LIEGE : Pierreuse

[HISTOIRESDELIEGE.WORDPRESS.COM, 5 novembre 2021, par Claude WARZEE] Le quartier de Pierreuse est situé derrière l’ancien palais des princes-évêques (1) , au-delà de la tranchée et du tunnel ferroviaires (2). Outre bien sûr la rue Pierreuse elle-même (3), il comporte la rue Volière (4), la rue Fond Saint-Servais (5), au Pèrî (6) et la cour des Minimes.

Les origines

La rue Pierreuse est une des plus anciennes voies de Liège ; au début du VIIIe siècle, déjà, elle constitue le point de départ du chemin vers Tongres. Selon Jean d’Outremeuse, les premières habitations auraient été bâties là peu après la mort de saint Lambert en 705, ce site élevé les mettant à l’abri des inondations fréquentes de la Meuse.

On admet généralement que le terme Pierreuse trouve son origine dans la composition du sol de la colline, lequel est exploité pour ses grès et ses schistes houillers. Le prince-évêque Notger, à la fin du Xe siècle, a profité de cette ressource géologique pour ériger une muraille autour de la cité. Neuf siècles plus tard, le creusement du tunnel ferroviaire a permis de redécouvrir d’anciennes carrières.

En outre, depuis les temps les plus anciens, les terrains non destinés à l’extraction de la pierre ou de la houille sont consacrés aux vignobles.

C’est avec une déclivité de 14% que la rue Pierreuse gravit la colline qui mène sur les hauteurs de Sainte-Walburge. On raconte qu’elle a été la première artère empierrée de la cité, pour faire face aux torrents de boue qui dévalaient la pente les jours d’intempérie.

Les premiers habitants de Pierreuse ont été des notables proches de la cour du prince-évêque et des tribunaux, mais aussi des exploitants de carrières et de fosses houillères. S’y sont aussi installées des auberges et brassines (débits de boissons).

Quand la rue s’est peuplée davantage, aux XIIIe et XIVe siècles, elles s’est complétée de divers métiers : boulangers, bouchers, barbiers, pelletiers, tailleurs… et même dentellières au XVIIe siècle.

En octobre 1520, c’est par la porte Sainte-Walburge et Pierreuse que Charles Quint a fait son entrée à Liège, invité par le prince-évêque Érard de la Marck.

La ferme de la Vache

La ferme de la Vache en 1956 © KIK-IRPA

Cette ferme remonte à la fin du XVIe siècle et a été remaniée aux XIXe et XXe siècles. Elle a été classée en 1981.

On raconte souvent que ce vaste domaine de bâtiments, prés et jardins, a été occupé dès 1620 par des Jésuitesses anglaises, remplacées par des Sépulcrines anglaises à la suite de la suppression de leur ordre, en 1630, par le pape Urbain VIII. Ces religieuses y géraient un pensionnat fréquenté par des jeunes filles issues des plus hautes familles liégeoises ou anglaises, un externat étant réservé aux élèves de condition plus humble. Elles ont déménagé dans le faubourg Saint-Gilles en 1650, expulsée de Pierreuse lors de l’aménagement de nouvelles fortifications décidées par le prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière.

Dans un article publié dans la Libre Belgique en juillet 2013, Lily Portugaels s’appuie sur une publication de Bruno Dumont, de l’ASBL Vieux-Liège, pour défendre l’idée que le couvent des Sépulcrines se trouvait non pas sur le site de la ferme de la Vache, mais de l’autre côté de la rue Pierreuse, sur les terres dites du Crexhant (voir ce lien).

L’appellation ferme de la Vache remonte au XVIIIe siècle, époque où prospère l’économie laitière. Le site est devenu, en 1854, la propriété des Hospices civils, puis de l’Assistance publique, avant d’être intégré au patrimoine du CPAS de Liège, qui y développe un projet de réinsertion sociale par le maraîchage biologique.

XIXe-XXe siècle

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, à l’époque de la révolution industrielle, le quartier devient plus populeux. Les brassines, qui pratiquent souvent la prostitution, sont fréquentées par les militaires de la citadelle et contribuent à rendre les lieux ‘mal famés‘ (étymologiquement : de mauvaise réputation). L’escalier de la montagne de Bueren, terminé en 1880, a d’ailleurs été conçu pour permettre à la garnison d’accéder au centre-ville sans passer par la rue Pierreuse, qui lui est désormais interdite.

Au début du XXe siècle, la population reste de condition modeste et compte de plus en plus d’immigrés, tout ce petit monde disposant de ses commerces de proximité. Le quartier est décrit comme pittoresque et cosmopolite. Il intéresse les photographes, qui lui dédient des cartes postales, sur lesquelles les habitants, surtout les enfants, se plaisent à poser.

Barricade

Lieu-dit “Barricade” dans les années 1960 © Ville de Liège

Ci-dessus, le lieu-dit barricade dans la seconde moitié des années 1960 (lieu-dit ainsi nommé en souvenir des grands meetings qui ont fait résonner la rue depuis le XIXe siècle jusqu’aux grandes grèves des années 1960). [Cliquez ici pour lire la suite de l’article et découvrir beaucoup d’autres illustrations…]

Claude Warzée, Histoires de Liège

Merci à Christiane Stefanski pour cette découverte !

