux témoignages de la sculpture du XIIIe siècle.

Adresse : Place Xavier-Neujean, 9 à 4000 Liège

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L’ÉGLISE DE NOTGER

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Deuxième jalon du peuplement de l’Ile, Saint-Jean est l’oeuvre de Notger (972-1008). C’est dans ce “domaine du vent et de l’eau, des fourrés broussailleux et des bas prés transformés en marécages à chaque crue” (M. Josse) que le prince-évêque fonde, vers 981, cette nouvelle collégiale. Il en surveille la construction qu’il finance personnellement. Il aime y séjourner, car il trouve là le repos et cette tranquillité de l’esprit propice à l’étude et à la réflexion. C’est à Saint-Jean qu’il choisit d’être inhumé.

UNE FONDATION EXPIATOIRE POUR UNE RUSE SACRILÈGE ?

Dès le XIIIe siècle, cette version des origines de la collégiale a fait foi. Formidable citadelle toute proche de Liège, Chèvremont au Xe siècle est un foyer de sédition contre la dynastie ottonienne et une menace constante pour la cité épiscopale. Notger l’assiège victorieusement en 987. Voilà pour la réalité historique. Mais la légende demeure de Notger qui, sous prétexte de baptême, s’introduit dans la place forte en compagnie de soldats déguisés en ecclésiastiques, la prend sans encombre et la fait raser. Stratagème sacrilège, doublé d’un geste impie : parmi les constructions détruites, on compte trois églises dont une est placée sous le vocable de Saint-Jean l’Evangéliste.

LA FONTE A LA CIRE PERDUE

Sculptez votre modèle en cire. Enrobez-le soigneusement d’argile. Laissez sécher. Passez au feu. Votre forme se vide alors de la cire (perdue). Vous pouvez la remplir de laiton fondu. Laissez refroidir. Enlevez l’argile. Il vous reste à polir votre oeuvre au sable fin et à la recouvrir d’une mince pellicule d’or.

CINQ SCÈNES ET UN THÈME UNIQUE : LE BAPTÊME

Le baptême du philosophe Craton par Jean l’Evangéliste, symbole de l’ouverture de l’Eglise au monde grec, “aux gentils” de toutes les nations. Dans chaque scène, le personnage principal est de taille légèrement supérieure à celle des autres © J. Mascart.

La paroi lisse de la cuve cylindrique présente cinq scènes en haut relief, liées entre elles par une ligne de sol ondulée et séparées par des arbres stylisés. Gravées dans le fond nu, des inscriptions en éclairent le sens. Le baptême du centurion Corneille par saint Pierre, celui (légendaire) du philosophe Craton par Jean l’Evangéliste, la prédication du Baptiste dans le désert et le baptême des néophytes encadrent la scène centrale : le baptême du Christ dans le Jourdain.

LA SYMBOLIQUE DES DOUZE BOEUFS

Ils étaient douze à l’origine à supporter la cuve. Douze comme les boeufs qui portaient la Mer d’airain sur le parvis du temple de Salomon à Jérusalem (1 Rois, 7, 23-26). Douze comme les apôtres chargés de répandre la bonne nouvelle à travers le monde et de le purifier par le baptême.


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : dématérialisation, partage, correction et iconographie | source : Les collégiales liégeoises (n° 5 – Liège : Histoire d’une église, 1991) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © flickr.com ; © dp ; © A. Henry de Hassonville.


A Liège, encore…

LIEGE : la collégiale Sainte-Croix, Liège sous la protection de la croix

[d’après VISITEZLIEGE.BECette ancienne collégiale a été fondée en 979 par l’évêque Notger. De la construction originelle subsisterait un pan de mur en grès. Le choeur occidental, romano-gothique (fin XIIe, début XIIIe siècle), contient une Invention de la sainte Croix de Bertholet Flémal (XVIIe siècle). L’abside orientale date du XIIIe siècle, les nefs sont du XIVe siècle et les chapelles latérales du XVe siècle. Ses trois nefs d’égale hauteur en font une des rares églises du type halle dans nos régions.

Adresse : Rue Sainte-Croix, 1 à 4000 Liège

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Liège sous la protection de la croix

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L’endroit est stratégique : sur l’éperon du Publémont, entre Saint-Pierre et Saint-Martin, il contrôle les vallées de la Légia et de la Meuse. “Sous le prétexte de défendre toute la ville… contre les pièges de l’ennemi, un homme très puissant par les armes” s’était proposé d’y construire une “fortification pernicieuse” (Anselme, v. 1050).
Embarrassé par le projet de ce puissant personnage – dans lequel on reconnaît le duc de Basse-Lotharingie-, Notger, qui veut être seul maître à bord, ruse et engage son grand-prévôt et archidiacre Robert à fonder une nouvelle collégiale sur l’emplacement convoité.
Dédiée à la sainte Croix, celle-ci sera consacrée un 23 octobre (986?).

HÉLÈNE ET CONSTANTIN

Née en Bithynie vers 250, sainte Hélène doit sa popularité à la découverte de la vraie Croix qu’elle fit lors d’un voyage en Palestine (327). Elle éleva la basilique de la Nativité sur l’emplacement de la grotte de Bethléem et le temple de la Résurrection sur le Saint-Sépulcre. A Rome, elle avait fait construire la basilique de la Sainte-Croix. Elle était particulièrement honorée en Allemagne rhénane et en France. Son fils Constantin (274-337), fondateur de Constantinople (vers 330), fut le premier empereur chrétien. Vainqueur de Maxence (312), il promulga l’Edit de Milan (313) qui autorisait l’exercice public du culte chrétien. Il participa au concile de Nicée qui condamna l’hérésie d’Arius et formula le dogme de la Trinité.

UNE RELIQUE DE LA VRAIE CROIX

Selon une tradition séduisante mais très hypothétique, cette relique insigne fut offerte par Robert II de France (996-1031) au roi de Germanie Henri II (1002-1024), qui la donna à Sainte-Croix en 1006. Le fragment du bois de Vie (Lignum Vite), conservé dans une staurothèque (reliquaire abritant un fragment de la Croix) ottonienne, a été enchâssé au XIIe siècle dans un triptyque, forme courante à cette époque pour les croix-reliquaires en région mosane. Il est au centre d’une scène qui évoque le Jugement des Justes : c’est par la Croix que les morts auront part à la vie éternelle lors du Jugement dernier.

UN CHEF-D’OEUVRE EN PERIL

De toutes les églises liégeoises, Sainte-Croix est la plus menacée : dans un quartier mutilé, c’est une église presque sans paroissiens. Défigurée par les briques de laitier, son abside occidentale est pourtant unique en Belgique. Bâti vers 1225 dans un style déjà gothique, cet ultime témoin du thème du contre-choeur reproduit des formules chères à l’architecture rhénane.

Philippe Bruni, le “bon doyen” (1324-1361), consacra toute son énergie à poursuivre la reconstruction de la collégiale. Dans le vaisseau, les trois nefs sont d’égale hauteur : ce type d’architecture (Hallenkirche), germanique lui aussi, est exceptionnel en Belgique.

