LIEGE : la collégiale Saint-Barthélemy, la dernière née des collégiales liégeoises

[d’après VISITEZLIEGE.BELa collégiale. Fondée entre 1010 et 1015 hors les murs de la cité, cette ancienne collégiale, caractéristique de l’architecture rhéno-mosane, fut édifiée, en grès houiller, de la fin du XIe siècle(chœur) aux dernières décennies du XIIe siècle. Remarquable mobilier baroque liégeois. L’intérieur du massif occidental, exceptionnel par ses tribunes, a partiellement retrouvé son allure d’origine.
Les fonts baptismaux. L’église Saint-Barthélemy renferme un des chefs d’oeuvre universels de la sculpture romane, considéré comme une des sept merveilles de Belgique : des fonts baptismaux en laiton (1107-1118) provenant de Notre-Dame-aux-Fonts, l’ancien baptistère de la cité. Cette église, accolée jadis à la cathédrale Saint-Lambert, fut détruite avec elle à la fin du XVIIIe siècle.

Adresse : Place Saint-Barthélemy à 4000 Liège

Afficher sur WalOnMap…

LA DERNIÈRE NÉE DES COLLÉGIALES LIÉGEOISES

Cliquez ici pour télécharger la plaquette. Elle est richement illustrée…

Consacrée le 30 octobre 1015 par saint Héribert, archevêque de Cologne, et Baldéric II, évêque de Liège, l’église SaintBarthélemy est une fondation “hors-les-murs” du grand-prévôt de Saint-Lambert, Godesclac de
Morialmé. Témoin précieux de l’architecture romane de style rhéno-mosan, elle appartient
aujourd’hui à la triste catégorie des chefs-d’oeuvre en péril.

[La plaquette qui nous sert de source date de 1991 : entretemps, la collégiale a été magnifiquement restaurée]

LA GROTTE DE SAINT BERTREMIER

C’est sous ce nom évocateur de mystère que les chartes médiévales  désignent la crypte extérieure aménagée devant le choeur oriental. Il en reste des vestiges. Souterraine ou en hors d’oeuvre , la crypte est fréquente dans les collégiales et les abbatiales du diocèse au XIe siècle. Elle sert au culte des défunts : les restes du fondateur ou les reliques d’un autre saint y sont conservées et sont l’objet de pèlerinages. La crypte de Saint-Barthélemy, ouverte par des couloirs sur les bras du transept, abritait les reliques de saint Ulbert.

A L’OUEST, UN DEUXIÈME CHOEUR

La construction de la collégiale romane s’est achevée vers 1170-1 190 par la réalisation du Westbau. Pour comprendre cet énorme massif de grès houiller, il faut faire abstraction du portail creusé dans l’axe au XVIIIe siècle. L’avant-corps n’était pas un lieu de passage ; il abritait le contre-choeur ou choeur occidental. Son décor de bandes lombardes (bandes verticales en saillie réunies au sommet par une frise d’arcatures) est caractéristique de l’architecture romane en pays mosan.

CHEFS-D’OEUVRE EN EXIL

D’aucuns sont partis, d’autres sont venus enrichir celle qui, sous l’Ancien Régime, était la plus pauvre des collégiales liégeoises.

Lorsque j’ai consenti, Mr le Maire, que le carillon du Val Saint-Lambert fut placé en l’église de Saint-Barthélemy, j’ai cédé aux sollicitations de MM. les marguilliers [membres du Conseil de Fabrique] contre mon intérêt personnel ; car je ne leur dissimulai pas que je donnerais volontiers une somme pour éloigner du lieu que j’habite le bruit monotone et presque insupportable d’un carillon.

Lettre du préfet Micoud d’ Umons au maire de Liège (30 avril 1807)

LES FONTS BAPTISMAUX, MIRACLE DE L’ART MOSAN

Fondus avec un art à peine comparable“, prophétise en 1119 le vers 314 du Chronicon rythmicum. L’ oeuvre la plus célèbre et la plus étudiée du patrimoine artistique liégeois -les fonts baptismaux de Saint-Barthélemy- a jusqu’ici, reconnaissons-le, résisté à toutes les tentatives de rapprochement. N’est-ce pas l’essence même du miracle, “cette chose admirable dont la réalité semble extraordinaire“?

HELLIN

Archidiacre de Liège et abbé de Notre-Dame (1107-1118), Hellin a fait exécuter ces fonts pour son église. Voisine de la cathédrale, l’église Notre-Dame détenait à Liège le droit de baptême. Jusqu’à l’an mil, ce privilège fut même un monopole. Depuis Notger, elle le partageait avec l’église Saint-Adalbert en Ile. Les célèbres fonts seraient, croit-on, un coup d’éclat dans cette “guerre de prestige” que se livrèrent les deux baptistères aujourd’hui disparus.

CHEF-D’OEUVRE D’UN ORFEVRE

Le Chronicon rythrnicum ne mentionne pas l’auteur des fonts. La Chronique de 1402 l’identifie à Renier orfèvre de Huy. Assertion contestée par les spécialistes qui s’affrontent sur cet épineux problème de paternité. Mais tous s’accordent à reconnaître la perfection de l’oeuvre et de la technique utilisée, celle de la fonte à la cire perdue.


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : dématérialisation, partage, correction et iconographie | source : Les collégiales liégeoises (n° 5 – Liège : Histoire d’une église, 1991) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © dp.


A Liège, encore…