LIEGE : Pierreuse

[HISTOIRESDELIEGE.WORDPRESS.COM, 5 novembre 2021, par Claude WARZEE] Le quartier de Pierreuse est situé derrière l’ancien palais des princes-évêques (1) , au-delà de la tranchée et du tunnel ferroviaires (2). Outre bien sûr la rue Pierreuse elle-même (3), il comporte la rue Volière (4), la rue Fond Saint-Servais (5), au Pèrî (6) et la cour des Minimes.

Les origines

La rue Pierreuse est une des plus anciennes voies de Liège ; au début du VIIIe siècle, déjà, elle constitue le point de départ du chemin vers Tongres. Selon Jean d’Outremeuse, les premières habitations auraient été bâties là peu après la mort de saint Lambert en 705, ce site élevé les mettant à l’abri des inondations fréquentes de la Meuse.

On admet généralement que le terme Pierreuse trouve son origine dans la composition du sol de la colline, lequel est exploité pour ses grès et ses schistes houillers. Le prince-évêque Notger, à la fin du Xe siècle, a profité de cette ressource géologique pour ériger une muraille autour de la cité. Neuf siècles plus tard, le creusement du tunnel ferroviaire a permis de redécouvrir d’anciennes carrières.

En outre, depuis les temps les plus anciens, les terrains non destinés à l’extraction de la pierre ou de la houille sont consacrés aux vignobles.

C’est avec une déclivité de 14% que la rue Pierreuse gravit la colline qui mène sur les hauteurs de Sainte-Walburge. On raconte qu’elle a été la première artère empierrée de la cité, pour faire face aux torrents de boue qui dévalaient la pente les jours d’intempérie.

Les premiers habitants de Pierreuse ont été des notables proches de la cour du prince-évêque et des tribunaux, mais aussi des exploitants de carrières et de fosses houillères. S’y sont aussi installées des auberges et brassines (débits de boissons).

Quand la rue s’est peuplée davantage, aux XIIIe et XIVe siècles, elles s’est complétée de divers métiers : boulangers, bouchers, barbiers, pelletiers, tailleurs… et même dentellières au XVIIe siècle.

En octobre 1520, c’est par la porte Sainte-Walburge et Pierreuse que Charles Quint a fait son entrée à Liège, invité par le prince-évêque Érard de la Marck.

La ferme de la Vache

La ferme de la Vache en 1956 © KIK-IRPA

Cette ferme remonte à la fin du XVIe siècle et a été remaniée aux XIXe et XXe siècles. Elle a été classée en 1981.

On raconte souvent que ce vaste domaine de bâtiments, prés et jardins, a été occupé dès 1620 par des Jésuitesses anglaises, remplacées par des Sépulcrines anglaises à la suite de la suppression de leur ordre, en 1630, par le pape Urbain VIII. Ces religieuses y géraient un pensionnat fréquenté par des jeunes filles issues des plus hautes familles liégeoises ou anglaises, un externat étant réservé aux élèves de condition plus humble. Elles ont déménagé dans le faubourg Saint-Gilles en 1650, expulsée de Pierreuse lors de l’aménagement de nouvelles fortifications décidées par le prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière.

Dans un article publié dans la Libre Belgique en juillet 2013, Lily Portugaels s’appuie sur une publication de Bruno Dumont, de l’ASBL Vieux-Liège, pour défendre l’idée que le couvent des Sépulcrines se trouvait non pas sur le site de la ferme de la Vache, mais de l’autre côté de la rue Pierreuse, sur les terres dites du Crexhant (voir ce lien).

L’appellation ferme de la Vache remonte au XVIIIe siècle, époque où prospère l’économie laitière. Le site est devenu, en 1854, la propriété des Hospices civils, puis de l’Assistance publique, avant d’être intégré au patrimoine du CPAS de Liège, qui y développe un projet de réinsertion sociale par le maraîchage biologique.

XIXe-XXe siècle

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, à l’époque de la révolution industrielle, le quartier devient plus populeux. Les brassines, qui pratiquent souvent la prostitution, sont fréquentées par les militaires de la citadelle et contribuent à rendre les lieux ‘mal famés‘ (étymologiquement : de mauvaise réputation). L’escalier de la montagne de Bueren, terminé en 1880, a d’ailleurs été conçu pour permettre à la garnison d’accéder au centre-ville sans passer par la rue Pierreuse, qui lui est désormais interdite.