Dans le choeur rebâti vers 1250, quelques stalles aux miséricordes finement sculptées. Avec les stalles de Saint-Jaques, ce sont les seules conservées à Liège pour le XIVe siècle.

Dans les chapelles construites au début du XVe siècle entre les contreforts, les écoinçons profondément entaillés sont peuplés d’animaux fantastiques, de têtes d’homme encapuchonnées et de savoureuses scènes hagiographiques.

Le miracle du pied coupé (écoinçon en pierre, v. 1420) © A. Henry de Hassonville

Eloi, patron des orfèvres et des forgerons, fut le conseiller et le trésorier de Clotaire II et de Dagobert I. Evêque de Noyon, il avait une manière toute personnelle de ferrer les chevaux : afin de ferrer plus aisément un cheval rétif, Eloi coupe le pied de l’animal, ferre le sabot et replace le pied.

CURIOSITÉ ARCHÉOLOGIQUE

De tous les monuments funéraires liégeois, celui du chanoine Hubert Mielemans est le plus singulier. Parmi de nombreux emblèmes et figures symboliques, il montre des hiéroglyphes. Témoins de la curiosité d’un chanoine érudit pour la science archéologique, ces signes attestent aussi une volonté d’originalité jusque dans la mort.

HUBERT, UN SAINT EN EXIL

Peu de saints auront connu autant de voyages posthumes ! Mort à Tervuren (727), Hubert est ramené dans la cité épiscopale pour être inhumé dans la crypte de la collégiale Saint-Pierre qu’il avait fondée. Un repos de courte durée : en 793, son corps est déposé dans un nouveau cercueil au pied du maître-autel. En 825, le voilà transféré à Andage en Ardenne, la future Saint-Hubert, dont on l’éloigne prudemment à chaque danger. Et cela jusqu’à la fin du XIe siècle. Les voyages des reliques reprendront après l’incendie de l’abbatiale par les Huguenots (1568). De cachette en cachette, jusqu’à leur disparition… Liège, qui avait perdu déjà le corps de saint Hubert, patron de la ville, vit disparaître aussi, au début du XIXe siècle, la collégiale Saint-Pierre et la paroissiale Saint-Hubert. C’est dans la collégiale Sainte-Croix qu’allait désonnais être entretenue la flamme du souvenir.


Saint-Nicolas-aux-Mouches, la plus petite église paroissiale de Liège, est aussi la plus ancienne (1030) église de Lotharingie placée sous le vocable de l’évêque de Myre. Aux-Mouches : suite à une épidémie de peste enrayée, à Liège, grâce à l’intercession de saint Nicolas. Longtemps habitée par le sculpteur Jean-Joseph Halleux, elle forme avec les maisons voisines l’un des coins les plus pittoresques de Liège. (Cliché A. Henry de Hassonville)


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : dématérialisation, partage, correction et iconographie | source : Les collégiales liégeoises (n° 5 – Liège : Histoire d’une église, 1991) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © flickr.com ; © dp ; © A. Henry de Hassonville.


A Liège, encore…

LIEGE : la collégiale Saint-Paul ; Eracle, premier promoteur immobilier de l’île

[d’après VISITEZLIEGE.BEC’est sous l’épiscopat d’Éracle que fut fondée l’église Saint-Paul à la fin du Xe siècle. Elle fut reconstruite dans le style gothique à partir du XIIIe siècle. À la fin du XIVe siècle, presque l’intégralité de l’église était réédifiée à l’exception du cloître, édifié entre le XVe et le XVIe siècle, et de la tour. Cette dernière, commencée à la fin du XIVe siècle était encore inachevée lorsque la Révolution de 1789 éclata. En 1803, alors que la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert n’était plus qu’un vaste champ de ruines, Saint-Paul fut élevée au rang de cathédrale à la suite du Concordat. C’est peu après cet événement que le clocher fut terminé. Par sa forme, il évoque celui de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert disparue. L’église a conservé de nombreuses œuvres remarquables dont des vitraux du XVIe siècle ou encore le magnifique Christ gisant de Jean Del Cour daté de 1696. L’intérêt de la cathédrale ne se limite pas à la seule église, le cloître mérite aussi le détour. Outre de nombreuses pierres tombales dont celles d’anciens princes-évêques, il abrite également le Trésor de Liège.

Adresse : 98 rue Charles Magnette à 4000 Liège

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Eracle, premier promoteur immobilier de l’île

Cliquez ici pour télécharger la plaquette. Elle est richement illustrée…

Développer une cité, c’est d’abord lui donner des possibilités d’extension. L’évêque Eracle (959-971) en est conscient. Son choix se porte sur l’Ile, vaste terre marécageuse et inhospitalière qui s’étend entre les deux bras de la Meuse. Entre 965 et 971, il fonde la collégiale Saint-Paul en un lieu, dit la légende, indiqué par une chute de neige… en plein juillet. Cette nouvelle institution, dotée d’un domaine de douze hectares, est le premier agent du peuplement rapide de l’Ile. Un nouveau quartier va naître à proximité du centre de la Cité. D’autres établissements religieux s’y implantent -la collégiale Saint-Jean, l’abbaye bénédictine de Saint-Jacques, de nombreux couvents- entraînant l’installation de laïcs dans leur voisinage. L’abondance de l’eau, indispensable à l’industrie, attire les artisans, et le commerce se développe dans ce lieu de passage obligé vers Avroy, Saint-Gilles et les terres de Bêche. En 1050, les deux ponts d’ile et d’Avroy sont en place. Quatre paroisses desserviront une population toujours croissante : Saint-Martin-en-Ile (près de Saint-Paul), Saint-Adalbert (près de Saint-Jean l’Evangéliste), Saint-Remy (près de Saint-Jacques) et Saint-Nicolas-au-Trez (Vertbois).

UNE GRANDE ÉGLISE GOTHIQUE…

D’est en ouest, par tranches successives, la collégiale romane cède place à l’édifice gothique. La reconstruction, entreprise vers 1232 côté choeur, s’achèvera côté tour deux siècles plus tard. L’ampleur du volume intérieur, la pureté des lignes, la sobriété du décor sculpté font de SaintPaul l’un des plus beaux monuments gothiques de notre pays. Le choeur profond terminé par trois absides polygonales (début du XIVe siècle) ouvre sur le transept large mais non saillant. Le vaisseau à trois nefs longues de sept travées est encore élargi par les onze chapelles latérales.

…RESTAURÉE A L’ÉPOQUE ROMANTIQUE

Pour qui découvre Saint-Paul de l’extérieur, la belle sobriété du style gothique primaire n’est pas évidente. Sa physionomie s’est modifiée. A l’ouest, la tour a été surhaussée en 1811 d’un étage coiffé d’une haute flèche et de quatre clochetons rappelant la silhouette de la tour de l’ancienne cathédrale. L’horloge et le carillon de Saint-Lambert y sont logés. Au nord, la façade a fait l’objet, dès 1850, d’une complète restauration qui a abouti à un véritable embellissement décoratif. Nés de l’imagination de notre Viollet-le-Duc liégeois, galeries, pinacles et crochets sont venus surcharger l’architecture primitive. Le même Delsaux affirmait pourtant “la main de l’architecte restaurateur doit être imperceptible !

Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut ne jamais avoir existé.

E. Viollet-le-Duc (1856)

VERS LES TEMPS MODERNES

1468. C’est “l’année où Liège périt” par le feu et le sang, victime du Bourguignon. C’est aussi la fin d’un monde, le Moyen Age. Un monde nouveau va naître, celui de la Renaissance. Dans l’art, la tradition fait mieux
que résister, produisant des “réalisations spectaculaires qui prolongent, en plein XVIe siècle, la splendeur d’une époque révolue” (J. Stiennon). Le plus souvent entre l’ancien et le moderne, le compromis s’installe. Un dernier témoin de la survivance du style gothique au XVIIe siècle. Offerte en 1643 par le doyen Paul Simonis, la double porte en laiton, oeuvre d’un fondeur de Dinant, Pierre Chaboteaux, fermait jadis l’entrée du choeur. Elle a été conçue pour s’intégrer harmonieusement dans un jubé ancien d’allure gothique. Ceci explique la présence de l’arc brisé et trilobé dans un décor mi-Renaissance mi-Baroque.

LA NOUVELLE CATHEDRALE DE LIEGE

Septembre 1797. La collégiale a vécu. Son chapitre est supprimé. Les biens meubles et immeubles sont nationalisés et vendus. L’église est convertie en abattoir et en boucherie. Novembre 1802. Saint-Paul est rendue au culte. Mais celle qui succède à l’illustre cathédrale Saint-Lambert a perdu beaucoup de ses trésors anciens. Les efforts répétés du nouveau chapitre cathédral (huit chanoines titulaires, portés à douze en 1842, plus un nombre variable de chanoines honoraires) et l’arrivée de “chefs-d’oeuvre déplacés” lui rendront son ancienne magnificence.

DE REMARQUABLES FIGURES DU CHRIST…

La présence du crucifix à l’entrée du choeur s’est généralisée dans tout l’Occident chrétien dès le Moyen Age. Souvent encadré de la Vierge et de saint Jean, parfois même d’autres témoins du Golgotha, le Christ en croix surmonte la clôture qui sépare le clergé officiant dans le choeur des laïcs en prière dans les nefs.

La première oeuvre connue -et l’une des plus parfaites- du sculpteur Jean Del Cour (1631-1707). Coulé dans le bronze par Perpète Wespin de Dinant en 1663, le Christ se dressait sur le Pont-des-Arches. Il a gardé, à l’épaule droite, les marques du bombardement de Liège par les Français en 1691.

L’un des plus beaux gisants de la sculpture européenne, le Christ mort (1696) de Jean Del Cour © Service des Affaires culturelles de la Province de Liège

Un tel cadavre ne donne pas l’impression de la mort, il est proche d’une glorieuse résurrection et s’il porte les marques de la crucifixion, si les pieds en gardent encore la crispation, rien n’en altère la majesté” (R. Lesuisse). Cette émouvante figure du Christ ornait le monument funéraire des époux Walthère de Liverlo et Marie d’Ogier au couvent des sépulchrines dit des Bons Enfants.

…de la Vierge…

Vierge assise à /’Enfant (v. 1230). Chêne sculpté et polychromé (H. 129) © Musée d’Art religieux et d’Art mosan, à Liège

La Vierge assise à l ‘Enfant porte le nom latin de Sedes Sapientiae : Marie trônante est elle-même le Siège (Sedes) de la ·Sagesse (Sapientiae), c’est-à-dire l’Enfant Dieu. La Sedes est l’un des thèmes favoris des sculpteurs mosans des XIe, XIIe et XIII siècles. Celle-ci se distingue de ses soeurs par l’allongement de la silhouette. Elle provient d’une église paroissiale disparue : Saint-Jean-Baptiste en Féronstrée. Le choeur oriental de la cathédrale Saint-Lambert était dédié à la Vierge. Pour orner le maître-autel “le plus riche et le plus magnifique … et le plus dispendieux qui soit dans les pays d’alentour“, l’archidiacre Lambert de Liverlo fit appel au plus doué des peintres liégeois, Gérard de Lairesse (1640-1711). Quand la toile arriva d’Amsterdam – Lairesse y vivait depuis plus de 20 ans, chassé de Liège à la suite d’une fâcheuse aventure -, d’aucuns lui reprochèrent d’être par trop profane.

…et du Diable

L’Ange déchu (1842) par Joseph-Germain Geefs © Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique – G. Cussac

La troublante beauté de cet adolescent est l’image même de la tentation. Mais la réalité peut être subversive. Les chanoines de Saint-Paul écartèrent cet ange déchu au profit d’un Lucifer tourmenté, plus proche de la tradition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est ce dernier que le visiteur découvre au pied de la chaire de vérité, spectaculaire réalisation en chêne et en marbre du sculpteur bruxellois Guillaume Geefs (1838-1848) :

DANS LE CLOÎTRE GOTHIQUE (1445-1535), LE PLUS FABULEUX DES  TRESORS LIEGEOIS

L’ivoire des trois résurrections

Il fait partie du groupe des ivoires liégeois à petites figures et il charme par son caractère narratif. Il doit être lu en boustrophédon (de gauche à droite, puis de droite à gauche, puis à nouveau de gauche à droite). Il montre le Christ, suivi de disciples ressuscitant la fille de Jaïre, le fils de la veuve de Naïm et Lazarre.

La Vierge Hodegetria

Hiératique et portant l’Homme-Dieu, la Vierge Conductrice (Hodegetria) est l’un des types de prédilection de l’art byzantin. Celle-ci, qui appartenait au trésor de Saint-Lambert, fit partie de l’exposition solennelle des reliques en 1489.

Le reliquaire de Charles le Téméraire

Le Téméraire, bourreau de Liège, présenté par saint Georges, patron de la chevalerie. OEuvre de l’orfèvre lillois, Gérard Layet (1466) © Musée d’Art religieux et d’Art mosan, à Liège

Offert en 1471 en expiation du sac de Liège (1468), cet admirable joyau contient un doigt de saint Lambert.

Le buste-reliquaire de saint Lambert

Dernier des grands chefs-d’oeuvre d’orfèvrerie religieuse du Moyen Age. Commandé par le prince-évêque Erard de la Marck, habile politique et mécène fastueux, il est l’ oeuvre de l’orfèvre aixois Hans von Reutlingen (1508-1512). Parce qu’il abrite le crâne du saint patron du diocèse, il a été, jusqu’à la Révolution, le trésor le plus insigne de la cathédrale Saint-Lambert. Sauvé de justesse, il a été rendu aux Liégeois par Bonaparte en 1803.