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THEUX : la charmille du Haut-Maret (ou Haut-Marais)

[WEEKEND.LEVIF.BE, 17 juillet 2023] Pourquoi cette charmille est-elle considérée comme l’une des plus charmantes d’Europe ? Réponse dans notre série d’été qui dégaine des extraits de l’ouvrage 111 lieux à ne pas manquer en Wallonie. Un must pour frimer lors de vos balades estivales.

Une charmille est une allée constituée de charmes plantés en double rangée et qui se rejoignent pour former un tunnel de verdure. Nommée également « le berceau de La Reid », celle de La Reid est la plus longue d’Europe et est considérée comme l’une des plus belles du continent. L’hiver venu, elle se dégarnit peu : c’est donc un lieu de promenade privilégié et romantique. Cette voûte végétale soutenue par une structure métallique a été conçue par Adolphe Cortin, un forgeron local de l’époque. Elle est composée de plus de 4 500 plants de charmes, qui sont pour la plupart centenaires.

La charmille fut commandée en 1885 par le propriétaire du domaine de Haut-Marais. Il la fit planter entre le hameau de Vertbuisson et Haut-Marais afin d’offrir une promenade à l’abri des rayons du soleil aux visiteurs les plus fortunés venus en séjour à la campagne. Si elle ne fait plus que 600 mètres aujourd’hui, elle était autrefois deux fois plus longue : elle fut endommagée en mai 1940 par les chars allemands – les charmes n’ayant pas été replantés. La charmille tomba peu à peu dans l’oubli, avant d’être classée en 1975, puis restaurée entre 1979 et 1985. Depuis, les étudiants de l’Institut provincial d’enseignement agronomique de La Reid l’entretiennent dans le cadre d’un projet pédagogique qui demande un mois de travail bénévole par an.

En 2016, une liqueur, la Merveille de la Charmille, fut créée à partir des bourgeons des charmes à la suite d’une collaboration entre une coopérative de Theux, Vins et Élixirs de Franchimont, et le syndicat d’initiative de La Reid.

Nicolas BALMET, Le Vif

C’est où ?

Le long du Chemin de Quarreux, à 4910 La Reid (Theux). Plus d’infos auprès du Syndicat d’Initiative de La Reid

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LIEGE : château des Quatre Tourettes (XVIe)

[d’après CYBERLIEGE.BE] Le château des Quatre Tourettes appelé aussi Manoir des Quatre Tourettes est situé à Liège dans le quartier Saint-Léonard, au n°535 de la très ancienne rue Saint-Léonard. Elle se situe à environ 25 mètres en retrait de la voirie actuelle. Longeant la rue, une grille ancrée à deux piliers de pierre calcaire entoure un mur de brique. Un chemin herbeux mène au château.

Érigée en 1512, cette bâtisse est l’une des constructions particulières les plus anciennes de la ville de Liège dont les habitations non religieuses furent pratiquement toutes détruites en 1468 quand les troupes de Charles le Téméraire mirent à sac la ville. Le millésime 1512 est lisible par une inscription figurant sur le portail d’entrée […] La première propriétaire serait une demoiselle Alid Piete de Malle. […] Placée à environ 1,5 km au nord-est et à l’extérieur des remparts de la cité et du fossé Saint-Léonard, cette maison-forte faisait certainement fonction de poste défensif avancé situé le long de la rue Saint-Léonard qui conduisait à Herstal sans doute depuis le VIIIe siècle.


[CONNAITRELAWALLONIE.WALLONIE.BE] Située en retrait au fond d’une cour pavée, cette habitation exceptionnelle est datée de 1512 par un texte gravé autour de l’arc du portail d’entrée. Primitivement entouré de douves, l’ensemble en briques et calcaire a conservé son plan rectangulaire ainsi que bon nombre de ses attributs défensifs.

Élevé sur deux niveaux, le bâtiment est cantonné à l’angle sud-ouest d’une tourelle circulaire ornée de lésènes en partie supérieure. Les autres angles sont limités par des chaînes harpées jusqu’à la naissance des échauguettes (petites tourelles d’angle), protégées à l’origine par des poivrières (toits coniques). Les quatre éléments corniers sont percés de meurtrières.

La façade principale, au sud, présente deux larges travées percées à l’étage de baies à croisée dont les jours sont légèrement intradossés. Les piédroits sont chaînés et les appuis sont soulignés d’une fine moulure se prolongeant en bandeau ceinturant l’édifice.

Au rez-de-chaussée à gauche, le portail en plein cintre s’inscrit dans un encadrement rectangulaire. On y remarque encore la feuillure du pont-levis, c’est-à-dire l’entaille pratiquée dans l’épaisseur du mur qui recevait le tablier (partie mobile du pont-levis).

Une large clé armoriée surmonte l’inscription qui date l’ensemble :

Damoisel Alid Piete de Malle
l’an mil ccccc et XII
a faiect faire cte maison

Les autres faces, transformées, conservent plusieurs baies à traverse. Le bâtiment est couvert d’une toiture en bâtière de tuiles à coyaux et la tourelle, d’une toiture en terrasse.

Institut du Patrimoine wallon

Classé le 16 mars 1965

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[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : compilation, partage, correction et iconographie | source : Institut du patrimoine wallon ; cyberliege.be ; connaitrelawallonie.wallonie.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © cyberliege.be.


A Liège, encore…

DUBOIS & HELEN : Le pays de Liège (1997)

De Liège à Verviers et de Verviers à Seraing, le cœur de la province de Liège bat au rythme de l’industrie et du tourisme. La région tente de prendre un nouvel envol en jouant de sa situation privilégiée au confins de trois pays et de trois langues. Traversé par la Meuse, l’Ourthe et la Vesdre, le bassin liégeois était au Moyen Âge un centre intellectuel et religieux de la plus haute importance avant de brûler au rythme des charbonnages.