Au début du XXe siècle, la population reste de condition modeste et compte de plus en plus d’immigrés, tout ce petit monde disposant de ses commerces de proximité. Le quartier est décrit comme pittoresque et cosmopolite. Il intéresse les photographes, qui lui dédient des cartes postales, sur lesquelles les habitants, surtout les enfants, se plaisent à poser.

Barricade

Lieu-dit “Barricade” dans les années 1960 © Ville de Liège

Ci-dessus, le lieu-dit barricade dans la seconde moitié des années 1960 (lieu-dit ainsi nommé en souvenir des grands meetings qui ont fait résonner la rue depuis le XIXe siècle jusqu’aux grandes grèves des années 1960). [Cliquez ici pour lire la suite de l’article et découvrir beaucoup d’autres illustrations…]

Claude Warzée, Histoires de Liège

Merci à Christiane Stefanski pour cette découverte !

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LESSINES : ND à la Rose, l’hôpital devenu musée

[LALIBRE.BE, 10 août 2009] C’est un extraordinaire témoignage de l’évolution des hôpitaux et des soins de santé du Moyen Âge à nos jours. Si, au hasard d’une promenade, vous trouvez un crapaud bien desséché, gardez-le précieusement, car on ne sait jamais. Du moins s’il faut en croire une recette de pharmacie datant de… 1693 : “le crapaud entier desséché, tenu dans la main, dessous l’aisselle ou derrière l’oreille, arrête le saignement de nez. Etant appliqué sur le nombril, il guérit aussi le flux d’hémorroïdes.

Voilà un “remède” à découvrir, avec beaucoup d’autres, lors de la visite de l’hôpital Notre-Dame à la Rose de Lessines. Cet ancien monastère hospitalier est un endroit étonnant qui a conservé son cachet moyenâgeux et s’est reconverti en un musée fabuleux témoignant de l’histoire de la médecine dans l’atmosphère d’un décor d’un autre temps.

Effectuons un grand bond en arrière: c’est la princesse française Alix de Rosoit, dame d’honneur de la reine Blanche de Castille, qui fonda en 1242 l’hôpital Notre-Dame à la Rose de Lessines, respectant ainsi les dernières volontés de son mari, Arnould IV d’Oudenaarde. Alors âgé de plus de 60 ans déjà, celui qui était grand bailli de Flandres et aussi seigneur de Lessines, fut contraint de repartir à la guerre pour donner un coup de main au roi de France Louis IX. Blessé à la bataille de Taillebourg, près de Poitiers, il décédera quelques semaines plus tard.

© notredamealarose.be

Plutôt que de distribuer purement et simplement l’argent de son défunt mari, Alix décida de fonder un hôpital pour les pauvres en y installant aussi une communauté religieuse de chanoinesses, histoire de conforter un peu plus encore le repos de l’âme de son époux. L’hôpital Notre-Dame de la Rose arriva à point nommé, alors que Lessines connaissait une période de prospérité avec l’expansion de l’industrie drapière.

Ce développement économique et l’accroissement de la population allaient favoriser l’apparition de maladies et d’épidémies. Durant des siècles, l’hôtel-Dieu lessinois bénéficiera de donations et privilèges financiers en tous genres. Il sera protégé par les rois les princes et les ducs, par les papes et les évêques. L’hôpital de Lessines jouera son rôle social jusqu’en 1980. Un record de longévité qui s’explique par la qualité de l’organisation structurelle du site et par la présence ininterrompue de la communauté des religieuses augustines qui géra l’hôpital de sa fondation à la Révolution française et demeura dans les lieux aux XIXe et XXe siècles.

L’ancien monastère hospitalier, traversé par un bras de la Dendre, abrite donc aujourd’hui un musée qui témoigne de l’histoire de la médecine dans l’atmosphère d’un décor d’un autre temps, avec notamment cette très belle salle des malades datant du XVIIIe siècle. C’est aussi un des derniers exemples de site hospitalier autarcique complet, tel que les concevait l’Ancien Régime.

© notredamealarose.be

L’ensemble des bâtiments actuels forment un quadrilatère harmonieux autour du cloître et du jardin intérieur. Même si sept des vingt salles habituelles sont actuellement inaccessibles pour cause de rénovation, les visiteurs ne ratent (presque) rien puisque les objets de ces salles fermées temporairement ont été déplacés dans d’autres lieux du site. On peut y admirer une très belle collection d’objets médicaux illustrant la gynécologie et l’obstétrique ainsi que des aspects parfois étranges de l’histoire de l’accouchement.