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A Liège, encore…

CERFONTAINE : la carrière de Beauchâteau

Située sur le dernier contrefort calcaire avant la dépression de la Fagne, au cœur du massif forestier de Cerfontaine, la carrière de Beauchâteau constitue un témoignage remarquable du patrimoine géologique et industriel régional. Probablement exploitée dès le XVIIIe siècle, elle connut, au siècle suivant, un essor considérable grâce à l’introduction de techniques novatrices.

C’est en 1874, sur ce site précisément, que fut employé pour la première fois en Belgique le fil hélicoïdal, une méthode révolutionnaire dans l’extraction du marbre. Son efficacité marqua un tournant décisif, remplaçant peu à peu le labeur exigeant des rocteurs, ces ouvriers spécialisés qui, à force de bras, creusaient une tranchée autour du bloc, le sapaient à sa base, puis le faisaient basculer.

© Stéphane DADO

Un bâtiment industriel subsiste encore aujourd’hui à l’entrée du site, dans un état de délabrement affligeant : il abritait la machine à vapeur, élément essentiel de cette exploitation mécanisée, chargée de l’évacuation des eaux d’exhaure et de l’animation du fil hélicoïdal. Celle-ci prit fin en 1950, laissant place à un site singulier dont la morphologie, à flanc de coteau, contraste avec les carrières en fosse plus répandues dans la région. Cette implantation particulière confère à Beauchâteau une silhouette aussi insolite que spectaculaire, dominée par des parois abruptes, lisses et sciées, empreintes visibles d’une extraction intensive.

Le sous-sol de Beauchâteau recèle des roches sédimentaires formées il y a quelque 350 millions d’années. C’est de cette matrice ancienne qu’est issu un marbre aux nuances rouge et gris, connu sous le nom de Rouge Royal Poité. Ce matériau noble, prisé pour sa texture et sa teinte, fut exporté bien au-delà des frontières belges. On le retrouve notamment chez nous dans les soubassements restaurés de l’hôtel de ville d’Anvers.

Classé depuis 1992 et propriété de la commune de Cerfontaine, le site constitue aujourd’hui un repère patrimonial majeur, à la croisée de l’histoire industrielle, de la géologie et de l’esthétique architecturale. Il sert aussi d’étape dans les circuits touristiques à proximité des lacs de l’Eau d’Heure. Qualifié de site de grand intérêt biologique, on y voit voler le joli citron, un papillon de jour de la famille des piérides.

Stéphane DADO

C’est où ?

© Groupe Spéléo Centre Terre

Les coordonnées : 50.160158, 4.485211.

LIEGE : L’ancien palais des princes-évêques et des états du pays de Liège (extraits, 1980)

Avant de devenir le siège du Gouvernement provincial et d’abriter quelques-uns des hauts magistrats du Royaume, le Palais des Princes-Evêques a connu de nombreux avatars dus à l’action d’hommes qui furent illustres ou anonymes, inspirés par le désir de réaliser un ouvrage prestigieux ou contraints par les vicissitudes d’une histoire principautaire aussi riche que tourmentée.

Aujourd’hui, cette étonnante création architecturale constitue sans doute le plus éclatant témoignage de la pérennité liégeoise.

J’ose espérer que la diffusion de la présente brochure, réalisée grâce à l’active collaboration du Ministère des Travaux publics et de la Province de Liège, contribuera un tant soit peu à rendre moins fugace l’inévitable envoûtement que ce vénérable monument exercera sur tous ceux qui, dès 1980 et grâce au Millénaire de la Principauté, auront enfin la chance de le visiter plus systématiquement.

Gilbert MOTTARD, Gouverneur de la Province de Liège


Synthèse historique

Au temps de l’évêque Hartgar (Xe siècle), le moine irlandais Sédulius nous décrit la résidence de l’évêque comme une demeure somptueuse. Elle possède une tour de cent coudées, le toit est revêtu d’or, les fenêtres sont garnies d’une substance vitrée que le soleil pouvait traverser. A l’intérieur les murs sont peints de couleurvives représentant des scènes du Nouveau Testament.

Les incursions des Normands ruinèrent sans doute la “principale maison de l’évêque” car nous voyons Eracle (fin du Xe siècle), établir son palais dans un lieu fortifié près de la collégiale Saint-Martin au sommet du Publémont.

Lors du règne de Notger (972-1008), Liège va prendre une rapide extension et les églises construites sous l’impulsion du Prince-Evêque vont donner à la ville la disposition générale qu’elle conservera jusqu’à la fin de l’ancien régime. Cette fois, l’auteur de la Vita Notgeri parle d’un palais intégré dans le système défensif de la cité. Ce bâtiment tient de la forteresse et de l’exploitation domaniale, répondant ainsi à un rôle qu’il jouera pendant tout le Moyen Age.

En 1185, un incendie allumé par la foudre détruisit la cathédrale et le palais proche. C’est le prince-évêque Raoul de Zahringen qui le fit reconstruire et dans la vue de cet édifice éditée par Blaeu en 1 649, on remarque à la façade vers la place Saint-Lambert une construction romane qui paraît antérieure à la construction gothique du palais d’Erard de la Marck. Il pourrait s’agir d’un vestige du bâtiment du XIIe siècle.

Lors des événements tragiques de la seconde moitié du XVe siècle, guerre d’indépendance contre les ducs de Bourgogne (1465-1468), occupation bourguignonne (1468-14 7), guerre civile (1482-1492), le palais maintes fois pillé devient inhabitable. Le dernier évêque du Moyen Age, Jean de Hornes, cesse d’y résider et l’incendie ravage, en 1505, les bâtiments abandonnés.

En 1506, Erard de la Marck monte sur le trône épiscopal et bâtit le palais que nous connaissons aujourd’hui. Organisé en fonction de trois cours – la troisième a disparu au XIXe siècle – lI reprend certainement le plan médiéval et bien qu’il soit gothique, il apparaît, dans sa construction et sa décoration, largement tributaire de l’art français et de l’art italien de l’époque.

En effet, la disposition des bâtiments de la première cour évoque l’aile construite sous Louis XII au château de Blois, les cannelures des colonnes, celles du château de Gaillon et les tirants de fer disposés perpendiculairement à la galerie de la cour d’honneur se retrouvent à Pavie, Milan et Florence.

La décoration sculptée, si elle est encore tributaire du fantastisque médiéval, présente néanmoins des images qui s’inspirent des œuvres et de l’esprit des humanistes de la Renaissance.

Une autre source d’inspiration contemporaine apparaît dans les nombreuses têtes d’indiens emplumés connues par les masques, dessins et costumes offerts à Charles-Quint et à Marguerite d’Autriche par les explorateurs du Nouveau-Monde.

Le palais subira quelques modifications jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. En 1734, l’aile méridionale fut détruite par un incendie et Georges Louis de Berghes fit reconstruire par Jean-André Anneessens, en style classique, la façade actuelle. Les lucarnes gothiques et le premier étage des ailes ouest et est de la première cour seront abattus et réédifiés progressivement de 1734 à 1766 en style classique. Velbrück (1772-1784) voudra rendre certaines salles du palais plus agréables en agrandissant des fenêtres et en supprimant les épaisses croisées de pierre qui obscurcissaient les pièces.