Le charbonnage d’Argenteau-Trembleur fut mis en exploitation de 1816 à 1980. Dans le musée de la Mine, d’anciens mineurs emmènent les visiteurs dans les galeries d’exploitation, les installations de surface et les salles d’exposition retraçant l’histoire des techniques minières.

Localité éponyme du célèbre Pays et du fromage, la visite de Herve peut se limiter à celle de l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste. Le massif clocher en pierre est un donjon du XIIIe siècle aménagé au XVIIe. Autour de l’église subsistent plusieurs maisons des XVIIe et XVIIe siècles.

Née de la Vesdre, Verviers se remet doucement de la mort de l’industrie lainière qui fit sa richesse. La chapelle Notre-Dame-des-Récollets renferme une chaire de vérité, des confessionnaux du XVIIIe et une Vierge noire miraculeuse. La chapelle Saint-Lambert (XVIIIe-XIXe) exhibe fièrement un beau mobilier Louis XIV. Veillant sur la place du marché, l’élégant hôtel de ville Louis XVI avec son avant-corps saillant, ses colonne corinthiennes, son tympan et sa tourelle est un sommet de l’architecture principautaire. Le musée d’Archéologie et de Folklore est installé dans l’ancienne demeure du bourgmestre Joseph Cornet (1757) à la belle façade Louis XV ; l’Hôpital nouveau (1668) abrite les collections du musée des Beaux-Arts et de la Céramique ; les locaux de l’école  supérieure textile accueillent le prémusée de la Laine.

Plus rien ne permet de supposer que le village perché de Limbourg ait été le centre d’un puissant duché. Si la forteresse a été démantelée, la rue principale est bordée d’un ensemble de très belles maisons du XVIIe.

Clermont-sur-Berwinne mérite une halte prolongée. Placée sur une motte près de l’ancien château, l’église gothique Saint-Jacques-le-Majeur servit de refuge aux habitants de l’alleu avant d’être reconstruite entre 1628 et 1632. Tout autour de la mairie, qui remplaça en 1888 l’ancienne halle aux plaids, la place du village aligne des maisons Louis XIII, XIV et XV. Du premier château de Clermont, subsistent une butte, les traces des douves et un joli porche gardé par une tour ronde. Un peu en dehors du centre, le château-ferme de l’Aguesse en Renaissance mosane combine un beau logis et une forte grange. En contrebas, le petit château de Crawhez (1551 ) est parvenu intact avec sa façade de brique et de pierre, ses pignons à redents, son toit asymétrique et ses curieuses boules de pierre.

Les bâtiments (XVIIe-XVIIIe) de l’abbaye Notre-Dame de Val-Dieu, fondée en 1216 par des moines cisterciens, dégagent une impression de calme. L’église néogothique recèle les stalles Renaissance de l’abbaye de la Paix Dieu d’Amay . De l’autre côté de la route, l’ancien moulin de l’abbaye possède toujours sa roue et son mécanisme.

Symboles des querelles linguistiques nationales, les Fourons sont une enclave limbourgeoise en province de Liège. Cela mis à part, les paysages bucoliques respirent le calme. À Fouron-Saint-Pierre, la belle commanderie de l’Ordre teutonique en Renaissance mosane dépendait d’Alden Biesen. Une agréable promenade conduit à la ferme et au castel Notre-Dame à Teuven, puis à Beusdaal dont le gros donjon en grès, les bâtiments à colombages et les douves forment un tableau qui mérite le détour.

Port fluvial situé au débouché de la Meuse, Visé est renommée pour son riche folklore et sa célèbre recette de l’oie. L’incendie du 10 août 1914 a épargné le chœur de la collégiale Saint-Martin qui abrite la châsse de saint Hadelin emportée de Celles. Le remarquable hôtel de ville mosan (1613) n ‘a pas eu cette chance, mais a été restauré en 1935.

À Seraing, meurt lentement l’une des entreprises les plus renommées du pays, les Cristalleries du Val-Saint-Lambert [en-tête] installées dans une ancienne abbaye cistercienne. Seule la salle capitulaire (XIIIe) a été restaurée ; les autres vestiges s’écroulent lentement, à côté de bâtiments industriels du XIXe.

Flémalle, le château de Chokier © Bert Beckers

Simple bourgade située aux confins de la Hesbaye, du sillon mosan et de l’agglomération liégeoise, Flémalle comprend plusieurs châteaux : le château du XVIIe ceints de douves occupé par la maison communale, le château de Hautepenne qui conjugue une aile Renaissance mosane et une austère tour médiévale en grès et surtout le château d’Aigremont érigé en même temps que la chapelle baroque Saint Mathieu (1715). Il arbore une façade classique avec des frontons triangulaires et une subtile alternance de travées en saillies soulignées par des chaînages de pierre. Le château Chokier, autre donjon médiéval transformé en demeure de plaisance, est construit à fleur de falaise. Du paysage industriel émergent la vieille tour Dame-Palade (XVIe) et l’église de Chokier (XVIIIe) au riche mobilier.  Explorée en 1911, la grotte de Ramioul a ajouté à ses deux étages aux riches concrétions un musée moderne et vivant, le préhistosite. Le visiteur pénètre dans un campement paléolithique et peut expérimenter les techniques utilisées par nos ancêtres.