Voici encore des tableaux d’élèves de l’école de Rubens et de Van Dyck, des meubles anciens, des pièces d’orfèvrerie, environ 800 étains (dont la vaisselle des patients), des porcelaines de Bruxelles et de Tournai, de nombreux cuivres et des linges précieux. La bibliothèque compte plus de 2.000 livres anciens, dont certains très précieux pour l’édition ou la reliure. Le fonds d’archives, riche de plusieurs milliers de pièces, dont la plus ancienne remonte à 1243, est quasiment intact. La nouveauté, c’est l’ouverture récente de quatre salles consacrées à la pharmacie et une autre en forme de cuisine d’époque.

Au coin des ailes nord et ouest, la pharmacie historique se présente dans son aspect de la fin du XIXe siècle. Le mobilier datant de la première moitié du XIXe siècle est constitué de deux grands corps d’armoire surmontés d’étagères. On enfermait ici les poisons, on y conservait les plantes médicinales et les herbes séchées, comme le lichen d’Islande utilisé contre la toux. Les remèdes et potions étaient fabriqués à partir d’extraits, de décoctions et d’infusions de plantes médicinales. Une autre salle évoque la fameuse thériaque, sorte de remède universel qui fit la la pluie et le beau temps pendant 18 siècles et qui avait le pouvoir de tout guérir.

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Dans la salle voisine, c’est l’Helkiase qui est à l’honneur. Cet onguent très efficace contre les maladies de peau avait été mis au point à Lessines par Sœur Marie-Rose, à la fin du XIXe siècle. L’Helkiase contribua largement à la renommée de l’hôpital bien au-delà des frontières, d’autant que la sœur en question assura un véritable marketing de son produit en éditant des cartes postales, des calendriers et des panneaux-réclame. L’onguent sera finalement retiré de la vente au début des années 1940, après que l’on ait constaté des effets secondaires plutôt inquiétants.

Jean-Marie Antoine

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En Hainaut encore…

THEUX : la charmille du Haut-Maret (ou Haut-Marais)

[WEEKEND.LEVIF.BE, 17 juillet 2023] Pourquoi cette charmille est-elle considérée comme l’une des plus charmantes d’Europe ? Réponse dans notre série d’été qui dégaine des extraits de l’ouvrage 111 lieux à ne pas manquer en Wallonie. Un must pour frimer lors de vos balades estivales.

Une charmille est une allée constituée de charmes plantés en double rangée et qui se rejoignent pour former un tunnel de verdure. Nommée également « le berceau de La Reid », celle de La Reid est la plus longue d’Europe et est considérée comme l’une des plus belles du continent. L’hiver venu, elle se dégarnit peu : c’est donc un lieu de promenade privilégié et romantique. Cette voûte végétale soutenue par une structure métallique a été conçue par Adolphe Cortin, un forgeron local de l’époque. Elle est composée de plus de 4 500 plants de charmes, qui sont pour la plupart centenaires.

La charmille fut commandée en 1885 par le propriétaire du domaine de Haut-Marais. Il la fit planter entre le hameau de Vertbuisson et Haut-Marais afin d’offrir une promenade à l’abri des rayons du soleil aux visiteurs les plus fortunés venus en séjour à la campagne. Si elle ne fait plus que 600 mètres aujourd’hui, elle était autrefois deux fois plus longue : elle fut endommagée en mai 1940 par les chars allemands – les charmes n’ayant pas été replantés. La charmille tomba peu à peu dans l’oubli, avant d’être classée en 1975, puis restaurée entre 1979 et 1985. Depuis, les étudiants de l’Institut provincial d’enseignement agronomique de La Reid l’entretiennent dans le cadre d’un projet pédagogique qui demande un mois de travail bénévole par an.

En 2016, une liqueur, la Merveille de la Charmille, fut créée à partir des bourgeons des charmes à la suite d’une collaboration entre une coopérative de Theux, Vins et Élixirs de Franchimont, et le syndicat d’initiative de La Reid.

Nicolas BALMET, Le Vif

C’est où ?