Lors de la Révolution, après les pillages de 1793, le palais fut laissé à l’abandon. S’opposant à la proposition d’en faire une caserne, l’administration d’arrondissement y logea l’administration régionale et les juridictions créées par la République.

Le préfet Desmousseaux installa la préfecture dans l’hôtel de Hayme de Bomal au quai de Maastricht où elle restera jusqu’en 1831, tandis que les bureaux du département gagnaient l’hôtel Curtius.

Le palais ne conservait donc que des fonctions judiciaires.

La troisième cour servait de préau à une prison pour femmes et pour vagabonds, et dans la première cour, les bouquinistes et les fripiers avaient dressé leurs échoppes sous les galeries où déjà ils s’étaient établis au début du XVIIe siècle.

L’administration départementale, devenue provinciale changea plusieurs fois de siège de réunion. Quand l’hôtel Curtius fut repris par le Mont de Piété, elle émigra vers la rue Hors-Château, de là elle passa à l’ancien couvent des Bons Enfants. Après l’incendie de celui-ci en 1845, elle dut s’installer dans le vaste immeuble que Cockerill avait fait construire place de l’Université. La Députation permanente y tenait aussi ses séances tandis que le Conseil provincial se réunissait dans les bâtiments de l’Université. Le Gouverneur ne conservait qu’un bureau dans l’immeuble de la place Cockerill.

Depuis l’indépendance, la propriété du palais faisait l’objet d’un litige entre la Province et l’Etat, de sorte que la décision de restaurer le bâtiment ne pouvait être prise par aucun de ces pouvoirs.

Ce n’est qu’en 1844 qu’interviendra l’arrêt de la Cour de Cassation qui, choisissant définitivement la thèse des autorités centrales permit à celles-ci de prendre leurs responsabilités en assumant les charges de propriétaire.

Les autorités et services provinciaux désiraient revenir au palais et, après de longues discussions, la Députation permanente se prononça pour la construction d’un Palais provincial face à la future place Notger. Il abrite-rait les appartements du gouverneur et l’administration.

Pour cet édifice, un concours fut institué et Charles Delsaux obtint le prix. Le jeune architecte est préoccupé par le souci, nouveau à l’époque, de restaurer le bâtiment dans le style primitif. Il démolit donc l’aile des Etats construite au XVIIIe siècle dans un style qui lui semble détruire l’unité du palais d’Erard, et il lui substitue une construction inspirée du XVIe siècle qui tente de combiner une pensée “moderne” avec des éléments gothiques. La construction de cette aile nouvelle à l’ouest de la première cour, l’obligea à restaurer la façade du côté de la cour. II remplacera les barbacanes du XVIIIe siècle par des lucarnes gothiques. Dans la suite, le travail de restauration de la cour sera continué par Léopold Noppius, sculpteur et architecte.

Le roi Léopold Ier vint poser la première pierre de ce bâtiment en 1849. En 1853, le Conseil provincial siégeait dans la salle néogothique qui lui était réservée tandis que le gouverneur avait occupé ses appartements dès 1852. Le restant du palais abritait trois administrations distinctes : Justice, Finances, Archives de l’Etat.

La Justice, qui se trouvait ainsi à l’étroit étendit ses bureaux dans un bâtiment construit par l’architecte Godefroid Umé à front de la rue Sainte-Ursule où les maisons appuyées sur le palais furent démolies. Umé dessina cette façade dans le style classique de celle qu’il prolongeait. Ces travaux l’amenèrent à restaurer fidèlement l’aile méridionale de la deuxième cour qui formait la façade intérieure des bâtiments de la rue Sainte-Ursule.

En 1880, la province se préparait à fêter le cinquantenaire de la Belgique ; aussi, en 1878, un arrêté ministériel chargea le Gouverneur de présider la commission qui devait mettre au point le choix des personnages, des reliefs et des blasons retenus pour décorer la façade du Palais provincial. Ces sculptures furent terminées en 1887.

Quelques travaux furent encore entrepris en 1905 à l’occasion de l’Exposition internationale mais on devra attendre l’année 1962 pour qu’une campagne systématique de restauration soit entreprise par le Ministère des Travaux publics.

Elle durera jusqu’en 1978. Le palais tout entier fut consolidé, les pierres altérées des colonnes remplacées et resculptées, et le ravalement des façades extérieures et intérieures en 1975 révéla aux yeux de tous un nou-veau palais, animé par l’alternance de pierres de teintes différentes où la lumière joue.

M. NICOLAS, Conservatrice honoraire à l’ULiège


© visitezliege.be

La façade de la place Saint-Lambert (sud)

Sa section de style classique fut construite après l’incendie de 1734, sous le règne de Georges-Louis de Berghes (1724-1743) dont les armoiries ont été reconstituées au fronton. L’architecte choisi était Jean-André Anneessens, fils du célèbre doyen des métiers de Bruxelles décapité en 1719. A gauche du portail, l’ancien Hôtel des Etats, actuel Palais provincial. A droite, le palais de Justice. L’aile néogothique de celui-ci a été édifiée de 1868 à 1870 par l’architecte Godefroid Umé.

G.-L. de Berghes fut sans doute une des personnalités les plus attachantes de l’histoire principautaire. N’ayant jamais demandé aucun impôt au peuple, c’est sur sa cassette personnelle qu’il préleva notamment les deniers nécessaires à la reconstruction du château de Seraing. Il laissa cependant à sa mort une succession assez considérable ; or, son testament avait été rédigé de la façon suivante : “J’institue mes chers frères, les pauvres de la Cité de Liège, mes légataires universels.

© walloniebelgiquetourisme.be

La façade occidentale

Cette façade fut édifiée vers 1850 par Jean-Charles Delsaux, dans le style d’Erard de la Marck. A la fin du XIXe s., on l’orna des armoiries des Bonnes Villes et des grandes subdivisions territoriales du Pays de Liège, des blasons des trente-deux Bons Métiers de la Cité, de dix-neuf bas-reliefs rappelant quelques événements marquants de l’Histoire liégeoise, ainsi que de quarante-deux statues représentant des personnages historiques ou légendaires, dont le nom peut être rattaché d’une manière ou d’une autre à celui de la Principauté. Parmi ces derniers, on peut notamment épingler : Ambiorix (chef des Eburons) ; Jean d’Outremeuse (chroniqueur liégeois du XIVe siècle) ; Pépin de Herstal, son fils Charles Martel et le petit-fils de celui-ci, Charlemagne ; Pierre l’Ermite et Godefroid de Bouillon ; Saint-Lambert et Saint-Hubert (tous deux furent évêques de Tongres ; Lambert ayant été assassiné à Liège vers 705, Hubert fit ramener ses reliques à l’endroit de son martyr, et lui consacra une église) ; Notger ; Lambert Lombard (nos anciens billets de 100 BEF ont popularisé les traits de celui qui fut le peintre liégeois le plus célèbre de la Renaissance) ; Erard de la Marck.