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Cet article est extrait de l’ouvrage de Martine Dubois & Luc Helen, Belgique, une encyclopédie pratique, aujourd’hui indisponible, si ce n’est en antiquariat. Dans notre documenta, vous pouvez en télécharger une copie scannée avec reconnaissance de caractères. Vous y trouverez les adresses de contact des différents sites remarquables, tels qu’en… 1997, ainsi que les liens vers d’autres chapitres transcrits au départ du livre.

LIEGE : rue du Pont

Trait d’union entre la rue de la Cité et la place du Marché, la rue du Pont fut, jusqu’en 1875, année du percement de la rue Léopold, la principale voie de  communication entre le centre de la ville et Outremeuse. Au milieu d un quartier à l’intense activité commerciale, la rue du Pont est parallèle à la rue de la Goffe et à Neuvice, agréable voie piétonne.

Rue du Pont vers 1895 © Musée de la Vie wallonne

Toutes trois sont reliées par la rue de la Boucherie et la venelle du Carré, appelée jusqu’au XVIe siècle ruelle “Malprové”. En 1590, elle devint “ruelle dite du Quarreit” puis “du Quarré” et, enfin, “du Carré”, altération du nom d’un ancien habitant de l’endroit. L’étroite ruelle, souvenir de voies resserrées du moyen-âge, est bordée de hauts murs ouverts de portes basses, issues secondaires des magasins voisins.

Le passant ne remarque pas toujours la façade n° 6 : les allèges raidies de croix de Saint-André et les baies à croisée de bois font de cette construction un excellent témoin de l’architecture de style mosan, en colombage et briques. La maison porte une date fraîchement peinte : 1690.

Le chroniqueur liégeois du XIVe siècle, Jean d’Outremeuse, relate que la rue, bâtie sur des arcades et des voûtes, servait elle-même de pont, ce qui aurait déterminé le nom de l’endroit. C’est peu probable, car aucun cours d’eau couvert n’existait à cet endroit. Cependant, une branche de la Légia parcourait la rue du Pont sur toute sa longueur, coulant en son milieu, dans une espèce de canal à ciel ouvert qui subsistait dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

Remarquable alignement de façades homogènes de la rue du Pont (1938) © Musée de la Vie wallonne

La rue est peut-être légèrement antérieure à la construction du premier pont des Arches réalisée sous l’épiscopat de Réginard (1025 – 1038) : en effet, une charte de 1026 cite comme témoin Lietminne de Ponte, certes un des plus vieux habitants de la rue. Celle-ci doit son nom à ce premier pont qui, posant sur sept arches en grès houiller, fut détruit en 1410 à la suite d’une forte inondation et son emplacement se modifia quelque peu. A l’origine, il se situait dans le prolongement de la rue, la reliant à la Chaussée-des-Prés. En 1911 , la première arche fut mise à jour dans la de la Cité, la seconde subsiste la cave du bâtiment portant le n°2, impasse du Vieux Pont des Arches (pour l’histoire du pont, consultez : Jean Lejeune, Les Van Eyck , peintres de Liège et de sa cathédrale, p. 127 et suivantes).

La rue du Pont était fermée, vers la rue de la Cité, par un arvô, entrée charretière, qui subsistait au XVe siècle. Elle occupait une situation privilégiée dans la vie économique de la Cité, à proximité du quai de la Goffe où arrivaient, par bateaux, le sel et de nombreuses marchandises. Comme de nos jours, la rue était bordée de magasins. Jean d’Outremeuse signale surtout les…

…fabricants et débitants d’instruments en bois tels que : cuillères, escuelez (écuelles), tailheurs (plats sur lesquels on coupe les viandes), saiserons (salières) et fiseais (fuseaux). On y voyait aussi des marchands de cordes, proches de la Goffe, des marchands de semences et des pots d’étainier…

cité dans Théodore Gobert, Les rues de Liège

Véritables publicistes, les marchands d’étains installés au Cheval d’Or à l’angle de la rue du Pont et du quai de la Goffe lancent en 1770 l’avis suivant :

Les Sieurs Evrard, Daiwail et Englebert, tous trois anciens Maîtres et Marchands potier d’étain, demeurant dans la rue du Pont, paroisse Sainte-Catherine, à Liège, donnent avis que, s’étant associés, l’on trouve maintenant chez eux, telles vaisselles qu’on souhaite, imitant celles d’argent du dernier goût, en oval et en rond , à contours et autres, en étain d’Angleterre ou la Rose, à aussi juste prix qu’on les peut tirer de l’étranger.

Aujourd’hui, le promeneur attentif peut retrouver dans la rue le même type de commerce. L’origine de la dénomination de la voie remonte au XIe siècle ; une certaine pérennité se retrouve dans son activité. Que reste-t-il du visage de la rue après les nombreux bouleversements qui marquèrent la ville et le quartier ?

Comme partout ailleurs, le sac de la Cité par Charles le Téméraire en 1468 ne laissa que ruines en la rue du Pont. En juin 1691, le maréchal français de Boufflers bombarda le quartier. Les boulets lancés de la Chartreuse incendièrent des centaines d’habitations dans le quartier de la Goffe ; l’hôtel de la Violette est un des premiers édifices détruits. Etienne Hélin fait justement remarquer que “comme la dévastation est limitée à un bande relativement étroite, les circonstances sont favorables à une reconstruction ordonnée. C ‘est bien ce que comprirent les contemporains et l’Historia leodensis les montre animés du désir de reconstruire ce que le feu avait consumé. Ils avaient le projet d’élargir les rues du quartier et ils élaborèrent un plan pour les travaux de première urgence” (Etienne Hélin, Le paysage urbain de Liège). La rue du Pont fut, comme ses voisines, reconstruite très rapidement et élargie entre 1691 et 1697.