Le long du Chemin de Quarreux, à 4910 La Reid (Theux). Plus d’infos auprès du Syndicat d’Initiative de La Reid

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TOURNAI : un pont des Trous relooké (Vivre la Wallonie, n° 60, été 2023)

[WALLONIE.BE/…/VIVRE-LA-WALLONIE? été 2023] L’élargissement de l’arche centrale de cet ouvrage emblématique de Tournai facilitera le passage, sur l’Escaut, de péniches à gros gabarit.

À Tournai, vous avez, bien évidemment, la cathédrale, incontournable joyau de l’architecture médiévale. Vous avez naturellement le beffroi, le plus ancien de Belgique. Ces deux monuments prestigieux sont d’ailleurs inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Et, à l’entrée de la cité de Clovis, vous avez également le pont des Trous, la célèbre porte d’eau de style gothique, érigée au XIIIe siècle, qui surplombe l’Escaut. C’est d’ailleurs ce dernier ouvrage qui a fait le plus parler de lui, ces dix dernières années.

Retour en 2013… La Région wallonne fait de la mise à gabarit de l’Escaut une priorité pour profiter de l’aménagement du canal Seine Nord-Europe. Priorité partagée par la Ville pour le développement de son activité économique. Différents projets d’aménagement, parfois très contemporains, sont déposés sur la table, allant de l’élargissement de l’arche centrale, jusqu’à sa suppression complète.

TOUCHE PAS À MON PONT

Dans la population, c’est l’émotion, la consternation. Et la contestation. Comment ose-t-on toucher aux trous du pont ! Comment imaginer le pont sans trous ? Plutôt que l’altération de ce vestige militaire, certains envisagent son contournement, mais cette proposition, fort coûteuse, sera rapidement abandonnée.

Pour éviter tout séisme, il est finalement décidé de reconstruire à l’identique, tout en conservant un maximum de pierres d’origine. Et pour permettre la traversée des péniches de plus de 2 000 tonnes, on élargira l’arche centrale pour atteindre un gabarit de 12,5 mètres sur 7 mètres.

Le chantier, supervisé par le SPW Mobilité et Infrastructures, débutera en août 2019 avec la “déconstruction” des arches du pont. S’ensuivra la phase de reconstruction avec, pour résultat, trois nouvelles arches, dont une seule, la centrale, enjambant désormais le fleuve. Les quais avoisinants en profiteront également pour faire l’objet d’un réaménagement complet.

Le pont des Trous new-look a été inauguré en grande pompe les 14 et 15 avril. Sa nouvelle fine passerelle en acier, permettant sa traversée au-dessus de la grande arche, en fait le parfait trait d’union entre son histoire et son avenir.

En savoir plus sur le chantier et le projet Seine-Escaut : www.scaldistournai.eu

La sculptrice liégeoise Bénédicte Wesel devant le pont des Trous en 1984-85 © collection privée

Tournai – Le pont des Trous, version 2023 © scaldistournai.eu

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En Hainaut, encore…

LIEGE : château des Quatre Tourettes (XVIe)

[d’après CYBERLIEGE.BE] Le château des Quatre Tourettes appelé aussi Manoir des Quatre Tourettes est situé à Liège dans le quartier Saint-Léonard, au n°535 de la très ancienne rue Saint-Léonard. Elle se situe à environ 25 mètres en retrait de la voirie actuelle. Longeant la rue, une grille ancrée à deux piliers de pierre calcaire entoure un mur de brique. Un chemin herbeux mène au château.

Érigée en 1512, cette bâtisse est l’une des constructions particulières les plus anciennes de la ville de Liège dont les habitations non religieuses furent pratiquement toutes détruites en 1468 quand les troupes de Charles le Téméraire mirent à sac la ville. Le millésime 1512 est lisible par une inscription figurant sur le portail d’entrée […] La première propriétaire serait une demoiselle Alid Piete de Malle. […] Placée à environ 1,5 km au nord-est et à l’extérieur des remparts de la cité et du fossé Saint-Léonard, cette maison-forte faisait certainement fonction de poste défensif avancé situé le long de la rue Saint-Léonard qui conduisait à Herstal sans doute depuis le VIIIe siècle.


[CONNAITRELAWALLONIE.WALLONIE.BE] Située en retrait au fond d’une cour pavée, cette habitation exceptionnelle est datée de 1512 par un texte gravé autour de l’arc du portail d’entrée. Primitivement entouré de douves, l’ensemble en briques et calcaire a conservé son plan rectangulaire ainsi que bon nombre de ses attributs défensifs.