© liege.onvasortir.com

La première cour

L’habile jeu des perspectives permet à l’ensemble de suggérer une impression “de parfaite unité, de discipline savamment étudiée“, alors que les soixante colonnes que compte le péristyle sont toutes différemment ornementées. Remarquablement restaurée – notamment, depuis 1965, par la Régie des bâtiments, sous les auspices des différents ministres des Travaux publics – cette cour a conservé l’apparence qu’avaient conçue Erard de la Marck, qui fut plus qu’un mécène, et son architecte Arnold Van Mulcken. En combinant “survivances médiévales et emprunts à la Renaissance“, ils concrétisèrent étonnamment l’union de deux cultures, de deux univers que le temps et l’espace pourtant séparaient : le Moyen Age de l’Europe septentrionale et l’Italie du Quattrocento. Sur la plupart des colonnes, on découvre des masques grimaçants entourés de feuillage, ainsi que des têtes de fous et des marottes de bouffons. Cette iconographie est sans doute due à l’influence qu’eurent sur Erard de la Marck des ouvrages comme La Nef des fous de Sébastien Brant et l’Eloge de la Folie d’Erasme. Notons par ailleurs le résultat d’une amusante coquetterie : sur une des colonnes de la façade ouest – la sixième, de droite à gauche – est sculpté le visage de J.-C. Delsaux, l’architecte qui dirigea les travaux de restauration au XIXe s.

© mercatorfonds.be

La seconde cour

Le jardin français et la pièce d’eau font de cette cour injustement méconnue des Liégeois un lieu moins austère, plus intime que ne l’est la première. Les galeries des ailes nord et sud datent du XVIe siècle. On ne pourra qu’admirer, à la gauche de l’aile sud, une méridienne du XVIIIe siècle, très opportunément restaurée et embellie.

© Ministère des travaux publics

Plan de l’ancien Palais (1949)

      1. Hall d’entrée
      2. Salle des pas-perdus
      3. Salle de la Députation permanente
      4. Salle du Conseil provincial
      5. Salle des gardes
      6. Salon Louis XV
      7. Hall d’entrée des salles de réception du Gouverneur
      8. Salle à manger
      9. Salon d’Audenaerde
      10. Salon lambrissé
      11. Salon d’Achille
      12. Quatrième salon
      13. Chambre de la Reine
      14. Cabinet du Procureur général
      15. Cabinet des Avocats généraux
      16. Escalier d’honneur
      17. Cabinet du premier président de la Cour d’Appel
      18. Grande galerie
      19. Salle des délibérations du jury de la Cour d’Assises
      20. Salle du Conseil de l’Ordre des Avocats
      21. Cabinet du Bâtonnier
      22. Bureau des Premiers substituts du Procureur du Roi
      23. Cabinet du Procureur du Roi
      24. Cabinet du Secrétaire du Procureur du Roi
      25. Cabinet du Président du Tribunal
      26. Salle d’audience A.

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LIEGE : la collégiale Saint-Martin-en-Mont, cathédrale éphémère, forteresse sacrée, une fondation détournée

[d’après VISITEZLIEGE.BE] Ancienne collégiale fondée au Xe siècle, incendiée en 1312. La nouvelle tour carrée, visible depuis de nombreux points de vue de la ville, a été achevée vers 1410. Dans le choeur et le vaisseau gothiques du XVIe siècle, vous pouvez admirer un calvaire du début du XVIe siècle, le mausolée d’Eracle, une belle statue de Notre-Dame de Saint-Séverin en bois polychrome (XVIe siècle, la chapelle du Saint-Sacrement et, ornée de médaillons de Del Cour (XVIIIe siècle) ainsi que des vitraux remarquables du XVIe siècle. A voir également, la chaire de vérité du début du XVIIIe siècle, les souvenirs de la Fête-Dieu, un magnifique maître-autel et, dans la crypte, un gisant en marbre noir de Theux.

Adresse : Rue du Mont Saint-Martin, 66 à 4000 Liège

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Cathédrale éphémère, forteresse sacrée, une fondation détournée

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Le siège épiscopal était implanté dans une cuvette profonde, ouverte à tous les dangers. L’évêque Eracle (959-971) décide son transfert. En 965, une nouvelle cathédrale Sainte-Marie-et-Saint-Lambert et un palais neuf s’élèvent sur la crête naturellement défendue du Publémont. Mais Notger (972-1008) abandonne le projet de son prédécesseur. Il revient au lieu saint -celui du martyre de Lambert- pour y bâtir la vaste cathédrale romane qui subsistera jusqu’à l’incendie en 1185 et il protège l’ensemble de la Cité par des fortifications. Il ravale l’église du Publémont au rang de collégiale. Il l’achève et la place sous le vocable de saint Martin de Tours, l’un des plus populaires de la chrétienté, mais aussi l’un des saints protecteurs des princes capétiens et des princes ottoniens. La dédicace à saint Martin révèle la politique de Notger, ses sentiments anticarolingiens et sa sympathie active dans l’avènement d’Hugues Capet. Incorporée au système défensif de la Cité, SaintMartin est désormais associée à la protection d’une de ses portes. Elle est devenue une ”forteresse sacrée”.

LA COLLEGIALE INCENDIEE

Août 1312. A Liège, c’est l’émeute. Les métiers, marchands et artisans -ceux qu’on appelle les petits-, soutenus par les chanoines de Saint-Lambert, se battent pour conserver une part du pouvoir fraîchement acquise. Un nombre
considérable de nobles liégeois cherchent asile à Saint-Martin. La foule en colère y boute le feu, condamnant les réfugiés à une mort atroce. La collégiale vit l’un des drames les plus effroyables de l’histoire liégeoise : il gardera le nom de Mal Saint-Martin.

L’ACTION DES GRANDS MECENES

La Renaissance à Liège est le fait du prince Erard de la Marck (1505-1538). La reconstruction de la collégiale, ruinée par les malheurs de 1312 et de  468, démarre à l’avènement de cet homme hors du commun. Partant du choeur, le chantier progresse lentement vers l’ouest et la tour, à laquelle le grand vaisseau va s’arrimer. Interrompus de 1530 à 1540, les travaux se poursuivent jusqu’à la fin du XVIe siècle, au milieu de tracas financiers qui expliquent peut-être la simplicité de l’architecture gothique de l’édifice. Les verrières remarquables de l’abside -l’un des plus beaux ensembles de vitraux européens du XVIe siècle- sont en cours de restauration. Elles sont attribuées à Richard Hoesman, un verrier liégeois qui, accusé d’hérésie, sera banni de Liège en 1533.