Avant d’examiner la trentaine de maisons anciennes que conserve la rue, penchons-nous, comme le fit Théodore Gobert, sur quelques immeubles disparus.

Maison au coin de la rue du Pont et de la Boucherie vers 1880 © Musée de la Vie wallonne

Citons, par exemple, à l’angle de Féronstrée et de la rue du Pont, la Halle et la Boucherie des Vignerons démolie en 1839. Les bêtes attendaient leur tour d’exécution, à la suite l’une de l’autre, dans la rue. La boucherie était trop exiguë pour contenir tout le bétail.

A l’angle de la rue de la Boucherie, une belle demeure, témoin de  l’architecture gothico-renaissance, fut démolie en 1884. En maçonneries mixtes, chaînés aux angles, les deux étages posaient sur un haut rez-de-chaussée percé de deux portes en plein cintre, des cordons-larmiers manquaient les niveaux éclairés de baies au linteau en accolade. Une frise de briques bordait la bâtière fort raide à croupe couverte d’ardoises.

Derrière cette habitation , se trouvait l’hospice fondé par Jean Mostard en 1336. Il était le fils de Jean de Velroux, dit Mostard ou Mostarde, l’un des principaux bourgeois de Liège et bourgmestre en 1309.

Au XIVe siècle, nombreux étaient les voyageurs qui désiraient séjourner en ville. Les hospices des Capucins, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Julien entre autres ne suffisaient plus à héberger les malheureux sans toit. Jean Mostard légua plusieurs maisons et de nombreuses rentes pour assurer le bien-être et la survivance de l’hospice, dédié à la mère du Seigneur. Mais les Liégeois l’appelèrent surtout “hospice à la Moutarde“. Une chapelle desservait cet établissement qui accueillait les malheureux pendant trois nuits. Hébergés, ils étaient aussi nourris : du pain et du fromage accompagnés d’un pot de bière. Comme nous l’avons dit, cet hospice n’avait pas de façade à rue. Construit aux dépens de jardins, on y pénétrait par une allée en forme de corridor, certains bâtiments cependant s’ancraient vers la rue de la Boucherie. Après la mort de son fondateur, l’asile continua sa mission. En 1686, un texte nous raconte :

…on y reçoit les pèlerins de Saint-Jacques et de Notre-Dame de Lorette, y ayant sept lits pour les loger. L’on y chauffe aussi de pauvres pendant l’hiver et, avec ce qui reste, on distribue tous les ans aux pauvres de la paroisse Saint-André, au Noël et le jour du vendredi saint, du pain et une pièce d’argent à chaque, et cela par ordre des mambours de la dite église paroissiale.

Sous la Révolution française, les bâtiments devinrent propriété de la République. L’institution était complètement fermée le 13 juin 1797, les revenus allèrent à la commission des hospices civils.

Enseigne Au coq d’Or, de la rue du Pont, n’ 23, située déjà en 1560 © Musée de la Vie wallonne

De nombreuses enseignes animaient la rue, témoins du goût artistique et populaire de nos corporations. Le prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière avait ordonné en 1657 que “toutes les enseignes de maisons, au lieu d’être suspendues, fussent retirées et appliquées contre les murailles dans le terme d’un mois...” C’est à ce moment-là que se multiplièrent au-dessus des commerces les enseignes en pierre sculptée. Th. Gobert et Ch. Bury, l’amoureux des enseignes liégeoises, nous énumèrent celles de la rue du Pont. Voici notamment la Main bleue, le Mouton noir, la Croix d’or, le Soleil, aux trois Mouettes, l’Ange d’or, aux Trois Harengs, le Cheval blanc, le Perron d’or, les Trois couronnes d’Or, le Coq d’Or, la Balance, le Lion rouge, le Bethléem… : sujets religieux, thèmes allégoriques, emblèmes naïfs ou parlant qui donnaient à la rue sa couleur et sa physionomie.

Laissons là les souvenirs. La rue du Pont conserve encore la plupart des nombreuses façades anciennes qui retracent deux siècles d’architecture liégeoise.

Le XVIIe siècle est figuré dans la rue par le n° 22, témoin de la construction en briques et colombage. Si le rez-de-chaussée est défiguré, les trois étages de hauteur dégressive, en légère saillie, sont intacts : les fenêtres, jadis à croisée de bois, sont entourées de croix de Saint-André. Six petites ouvertures se répètent sous la corniche à cymbales , semblable à celle de la maison Havart et du palais Curtius. Une haute toiture à double versant, couverte d’ardoises, coiffe la maison. En face de cette demeure, s’ouvre la rue de la Boucherie dont le côté droit offre un remarquable alignement de façades également en pans de bois, aux étages à « sèyeûte » ou encorbellement.

Du style Renaissance mosane, la rue conserve peu de souvenirs. Nous citerons en exemple le n° 48, mélange d’éléments de tradition médiévale comme la croisée ou le meneau de fenêtres en calcaire et la bâtière raide et des caractéristiques autres : maçonneries mixtes, les niveaux de proportion dégressive et la présence d’arc de décharge. Dans la seconde moitié du siècle, comme ici, les corniches à cymbales firent place peu à peu à de simples corbeaux de bois équarris.