Élevé sur deux niveaux, le bâtiment est cantonné à l’angle sud-ouest d’une tourelle circulaire ornée de lésènes en partie supérieure. Les autres angles sont limités par des chaînes harpées jusqu’à la naissance des échauguettes (petites tourelles d’angle), protégées à l’origine par des poivrières (toits coniques). Les quatre éléments corniers sont percés de meurtrières.

La façade principale, au sud, présente deux larges travées percées à l’étage de baies à croisée dont les jours sont légèrement intradossés. Les piédroits sont chaînés et les appuis sont soulignés d’une fine moulure se prolongeant en bandeau ceinturant l’édifice.

Au rez-de-chaussée à gauche, le portail en plein cintre s’inscrit dans un encadrement rectangulaire. On y remarque encore la feuillure du pont-levis, c’est-à-dire l’entaille pratiquée dans l’épaisseur du mur qui recevait le tablier (partie mobile du pont-levis).

Une large clé armoriée surmonte l’inscription qui date l’ensemble :

Damoisel Alid Piete de Malle
l’an mil ccccc et XII
a faiect faire cte maison

Les autres faces, transformées, conservent plusieurs baies à traverse. Le bâtiment est couvert d’une toiture en bâtière de tuiles à coyaux et la tourelle, d’une toiture en terrasse.

Institut du Patrimoine wallon

Classé le 16 mars 1965

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A Liège, encore…

DUBOIS & HELEN : Le pays de Liège (1997)

De Liège à Verviers et de Verviers à Seraing, le cœur de la province de Liège bat au rythme de l’industrie et du tourisme. La région tente de prendre un nouvel envol en jouant de sa situation privilégiée au confins de trois pays et de trois langues. Traversé par la Meuse, l’Ourthe et la Vesdre, le bassin liégeois était au Moyen Âge un centre intellectuel et religieux de la plus haute importance avant de brûler au rythme des charbonnages.

Le charbonnage d’Argenteau-Trembleur fut mis en exploitation de 1816 à 1980. Dans le musée de la Mine, d’anciens mineurs emmènent les visiteurs dans les galeries d’exploitation, les installations de surface et les salles d’exposition retraçant l’histoire des techniques minières.

Localité éponyme du célèbre Pays et du fromage, la visite de Herve peut se limiter à celle de l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste. Le massif clocher en pierre est un donjon du XIIIe siècle aménagé au XVIIe. Autour de l’église subsistent plusieurs maisons des XVIIe et XVIIe siècles.

Née de la Vesdre, Verviers se remet doucement de la mort de l’industrie lainière qui fit sa richesse. La chapelle Notre-Dame-des-Récollets renferme une chaire de vérité, des confessionnaux du XVIIIe et une Vierge noire miraculeuse. La chapelle Saint-Lambert (XVIIIe-XIXe) exhibe fièrement un beau mobilier Louis XIV. Veillant sur la place du marché, l’élégant hôtel de ville Louis XVI avec son avant-corps saillant, ses colonne corinthiennes, son tympan et sa tourelle est un sommet de l’architecture principautaire. Le musée d’Archéologie et de Folklore est installé dans l’ancienne demeure du bourgmestre Joseph Cornet (1757) à la belle façade Louis XV ; l’Hôpital nouveau (1668) abrite les collections du musée des Beaux-Arts et de la Céramique ; les locaux de l’école  supérieure textile accueillent le prémusée de la Laine.

Plus rien ne permet de supposer que le village perché de Limbourg ait été le centre d’un puissant duché. Si la forteresse a été démantelée, la rue principale est bordée d’un ensemble de très belles maisons du XVIIe.

Clermont-sur-Berwinne mérite une halte prolongée. Placée sur une motte près de l’ancien château, l’église gothique Saint-Jacques-le-Majeur servit de refuge aux habitants de l’alleu avant d’être reconstruite entre 1628 et 1632. Tout autour de la mairie, qui remplaça en 1888 l’ancienne halle aux plaids, la place du village aligne des maisons Louis XIII, XIV et XV. Du premier château de Clermont, subsistent une butte, les traces des douves et un joli porche gardé par une tour ronde. Un peu en dehors du centre, le château-ferme de l’Aguesse en Renaissance mosane combine un beau logis et une forte grange. En contrebas, le petit château de Crawhez (1551 ) est parvenu intact avec sa façade de brique et de pierre, ses pignons à redents, son toit asymétrique et ses curieuses boules de pierre.