Grand bienfaiteur de Saint-Martin, le chanoine Jean Visbrocus a financé la construction des chapelles nord (vers 1580). Généreux mais prudent, il a fait réaliser son propre monument funéraire dès 1576. Un autre grand mécène, le chanoine Charles Haaken, doyen de 1924 à 1945, a enrichi son édifice de sculptures acquises sur le marché des antiquités. Parmi celles-ci, trois chefs-d’ oeuvre de la statuaire mosane des années 1500 : une sainte Anne Trinitaire, une Vierge et un saint Jean au Calvaire.

L’UNE DES PLUS BELLES VIERGES MOSANES – L’UNE DES PLUS VENEREES : Notre-Dame de Saint Séverin

La légende raconte qu’elle est l’oeuvre d’un Juif qui l’aurait sculptée pour sa femme catholique, cloîtrée chez elle par la paralysie. Elle est l’image même  de la tendresse et de l’amour. Considérée comme miraculeuse à partir de 1631, elle a quitté l’église Saint-Séverin supprimée (1803) et trouvé refuge à Saint-Martin en 1805.

1996 : 750ème ANNIVERSAIRE DE LA FÊTE-DIEU

La création au XIIIe siècle de la fête du Saint-Sacrement est un temps fort de l’histoire de l’Eglise. Saint-Martin est au centre de cet évènement qui, de 1230 à 1264, met en scène Julienne -prieure de Cornillon-, Eve -son amie recluse à Saint-Martin- et quelques membres influents du chapitre de la collégiale. Aussi ce berceau de la Fête-Dieu accordera-t-il une importance toujours plus grande au culte eucharistique. Dans l’église reconstruite, une chapelle est réservée au culte et à la confrérie du Saint-Sacrement instaurée en 1575. Ce lieu, particulièrement saint, sera l’objet de soins constants. Les meilleurs artistes liégeois ont participé à sa luxueuse décoration qui, par la peinture et la sculpture, évoquait les préfigures, les figures et les symboles de l’Eucharistie. A partir du XVIIIe siècle, les jubilés de la Fête-Dieu sont fêtés avec beaucoup de solennité. Pour marquer le Ve centenaire, les chanoines font réaliser un maître-autel spectaculaire. Premier à Liège des autels “à la romaine”, il est conçu comme un somptueux trône d’exposition pour le saint Sacrement. Pour la célébration du 750e anniversaire de l’institution de la Fête-Dieu (1996), la basilique Saint-Martin fait peau neuve. Le gros-oeuvre, les vitraux et l’orgue de l’ancienne collégiale Saint-Pierre -oeuvre exceptionnelle de Jean-Baptiste Le Picard (1739-17 41 )- doivent être restaurés. Ce projet ambitieux de complète réhabilitation exige, pour aboutir, le concours de tous.


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : dématérialisation, partage, correction et iconographie | source : visitezliege.be ; Les collégiales liégeoises (n° 5 – Liège : Histoire d’une église, 1991) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © visitezliege.be ; © dp.


A Liège, encore…

LIEGE : la collégiale Saint-Barthélemy, la dernière née des collégiales liégeoises

[d’après VISITEZLIEGE.BELa collégiale. Fondée entre 1010 et 1015 hors les murs de la cité, cette ancienne collégiale, caractéristique de l’architecture rhéno-mosane, fut édifiée, en grès houiller, de la fin du XIe siècle(chœur) aux dernières décennies du XIIe siècle. Remarquable mobilier baroque liégeois. L’intérieur du massif occidental, exceptionnel par ses tribunes, a partiellement retrouvé son allure d’origine.
Les fonts baptismaux. L’église Saint-Barthélemy renferme un des chefs d’oeuvre universels de la sculpture romane, considéré comme une des sept merveilles de Belgique : des fonts baptismaux en laiton (1107-1118) provenant de Notre-Dame-aux-Fonts, l’ancien baptistère de la cité. Cette église, accolée jadis à la cathédrale Saint-Lambert, fut détruite avec elle à la fin du XVIIIe siècle.

Adresse : Place Saint-Barthélemy à 4000 Liège

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LA DERNIÈRE NÉE DES COLLÉGIALES LIÉGEOISES

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Consacrée le 30 octobre 1015 par saint Héribert, archevêque de Cologne, et Baldéric II, évêque de Liège, l’église SaintBarthélemy est une fondation “hors-les-murs” du grand-prévôt de Saint-Lambert, Godesclac de
Morialmé. Témoin précieux de l’architecture romane de style rhéno-mosan, elle appartient
aujourd’hui à la triste catégorie des chefs-d’oeuvre en péril.

[La plaquette qui nous sert de source date de 1991 : entretemps, la collégiale a été magnifiquement restaurée]

LA GROTTE DE SAINT BERTREMIER

C’est sous ce nom évocateur de mystère que les chartes médiévales  désignent la crypte extérieure aménagée devant le choeur oriental. Il en reste des vestiges. Souterraine ou en hors d’oeuvre , la crypte est fréquente dans les collégiales et les abbatiales du diocèse au XIe siècle. Elle sert au culte des défunts : les restes du fondateur ou les reliques d’un autre saint y sont conservées et sont l’objet de pèlerinages. La crypte de Saint-Barthélemy, ouverte par des couloirs sur les bras du transept, abritait les reliques de saint Ulbert.

A L’OUEST, UN DEUXIÈME CHOEUR

La construction de la collégiale romane s’est achevée vers 1170-1 190 par la réalisation du Westbau. Pour comprendre cet énorme massif de grès houiller, il faut faire abstraction du portail creusé dans l’axe au XVIIIe siècle. L’avant-corps n’était pas un lieu de passage ; il abritait le contre-choeur ou choeur occidental. Son décor de bandes lombardes (bandes verticales en saillie réunies au sommet par une frise d’arcatures) est caractéristique de l’architecture romane en pays mosan.

CHEFS-D’OEUVRE EN EXIL

D’aucuns sont partis, d’autres sont venus enrichir celle qui, sous l’Ancien Régime, était la plus pauvre des collégiales liégeoises.

Lorsque j’ai consenti, Mr le Maire, que le carillon du Val Saint-Lambert fut placé en l’église de Saint-Barthélemy, j’ai cédé aux sollicitations de MM. les marguilliers [membres du Conseil de Fabrique] contre mon intérêt personnel ; car je ne leur dissimulai pas que je donnerais volontiers une somme pour éloigner du lieu que j’habite le bruit monotone et presque insupportable d’un carillon.

Lettre du préfet Micoud d’ Umons au maire de Liège (30 avril 1807)

LES FONTS BAPTISMAUX, MIRACLE DE L’ART MOSAN

Fondus avec un art à peine comparable“, prophétise en 1119 le vers 314 du Chronicon rythmicum. L’ oeuvre la plus célèbre et la plus étudiée du patrimoine artistique liégeois -les fonts baptismaux de Saint-Barthélemy- a jusqu’ici, reconnaissons-le, résisté à toutes les tentatives de rapprochement. N’est-ce pas l’essence même du miracle, “cette chose admirable dont la réalité semble extraordinaire“?

