Cointe & la “Pax Romana” (CHiCC)

“En 57 avant Jésus-Christ, c’est en utilisant les voies gauloises que les Légions de Jules César progressèrent en Gaule. Ce ne fut certes pas sans peine, car les Belges leur donnèrent du fil à retordre ! Et en l’an 51 avant Jésus-Christ, quand Ambiorix et ses Éburons en révolte prennent Atuatuca, César dépêche aussitôt ses légions vers le lieu du forfait pour mater la révolte. Nul doute qu’alors quelques cohortes venant de l’Ardenne ou du Condroz empruntent notre TCHINROWE et notre CHERA pour gagner la Hesbaye au plus vite. Nous savons la suite : Ambiorix doit fuir et l’Eburonie est mise à feu et à sang. En l’an 24 avant Jésus-Christ, la Gaule étant pacifiée, la “Gallia Belgica” devient province de l’Empire. Elle connaîtra durant quatre siècles, la Paix Romaine. Pour maintenir l’ordre aux nouvelles frontières, il faut des voies rapides pour faciliter les mouvements de troupes. Bientôt un vaste réseau de chaussées sillonne la Gaule, permettant aussi le développement du commerce et l’établissement de grandes exploitations agricoles, les villas. Alors, nos deux chemins seront améliorés et bien entretenus certes, mais ne seront plus que des voies secondaires… Ils sont remplacés par deux grandes chaussées partant de Tongres. La première, Tongres-Metz passe par Lauw, Noville, Jehay, Amay, Arlon , Metz.
La seconde, Tongres-Belo passe par Paifve, Juprelle, Vottem, Jupille, Romsée, Vaux-sous-Chèvremont, Forêt-Trooz, Louvegné, Secheval et Belo, où elle rejoint la chaussée Reims-Cologne. Toutefois, la majeure partie du transport des marchandises se fait par les voies navigables et particulièrement, la Meuse. La piste qui longe notre rivage, souvent utilisée par les “nautes” devient bientôt un chemin de halage. Aujourd’hui, ce vieux chemin s’appelle d’amont en aval, quais du BacVercourTimmermansBanningRome et suivant l’ancien cours du fleuve, Avenue BlondenBoulevard d’Avroy et Boulevard Piercot.”

Emile DEGEY

Cointe au temps des Gaulois (CHiCC)

Nous sommes quelque soixante ans avant Jésus-Christ. En amont de la bourgade gauloise implantée au confluent de la Légia et de la Meuse, s’étale jusqu’aux confins de la Hesbaye, une vaste forêt. Ses frondaisons qui couvrent le plateau et l’éperon de Cointe viennent mourir dans la vallée en bordure d’une large plaine marécageuse souvent inondée par les débordements de notre fleuve capricieux. Plus tard, ils seront appelés forêt et marais d’Avroy. Une voie celte, dont l’origine se perd dans la nuit des temps préhistoriques, traverse cette belle forêt…

Venant d’Atuatica (près de Tongres) elle passait par le Batch des Macrales, Fooz, Awans, Grâce-Berleur, Saint-Nicolas, Saint-Gilles et Cointe, pour gagner la Meuse en amont de Liège, la Voye des Rominnes…

Edmond Dethier, Deux mille ans de vie en Hesbaye

 

L’existence d’une voie celtique nous est révélée par la toponymie locale. En effet, dans le toponyme Tchinrowe, on s’accorde à trouver dans la première partie du mot, un terme gaulois ‘camino’ signifiant chemin. Je suis disposé à croire que Tchinrowe désigne un chemin menant à un gué.

Fr. Dumont, Origine et évolution d’Ougrée-Sclessin

 

Le CHERA (‘chemin carrossable‘) continuait la traversée du plateau jusqu’au Batty, descendait vers le Val-Benoît, franchissait la Meuse par un gué en amont du confluent de l’Ourthe, puis par AngleurChênéeThier des Critchions et Beaufays gagnait le plateau ardennais, la ‘route des Ardenne’s pourrait-on dire aussi. Une autre piste longeait la plaine marécageuse en bordure des coteaux boisés, hors de portée des crues du fleuve. Cette piste deviendra le premier chemin de la Vallée. Quelques sentiers ou sentes étaient certainement utilisés par les autochtones qui chassaient le gibier, cueillaient fruits sauvages et champignons, faisaient provision de bois ou amenaient leurs porcs à la glandée dans la forêt.

Emile DEGEY