Les bâtiments (XVIIe-XVIIIe) de l’abbaye Notre-Dame de Val-Dieu, fondée en 1216 par des moines cisterciens, dégagent une impression de calme. L’église néogothique recèle les stalles Renaissance de l’abbaye de la Paix Dieu d’Amay . De l’autre côté de la route, l’ancien moulin de l’abbaye possède toujours sa roue et son mécanisme.

Symboles des querelles linguistiques nationales, les Fourons sont une enclave limbourgeoise en province de Liège. Cela mis à part, les paysages bucoliques respirent le calme. À Fouron-Saint-Pierre, la belle commanderie de l’Ordre teutonique en Renaissance mosane dépendait d’Alden Biesen. Une agréable promenade conduit à la ferme et au castel Notre-Dame à Teuven, puis à Beusdaal dont le gros donjon en grès, les bâtiments à colombages et les douves forment un tableau qui mérite le détour.

Port fluvial situé au débouché de la Meuse, Visé est renommée pour son riche folklore et sa célèbre recette de l’oie. L’incendie du 10 août 1914 a épargné le chœur de la collégiale Saint-Martin qui abrite la châsse de saint Hadelin emportée de Celles. Le remarquable hôtel de ville mosan (1613) n ‘a pas eu cette chance, mais a été restauré en 1935.

À Seraing, meurt lentement l’une des entreprises les plus renommées du pays, les Cristalleries du Val-Saint-Lambert [en-tête] installées dans une ancienne abbaye cistercienne. Seule la salle capitulaire (XIIIe) a été restaurée ; les autres vestiges s’écroulent lentement, à côté de bâtiments industriels du XIXe.

Flémalle, le château de Chokier © Bert Beckers

Simple bourgade située aux confins de la Hesbaye, du sillon mosan et de l’agglomération liégeoise, Flémalle comprend plusieurs châteaux : le château du XVIIe ceints de douves occupé par la maison communale, le château de Hautepenne qui conjugue une aile Renaissance mosane et une austère tour médiévale en grès et surtout le château d’Aigremont érigé en même temps que la chapelle baroque Saint Mathieu (1715). Il arbore une façade classique avec des frontons triangulaires et une subtile alternance de travées en saillies soulignées par des chaînages de pierre. Le château Chokier, autre donjon médiéval transformé en demeure de plaisance, est construit à fleur de falaise. Du paysage industriel émergent la vieille tour Dame-Palade (XVIe) et l’église de Chokier (XVIIIe) au riche mobilier.  Explorée en 1911, la grotte de Ramioul a ajouté à ses deux étages aux riches concrétions un musée moderne et vivant, le préhistosite. Le visiteur pénètre dans un campement paléolithique et peut expérimenter les techniques utilisées par nos ancêtres.


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Cet article est extrait de l’ouvrage de Martine Dubois & Luc Helen, Belgique, une encyclopédie pratique, aujourd’hui indisponible, si ce n’est en antiquariat. Dans notre documenta, vous pouvez en télécharger une copie scannée avec reconnaissance de caractères. Vous y trouverez les adresses de contact des différents sites remarquables, tels qu’en… 1997, ainsi que les liens vers d’autres chapitres transcrits au départ du livre.

LIEGE : rue du Pont

Trait d’union entre la rue de la Cité et la place du Marché, la rue du Pont fut, jusqu’en 1875, année du percement de la rue Léopold, la principale voie de  communication entre le centre de la ville et Outremeuse. Au milieu d un quartier à l’intense activité commerciale, la rue du Pont est parallèle à la rue de la Goffe et à Neuvice, agréable voie piétonne.

Rue du Pont vers 1895 © Musée de la Vie wallonne

Toutes trois sont reliées par la rue de la Boucherie et la venelle du Carré, appelée jusqu’au XVIe siècle ruelle “Malprové”. En 1590, elle devint “ruelle dite du Quarreit” puis “du Quarré” et, enfin, “du Carré”, altération du nom d’un ancien habitant de l’endroit. L’étroite ruelle, souvenir de voies resserrées du moyen-âge, est bordée de hauts murs ouverts de portes basses, issues secondaires des magasins voisins.

Le passant ne remarque pas toujours la façade n° 6 : les allèges raidies de croix de Saint-André et les baies à croisée de bois font de cette construction un excellent témoin de l’architecture de style mosan, en colombage et briques. La maison porte une date fraîchement peinte : 1690.