Enseigne Au Perron d’Or (1687), de la rue du Pont, n’ 19, servant actuellement de support à l’armature d’une enseigne moderne. Façade ornée de linteaux finement sculptés et de quatre rosaces en faible relief © Musée de la Vie wallonne

Mais voici la fin du XVIIe siècle et 1691, date fatidique pour la ville, marque un tournant dans l’évolution de l’architecture civile. C’est l’époque, nous l’avons remarqué, d’une reconstruction rapide et intensive, caractérisée par l’emploi généralisé du calcaire et un abandon partiel des styles locaux avec le rejet de la croisée de pierre. La rue garde deux témoins de cette époque : le n° 19 à l’enseigne du Perron d’Or, datée de 1687 et le n° 25 Au Coq d’Or. Dès l’abord, un élément nouveau est significatif : la sculpture est intimement mêlée à l’architecture. Au niveau des allèges, c’est-à-dire sous le seuil des fenêtres, d’habiles sculpteurs représentent des rinceaux de feuilles d’acanthe, des grappes de fruits, des couronnes de laurier, des palmes agrémentées de rubans. Albert Puters (Architecture privée au pays de Liège) voit dans ce nouveau goût liégeois l’ influence du sculpteur Jean Del Cour (1627-1707) et il suppute la trace de son ciseau dans les façades de la rue du Pont, façades de calcaire où l’on ne sait s’il faut plus admirer la qualité du motif ou la sobriété de la réalisation. Toute proche, Neuvice présente encore quelques très beaux témoins de cette façon de construire à la charnière des XVIIe et XVIIIe siècles.

Voici la première moitié du XVIIIe siècle. Le visage des maisons se modifie et s’éclaire. Au début, l’influence du style mosan est forte : des cordons dans le prolongement des croisillons disparus accentuent l’horizontalité des façades. Les piédroits des baies se prolongent enserrant les allèges qui de plus en plus seront ornées de cartouches aux coins écornés. Une modification importante intervient aussi dans le linteau des fenêtres, maintenant frappé d’une clé. La rue du Pont nous en offre un bel exemple en la maison portant le n° 9 et datée de 1720. Les trois étages sont largement éclairés de fenêtres jointives au linteau simulant tas de charge, les piédroits sont coupés de refends, enserrant un seuil mouluré. Entre les cartouches écornés, l’enseigne présente un mouton noir, de belle qualité. Tout le long de la rue, l’évolution architecturale s’illustre : ici, au n° 4, les linteaux s’échancrent, c’est le milieu du siècle ; là, une clé devient passante (n° 14)…

Une maison également du XVIIIe siècle, le n° 43, en calcaire peint, présente  encore au passant deux enseignes : l’une agrémentée de deux épées croisées et enrubannées, l’autre frappée d’une colombe entourée de rayons, peut-être le Saint-Esprit ? Selon Th. Gobert, cette maison fut souvent rebaptisée A l’épée, Au nom de Jésus au XVIIIe siècle, Au Saint-Esprit, toujours au XVIIIe siècle et enfin A la Croisette au XIXe siècle.

La longue demeure portant le n° 26-28 remplace deux maisons : celle du Pourceau d’Or du XVIe siècle à 1660 et une autre A l’Etoile et A l’Axe du Moulin, dès le XVIe siècle. Aujourd’hui, c’est une longue demeure construite vers le milieu du XVIIIe siècle. La façade à rue est entièrement en calcaire. Au-dessus du portail primitif disparu lors de l’aménagement d’un magasin, une belle baie en arc en plein cintre s’orne d’une clé accostée de guirlandes.

Notre promenade architecturale se termine dans cette rue qui présente aussi des témoins du XIXe siècle et du XXe. Quittons-la sur cette vue de 1895 (ci-dessous). A l’aube d’un siècle trépidant, deux charmantes jeunes filles font leurs emplettes à la Cloche d’Or, un petit chien noir au milieu de la rue ne craint pas les calèches. Regardez ce jeune dandy, en face de la Pipe d’Or : il brandit fièrement une canne, protégé des ardeurs du soleil par un canoter enrubanné. Attardons-nous un instant devant les deux vitrines de gauche : porcelaines, verreries et cristaux exposés à la vue de tous, attirent le passant…

Ann CHEVALIER & Marie-Ange REMY

Vue de la rue du Pont vers 1895 en pleine animation © Musée de la Vie wallonne

      • Charles BURY, Les enseignes liégeoises en pierre sculptée, dans le  Bulletin de la Société royale le Vieux Liège, n° 158, t. VIII, juillet-septembre 1967.
      • Théodore GOBERT, Liège à travers les âges. Les rues de Liège, t. V, Liège, G. Thone, 1928.
      • ETIENNE HELIN, Le paysage urbain de Liège avant la révolution industrielle, Liège, Ed. de la Commission communale de l’Ancien pays de Liège, 1963 (Coll. • Documents et Mémoires », fasc. VI).
      • L’Inventaire du Patrimoine monumental de la Ville de Liège. Liège, Soledi, 1974.
      • Jean LEJEUNE, Les Van Eyck, peintres de Liège et de sa cathédrale. Liège, G. Thone, 1956.
      • Albert PUTERS, Architecture privée au pays de Liège. Liège, Printing C0, 1940.

