LIEGE : la collégiale Saint-Denis, une tour forte dans l’enceinte notgérienne

[d’après VISITEZLIEGE.BE] Collégiale fondée en 987 sous l’évêque Notger et intégrée dans le mur d’enceinte de la cité. La collégiale possède la plus ancienne nef romane liégeoise (1011). Seul le chœur a été reconstruit en gothique (XVe siècle). Décor intérieur baroque (fin XVIIIe siècle). On peut y voir le retable de la Passion, sculpture sur bois du XVIe siècle comptant environ 150 figurines, ainsi que les panneaux des volets peints par Lambert Lombard et représentant des épisodes de la vie de saint Denis.

Adresse : Rue de la Cathédrale, 64 à 4000 Liège

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UNE TOUR FORTE DANS L’ENCEINTE NOTGÉRIENNE

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Point stratégique de la rive gauche : c’est là que, passé le pont d’Ile, le bras secondaire de la Meuse rejoint le cours du fleuve. Fondation de Notger (en 987), la collégiale Saint-Denis fait partie du système défensif de la Cité. Voisine de l’enceinte urbaine, la tour massive et haute est une monumentale tour de guet. Comme pour Saint-Martin-en-Mont, le choix de la dédicace ne relève pas du hasard, mais bien de la politique menée par le grand prince-évêque : Denis, premier évêque de Paris, est lui aussi un saint protecteur des princes Robertiens-Capétiens soutenus par Notger.

CONTRASTES EXTÉRIEURS

Le profil curieux de Saint-Denis, au vaisseau bas dominé à l’est par un  choeur élevé (le plus élevé de Liège) et à l’ouest par la haute tour, est le résultat de diverses campagnes de travaux. De l’édifice consacré en 1011 (une première église, consacrée en 990, aurait disparu dans un incendie treize ans plus tard), seuls subsistent la grande nef romane en grès houiller (elle est la doyenne des nefs liégeoises) et le bas du transept. La tour occidentale avec ses deux tourelles d’escalier a été vraisemblablement bâtie au début du XIIe siècle. Le beffroi, en bois recouvert d’ardoises, est généralement daté de la fin du Moyen Age. Le choeur, élevé en pierre de Lorraine entre 1352 et 1429, est la première et la seule étape d’un vaste projet de reconstruction qui n’a pas été mené à bien.

HARMONIES INTÉRIEURES

L’ancienne collégiale a conservé des témoins de chaque époque de son passé. Eglise à visages multiples, elle est à la fois romane, gothique et rococo. Et ces empreintes diverses, heureusement épargnées par les inconditionnels de l’unité de style, viennent d’être remises en valeur par une restauration exemplaire.

LE RETABLE DE LA PASSION

Cent cinquante figurines, parachevées dans les moindres détails, animent ce retable monumental, considéré comme l’un des meilleurs ouvrages de la sculpture brabançonne du XVIe siècle. Jadis placé sur le maître-autel, il se compose de deux parties distinctes : le haut retrace en six tableaux le drame de la Passion, tandis que la prédelle illustre la vie de saint Denis. Si l’ensemble est régi par les règles de l’art gothique, la prédelle fait une large part au décor renaissant. Pareilles diversités, qui apparaissent aussi dans les costumes et le traitement des draperies, permettent de supposer une réalisation en deux temps.

HOMONYMIE FÂCHEUSE

Dès le Moyen Age, Denis, premier évêque de Paris décapité au IIIe siècle avec Rustique et Eleuthère sur le Mons martyrum (Montmartre), a été confondu avec Denys l’Aréopagite, philosophe athénien converti par saint Paul (Ier siècle). Le retable n’échappe pas à la règle et juxtapose les épisodes de leur vie respective.

… ET SES VOLETS PEINTS

Ils étaient douze, peints sur les deux faces. Ouverts (quelle ampleur devait alors avoir le somptueux retable!) ou fermés, ils complétaient les épisodes de la vie du Christ et de la vie “des saints Denis”. Considérés dès 1700 comme le chef-d’oeuvre de Lambert Lombard (1505-1566), ils n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Quatre volets sont conservés dans l’église.

LE BUFFET D’ORGUE LE PLUS ANCIEN DE LIÈGE

Placé au fond de la nef en 1589 (il a imposé la fermeture de la grande baie qui mettait en communication le premier étage de la tour et le vaisseau), il a, de tous temps, fait l’objet des meilleurs soins. S’il a perdu ses volets peints -ils illustraient bien sûr la vie de saint Denis-, il a gardé sa riche décoration typique des années 1600 (masques, bucrânes, mufles de lion) et quelques ajouts (les feuilles d’acanthe) louisquatorziens. Les férus d’iconographie s’attacheront surtout à son avant-corps : la balustrade de la tribune sculptée de saints ermites et le positif surmonté de trois petites statues, saint Denis céphalophore et ses deux compagnons d’infortune, Rustique et Eleuthère.

SAINT DENIS ENCORE ET LA VIERGE OMNIPRÉSENTE

Tout édifice religieux privilégie le culte de son saint patron représenté dans la sculpture décorative, la statuaire et la peinture. Mais à Liège, le culte patronal est partout contrebalancé par le culte marial particulièrement développé. La cathédrale Sainte-Marie-et-Saint-Lambert l’illustrait parfaitement avec ses deux choeurs opposés, dédiés l’un au martyr et l’autre à la Vierge. Dans la collégiale Saint-Denis, la Vierge et l’évêque de Paris étaient également associés et figuraient dès le Moyen Age à l’entrée du
choeur.

SAINT-DENIS, TERRE D’ACCUEIL

Provenant de paroisses supprimées au début du XIXe siècle, plusieurs  oeuvres d’art de grande qualité ont trouvé refuge dans la nouvelle paroissiale Saint-Denis. Parmi elles, la statue miraculeuse de Notre-Dame-du-Pont-des-Arches et la très belle chaire de vérité de l’église Sainte-Ursule.


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : dématérialisation, partage, correction et iconographie | source : Les collégiales liégeoises (n° 5 – Liège : Histoire d’une église, 1991) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © dp.


A Liège, encore…