Le chroniqueur liégeois du XIVe siècle, Jean d’Outremeuse, relate que la rue, bâtie sur des arcades et des voûtes, servait elle-même de pont, ce qui aurait déterminé le nom de l’endroit. C’est peu probable, car aucun cours d’eau couvert n’existait à cet endroit. Cependant, une branche de la Légia parcourait la rue du Pont sur toute sa longueur, coulant en son milieu, dans une espèce de canal à ciel ouvert qui subsistait dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

Remarquable alignement de façades homogènes de la rue du Pont (1938) © Musée de la Vie wallonne

La rue est peut-être légèrement antérieure à la construction du premier pont des Arches réalisée sous l’épiscopat de Réginard (1025 – 1038) : en effet, une charte de 1026 cite comme témoin Lietminne de Ponte, certes un des plus vieux habitants de la rue. Celle-ci doit son nom à ce premier pont qui, posant sur sept arches en grès houiller, fut détruit en 1410 à la suite d’une forte inondation et son emplacement se modifia quelque peu. A l’origine, il se situait dans le prolongement de la rue, la reliant à la Chaussée-des-Prés. En 1911 , la première arche fut mise à jour dans la de la Cité, la seconde subsiste la cave du bâtiment portant le n°2, impasse du Vieux Pont des Arches (pour l’histoire du pont, consultez : Jean Lejeune, Les Van Eyck , peintres de Liège et de sa cathédrale, p. 127 et suivantes).

La rue du Pont était fermée, vers la rue de la Cité, par un arvô, entrée charretière, qui subsistait au XVe siècle. Elle occupait une situation privilégiée dans la vie économique de la Cité, à proximité du quai de la Goffe où arrivaient, par bateaux, le sel et de nombreuses marchandises. Comme de nos jours, la rue était bordée de magasins. Jean d’Outremeuse signale surtout les…

…fabricants et débitants d’instruments en bois tels que : cuillères, escuelez (écuelles), tailheurs (plats sur lesquels on coupe les viandes), saiserons (salières) et fiseais (fuseaux). On y voyait aussi des marchands de cordes, proches de la Goffe, des marchands de semences et des pots d’étainier…

cité dans Théodore Gobert, Les rues de Liège

Véritables publicistes, les marchands d’étains installés au Cheval d’Or à l’angle de la rue du Pont et du quai de la Goffe lancent en 1770 l’avis suivant :

Les Sieurs Evrard, Daiwail et Englebert, tous trois anciens Maîtres et Marchands potier d’étain, demeurant dans la rue du Pont, paroisse Sainte-Catherine, à Liège, donnent avis que, s’étant associés, l’on trouve maintenant chez eux, telles vaisselles qu’on souhaite, imitant celles d’argent du dernier goût, en oval et en rond , à contours et autres, en étain d’Angleterre ou la Rose, à aussi juste prix qu’on les peut tirer de l’étranger.

Aujourd’hui, le promeneur attentif peut retrouver dans la rue le même type de commerce. L’origine de la dénomination de la voie remonte au XIe siècle ; une certaine pérennité se retrouve dans son activité. Que reste-t-il du visage de la rue après les nombreux bouleversements qui marquèrent la ville et le quartier ?

Comme partout ailleurs, le sac de la Cité par Charles le Téméraire en 1468 ne laissa que ruines en la rue du Pont. En juin 1691, le maréchal français de Boufflers bombarda le quartier. Les boulets lancés de la Chartreuse incendièrent des centaines d’habitations dans le quartier de la Goffe ; l’hôtel de la Violette est un des premiers édifices détruits. Etienne Hélin fait justement remarquer que “comme la dévastation est limitée à un bande relativement étroite, les circonstances sont favorables à une reconstruction ordonnée. C ‘est bien ce que comprirent les contemporains et l’Historia leodensis les montre animés du désir de reconstruire ce que le feu avait consumé. Ils avaient le projet d’élargir les rues du quartier et ils élaborèrent un plan pour les travaux de première urgence” (Etienne Hélin, Le paysage urbain de Liège). La rue du Pont fut, comme ses voisines, reconstruite très rapidement et élargie entre 1691 et 1697.

Avant d’examiner la trentaine de maisons anciennes que conserve la rue, penchons-nous, comme le fit Théodore Gobert, sur quelques immeubles disparus.