HELLIN

Archidiacre de Liège et abbé de Notre-Dame (1107-1118), Hellin a fait exécuter ces fonts pour son église. Voisine de la cathédrale, l’église Notre-Dame détenait à Liège le droit de baptême. Jusqu’à l’an mil, ce privilège fut même un monopole. Depuis Notger, elle le partageait avec l’église Saint-Adalbert en Ile. Les célèbres fonts seraient, croit-on, un coup d’éclat dans cette “guerre de prestige” que se livrèrent les deux baptistères aujourd’hui disparus.

CHEF-D’OEUVRE D’UN ORFEVRE

Le Chronicon rythrnicum ne mentionne pas l’auteur des fonts. La Chronique de 1402 l’identifie à Renier orfèvre de Huy. Assertion contestée par les spécialistes qui s’affrontent sur cet épineux problème de paternité. Mais tous s’accordent à reconnaître la perfection de l’oeuvre et de la technique utilisée, celle de la fonte à la cire perdue.


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : dématérialisation, partage, correction et iconographie | source : Les collégiales liégeoises (n° 5 – Liège : Histoire d’une église, 1991) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © dp.


A Liège, encore…

LIEGE : la collégiale Saint-Denis, une tour forte dans l’enceinte notgérienne

[d’après VISITEZLIEGE.BE] Collégiale fondée en 987 sous l’évêque Notger et intégrée dans le mur d’enceinte de la cité. La collégiale possède la plus ancienne nef romane liégeoise (1011). Seul le chœur a été reconstruit en gothique (XVe siècle). Décor intérieur baroque (fin XVIIIe siècle). On peut y voir le retable de la Passion, sculpture sur bois du XVIe siècle comptant environ 150 figurines, ainsi que les panneaux des volets peints par Lambert Lombard et représentant des épisodes de la vie de saint Denis.

Adresse : Rue de la Cathédrale, 64 à 4000 Liège

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UNE TOUR FORTE DANS L’ENCEINTE NOTGÉRIENNE

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Point stratégique de la rive gauche : c’est là que, passé le pont d’Ile, le bras secondaire de la Meuse rejoint le cours du fleuve. Fondation de Notger (en 987), la collégiale Saint-Denis fait partie du système défensif de la Cité. Voisine de l’enceinte urbaine, la tour massive et haute est une monumentale tour de guet. Comme pour Saint-Martin-en-Mont, le choix de la dédicace ne relève pas du hasard, mais bien de la politique menée par le grand prince-évêque : Denis, premier évêque de Paris, est lui aussi un saint protecteur des princes Robertiens-Capétiens soutenus par Notger.

CONTRASTES EXTÉRIEURS

Le profil curieux de Saint-Denis, au vaisseau bas dominé à l’est par un  choeur élevé (le plus élevé de Liège) et à l’ouest par la haute tour, est le résultat de diverses campagnes de travaux. De l’édifice consacré en 1011 (une première église, consacrée en 990, aurait disparu dans un incendie treize ans plus tard), seuls subsistent la grande nef romane en grès houiller (elle est la doyenne des nefs liégeoises) et le bas du transept. La tour occidentale avec ses deux tourelles d’escalier a été vraisemblablement bâtie au début du XIIe siècle. Le beffroi, en bois recouvert d’ardoises, est généralement daté de la fin du Moyen Age. Le choeur, élevé en pierre de Lorraine entre 1352 et 1429, est la première et la seule étape d’un vaste projet de reconstruction qui n’a pas été mené à bien.

HARMONIES INTÉRIEURES

L’ancienne collégiale a conservé des témoins de chaque époque de son passé. Eglise à visages multiples, elle est à la fois romane, gothique et rococo. Et ces empreintes diverses, heureusement épargnées par les inconditionnels de l’unité de style, viennent d’être remises en valeur par une restauration exemplaire.

LE RETABLE DE LA PASSION

Cent cinquante figurines, parachevées dans les moindres détails, animent ce retable monumental, considéré comme l’un des meilleurs ouvrages de la sculpture brabançonne du XVIe siècle. Jadis placé sur le maître-autel, il se compose de deux parties distinctes : le haut retrace en six tableaux le drame de la Passion, tandis que la prédelle illustre la vie de saint Denis. Si l’ensemble est régi par les règles de l’art gothique, la prédelle fait une large part au décor renaissant. Pareilles diversités, qui apparaissent aussi dans les costumes et le traitement des draperies, permettent de supposer une réalisation en deux temps.

HOMONYMIE FÂCHEUSE

Dès le Moyen Age, Denis, premier évêque de Paris décapité au IIIe siècle avec Rustique et Eleuthère sur le Mons martyrum (Montmartre), a été confondu avec Denys l’Aréopagite, philosophe athénien converti par saint Paul (Ier siècle). Le retable n’échappe pas à la règle et juxtapose les épisodes de leur vie respective.

… ET SES VOLETS PEINTS

Ils étaient douze, peints sur les deux faces. Ouverts (quelle ampleur devait alors avoir le somptueux retable!) ou fermés, ils complétaient les épisodes de la vie du Christ et de la vie “des saints Denis”. Considérés dès 1700 comme le chef-d’oeuvre de Lambert Lombard (1505-1566), ils n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Quatre volets sont conservés dans l’église.

LE BUFFET D’ORGUE LE PLUS ANCIEN DE LIÈGE

Placé au fond de la nef en 1589 (il a imposé la fermeture de la grande baie qui mettait en communication le premier étage de la tour et le vaisseau), il a, de tous temps, fait l’objet des meilleurs soins. S’il a perdu ses volets peints -ils illustraient bien sûr la vie de saint Denis-, il a gardé sa riche décoration typique des années 1600 (masques, bucrânes, mufles de lion) et quelques ajouts (les feuilles d’acanthe) louisquatorziens. Les férus d’iconographie s’attacheront surtout à son avant-corps : la balustrade de la tribune sculptée de saints ermites et le positif surmonté de trois petites statues, saint Denis céphalophore et ses deux compagnons d’infortune, Rustique et Eleuthère.

SAINT DENIS ENCORE ET LA VIERGE OMNIPRÉSENTE

Tout édifice religieux privilégie le culte de son saint patron représenté dans la sculpture décorative, la statuaire et la peinture. Mais à Liège, le culte patronal est partout contrebalancé par le culte marial particulièrement développé. La cathédrale Sainte-Marie-et-Saint-Lambert l’illustrait parfaitement avec ses deux choeurs opposés, dédiés l’un au martyr et l’autre à la Vierge. Dans la collégiale Saint-Denis, la Vierge et l’évêque de Paris étaient également associés et figuraient dès le Moyen Age à l’entrée du
choeur.

SAINT-DENIS, TERRE D’ACCUEIL

Provenant de paroisses supprimées au début du XIXe siècle, plusieurs  oeuvres d’art de grande qualité ont trouvé refuge dans la nouvelle paroissiale Saint-Denis. Parmi elles, la statue miraculeuse de Notre-Dame-du-Pont-des-Arches et la très belle chaire de vérité de l’église Sainte-Ursule.


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A Liège, encore…