© Colette Troisfontaine

 

L’intégralité du magazine La Vie liégeoise n°10 d’octobre 1974, d’où est extraite cette fiche de notre topoguide, est disponible au téléchargement (PDF avec reconnaissance de caractère) dans la documenta

 

 

 


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LIMBOURG : classé plus beau village de Wallonie (2022)

[RTBF.BE, article du 8 juin 2022] Gros plan sur une rénovation dont le financement est plutôt inhabituel. La Ville de Limbourg en région liégeoise est fière de faire partie des plus beaux villages de Wallonie. Et le lieu sera encore plus attrayant avec la rénovation de la place principale. Les travaux sont terminés et ils ont en partie été payés par les habitants qui pouvaient acheter quelques mètres carrés de pavés.

Participation citoyenne

Comme je suis née le 24 décembre, explique Huberte Braham, habitante de Limbourg depuis l’âge de 9 ans, à Noel, sur l’arbre j’ai eu un beau cadeau. Un de mes fils m’avait acheté un pavé. C’était vraiment une surprise. J’étais émue“. Elle possède désormais un pavé à son nom sur la place de son village, juste devant la maison dans laquelle elle a vécu durant des années.

La rénovation de cette place à coûté 1.5 million d’euros. La Wallonie et l’Europe ont financé une grande partie des travaux. Les habitants ont, eux, pu acheter 1 mètre carré pour une valeur de 134 euros.

Il n’y a pas que des habitants, souligne la bourgmestre de Limbourg. Cela a quand même été soutenu par des personnes qui habitaient à l’extérieur de la commune. Et donc on a rassemblé plus ou moins 60.000 euros de fonds grâce à cette opération. C’est une petite goutte d’eau symbolique, mais qui, je pense, à permis à donner de la crédibilité à la place, de permettre aussi d’avoir une visibilité un peu créative car c’est une opération qui n’a pas lieu partout et certainement pas en Wallonie.

Pour la rénovation, il a fallu rajouter 2/3 des pavés. Ceux-ci ont été péchés directement dans la Vesdre. Limbourg fait partie des plus beaux villages de Wallonie. Alors, ici, les week-ends, il y a du monde. Et c’est parfois compliqué pour les habitants, comme l’explique Véronique Klein, riveraine : “On a énormément de touristes qui ne respectent pas forcément les parkings extérieurs du village. On a donc vite une place encombrée de véhicules. Beaucoup d’enfants jouent sur la place et on a la crainte évidemment qu’il se passe quelque chose.

Les autorités ont conscience du problème, confirme l’échevin du tourisme à Limbourg : “Au-dessus de la place, dans le cadre de la rénovation, on a posé des potelets rétractables qui pourront empêcher les voitures de venir stationner pendant les périodes d’affluence touristique. Les riverains pourront continuer à stationner sur la place. Un jour par mois, ceux-ci ne seront pas autorisés à stationner. Ce sera un jour sans voiture. La place sera encore plus belle.

La volonté est de redonner une vraie dynamique au village. Et ce sera aussi grâce à Huberte, à George, à Paul et à tous les autres.

D’après Marie Bourguignon, RTBF.BE

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COINTE : Villa “L’Aube” de Gustave Serrurier-Bovy

La villa L’Aube de Gustave Serrurier-Bovy est située dans le Parc de Cointe,  2 avenue de Cointe à B-4000 Liège.

© Guy Focant

Construite en 1903 sur les hauteurs de Cointe, la villa L’Aube constitue un des rares témoins de la production de l’architecte Gustave Serrurier-Bovy, plus connu pour son mobilier et ses aménagements intérieurs. Cette habitation personnelle constitue le manifeste artistique de Serrurier-Bovy qui rompt avec les villas anglaises alors à la mode et dessine un volume homogène sous une toiture en bâtière à larges débordements, ouvert sur le jardin. Les percements variés reflètent la disposition intérieure des pièces et seuls se détachent un auvent, la véranda de la salle à manger, la terrasse couverte ou la loggia du bureau. L’Aube, qui donne son nom à l’habitation, est représentée sur la façade ouest dans une mosaïque exécutée d’après un carton d’Auguste Donnay. Elle constitue le seul élément qui ne porte pas directement la signature de Serrurier-Bovy, au cœur de ce qu’il faut comprendre comme une œuvre d’art total. L’aménagement intérieur est pensé dans tous les détails d’une décoration faite entre autres de vitraux figuratifs ou géométriques, de bandeaux de brique vernissée ou de mosaïques géométriques de sol. Le mobilier dessiné par le premier propriétaire de l’Aube porte enfin la trace du goût de son concepteur pour les lignes simples et la géométrisation des formes, dispositions qui annoncent à leur manière l’Art déco. [Institut du Patrimoine wallon sur CONNAITRELAWALLONIE.WALLONIE.BE]

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MY : le vieux tilleul

Chaque année, un arbre remarquable est désigné “arbre belge de l’année” au terme d’un concours. Les résultats seront connus le 15 octobre prochain et parmi les 5 finalistes figure le vieux tilleul du village de My, dans la commune de Ferrières. Un arbre âgé de 600 ans, de 20 mètres de haut pour une circonférence de tronc de 4 mètres qui fait la fierté des habitants.

Il trône fièrement au centre du village et en constitue une sorte de rond-point naturel. Alors, quand ils ont appris l’existence de ce concours, y présenter leur vieux tilleul a été une évidence pour les habitants, dont Anne Jarbinet : “Pour sa particularité, pour son tronc creux. On le trouve assez particulier donc nous avions envie de le faire participer au concours. Pour nous, il est exceptionnel et il y a un vrai attachement des habitants. J’ai toujours entendu parler du vieux tilleul de My et il y a même une rue qui porte son nom“, explique-t-elle.

C’est que ce vieux tilleul rappelle de nombreux souvenirs : “Je suis né ici à My et je l’ai toujours vu. Quand j’étais enfant, je me rappelle qu’il y avait trois panneaux autour, avec un sens giratoire. On devait tourner autour et nous, les enfants, on passait en dessous parce qu’il est creusé sur le bas et tout le tronc est creux de haut en bas. A l’intérieur du tronc, on faisait de l’escalade, de la spéléo, on cherchait. A l’époque, on n’avait pas de GSM pour jouer, on le faisait dans un arbre du village“, se rappelle José Godefroid.

Marie-Louise Romain est une des plus anciennes habitantes du village. Sa grand-mère lui en parlait déjà : “Ma grand-mère, qui était née en 1874, nous racontait toujours qu’on y avait pendu des personnes. Mes parents disaient toujours aussi que de leur temps, les jeunes allaient se bécoter dans le tronc du vieux tilleul, et au printemps, il parfume tout le centre du village“, se remémore-t-elle.

Qu’il gagne ou non le titre, pour les habitants de My, le vieux tilleul est en tout cas leur arbre de cœur.

Olivier Thunus

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MELEN : les charmes noués d’un jardin sur le plateau de Herve

Le jardin anglais d’Emmanuel del Marmol est situé au 16 du lieu-dit Sonkeu à B-4633 Melen [melɛ̃]. Anciennement écrit “Mélin”, Melen fait partie de la commune de Soumagne, dans le Pays de Herve, en province de Liège.

Sur le plateau de Herve, un ancien verger est devenu un vaste jardin. Durant le mois de mai, les couleurs sont abondantes. Les floraisons des arbustes décoratifs se mêlent aux teintes des jolis feuillages. Les charmes qui ont noué leurs branches devant l’entrée du jardin est un bel élément du petit patrimoine du Pays de Herve. La chapelle et son dôme de ramures était bien sûr déjà présente.
Nous sommes à la mi-mai. Jour après jour, le paysage formé par les arbustes se transforme. L’espace ne manquait pas sur le côté et à l’arrière de la maison pour constituer ce long parterre en courbes, soulignées par une bordure de pensées. Dans ces rondeurs, les azalées et les rhododendrons se mélangent. Leurs corolles tantôt claires, tantôt plus foncées, dessinent un tableau lumineux. Plus tard dans la saison, le jaune tendre des érables sera devenu vert pâle, avant d’offrir de l’orange vif, l’automne venu.

Le terrain forme maintenant un vaste plateau. C’est dans une ambiance  sous-bois que les azalées fleurissent parmi d’autres arbustes au pied des troncs. Des rhododendrons ont constitué des fourrés denses. Ils se plaisent bien sous les hauts arbres qui leur offrent de l’ombre durant les journées chaudes de l’été. En pleine lumière, cet arbre qui se dresse au milieu du sentier enherbé a reçu un compagnon. Au sommet des tiges, on perçoit déjà les boutons qui épanouiront des roses. Dans le sous-bois, le soleil fait briller les corolles bleu ciel, en délicates clochettes, des jacinthes. Elles s’élèvent parmi les fleurs de l’ail des ours. [d’après RTBF.BE]

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L’article propose également des clichés des plantes suivantes :

        • Rhododendron luteum
        • Koelreuteria paniculata
        • Acer palmatum ‘Aureum’
        • Enkianthus campanulatus
        • Hyacinthoides non-scripta
        • Allium ursinum
        • Choisya x dewitteana ‘Aztec Pearl’

Le maître des lieux, Emmanuel DEL MARMOL est né en 1938 à St-Gilles. Après 38 ans de carrière commerciale dans les assurances, il a terminé comme cadre supérieur à la Royale Belge. Père de trois enfants, veuf, il habite en Pays de Herve où il ouvre son jardin anglais une fois par an, au public. En 2010, il commence la sculpture à l’atelier de V. Kalitventzeff ; d’abord par des personnages et des nus en terre, puis des animaux. En 2017, à l’atelier ouvert d’Eléonore de Moffarts, il se spécialise dans les vols d’oiseaux en cire. Ses sculptures animalières sont en bronze ou en résine. [d’après ANIMALARTBRUXELLES.COM]


Ailleurs en province de Liège…

LIEGE : Violette (la -)

Traditionnellement appelé La Violette (probablement d’après l’enseigne de la maison qui accueillait le conseil de la cité au Moyen âge), le bâtiment est l’ancien Hôtel Communal où les échevins, dès 1480, élaborèrent l’indépendance de leur cité liégeoise. C’est aussi là qu’avaient lieu les cruelles exécutions publiques, avant que l’endroit des hautes œuvres ne fût transféré au pied de Haute-Sauvenière. Reconstruit après le sac de Charles le Téméraire (fin XVe siècle) et réédifié à nouveau au XVIIIe siècle suite à sa destruction par les troupes françaises (e.a. bombardement français de 1691), l’actuel Hôtel de Ville, dans les lignes simples et pures du style “liégeois” d’alors, était achevé en 1718. À l’intérieur, de remarquables décors d’époque (atlantes…). Pour en savoir plus et organiser votre visite, surfez sur VISITEZLIEGE.BE