Maison au coin de la rue du Pont et de la Boucherie vers 1880 © Musée de la Vie wallonne

Citons, par exemple, à l’angle de Féronstrée et de la rue du Pont, la Halle et la Boucherie des Vignerons démolie en 1839. Les bêtes attendaient leur tour d’exécution, à la suite l’une de l’autre, dans la rue. La boucherie était trop exiguë pour contenir tout le bétail.

A l’angle de la rue de la Boucherie, une belle demeure, témoin de  l’architecture gothico-renaissance, fut démolie en 1884. En maçonneries mixtes, chaînés aux angles, les deux étages posaient sur un haut rez-de-chaussée percé de deux portes en plein cintre, des cordons-larmiers manquaient les niveaux éclairés de baies au linteau en accolade. Une frise de briques bordait la bâtière fort raide à croupe couverte d’ardoises.

Derrière cette habitation , se trouvait l’hospice fondé par Jean Mostard en 1336. Il était le fils de Jean de Velroux, dit Mostard ou Mostarde, l’un des principaux bourgeois de Liège et bourgmestre en 1309.

Au XIVe siècle, nombreux étaient les voyageurs qui désiraient séjourner en ville. Les hospices des Capucins, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Julien entre autres ne suffisaient plus à héberger les malheureux sans toit. Jean Mostard légua plusieurs maisons et de nombreuses rentes pour assurer le bien-être et la survivance de l’hospice, dédié à la mère du Seigneur. Mais les Liégeois l’appelèrent surtout “hospice à la Moutarde“. Une chapelle desservait cet établissement qui accueillait les malheureux pendant trois nuits. Hébergés, ils étaient aussi nourris : du pain et du fromage accompagnés d’un pot de bière. Comme nous l’avons dit, cet hospice n’avait pas de façade à rue. Construit aux dépens de jardins, on y pénétrait par une allée en forme de corridor, certains bâtiments cependant s’ancraient vers la rue de la Boucherie. Après la mort de son fondateur, l’asile continua sa mission. En 1686, un texte nous raconte :

…on y reçoit les pèlerins de Saint-Jacques et de Notre-Dame de Lorette, y ayant sept lits pour les loger. L’on y chauffe aussi de pauvres pendant l’hiver et, avec ce qui reste, on distribue tous les ans aux pauvres de la paroisse Saint-André, au Noël et le jour du vendredi saint, du pain et une pièce d’argent à chaque, et cela par ordre des mambours de la dite église paroissiale.

Sous la Révolution française, les bâtiments devinrent propriété de la République. L’institution était complètement fermée le 13 juin 1797, les revenus allèrent à la commission des hospices civils.

Enseigne Au coq d’Or, de la rue du Pont, n’ 23, située déjà en 1560 © Musée de la Vie wallonne

De nombreuses enseignes animaient la rue, témoins du goût artistique et populaire de nos corporations. Le prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière avait ordonné en 1657 que “toutes les enseignes de maisons, au lieu d’être suspendues, fussent retirées et appliquées contre les murailles dans le terme d’un mois...” C’est à ce moment-là que se multiplièrent au-dessus des commerces les enseignes en pierre sculptée. Th. Gobert et Ch. Bury, l’amoureux des enseignes liégeoises, nous énumèrent celles de la rue du Pont. Voici notamment la Main bleue, le Mouton noir, la Croix d’or, le Soleil, aux trois Mouettes, l’Ange d’or, aux Trois Harengs, le Cheval blanc, le Perron d’or, les Trois couronnes d’Or, le Coq d’Or, la Balance, le Lion rouge, le Bethléem… : sujets religieux, thèmes allégoriques, emblèmes naïfs ou parlant qui donnaient à la rue sa couleur et sa physionomie.

Laissons là les souvenirs. La rue du Pont conserve encore la plupart des nombreuses façades anciennes qui retracent deux siècles d’architecture liégeoise.

Le XVIIe siècle est figuré dans la rue par le n° 22, témoin de la construction en briques et colombage. Si le rez-de-chaussée est défiguré, les trois étages de hauteur dégressive, en légère saillie, sont intacts : les fenêtres, jadis à croisée de bois, sont entourées de croix de Saint-André. Six petites ouvertures se répètent sous la corniche à cymbales , semblable à celle de la maison Havart et du palais Curtius. Une haute toiture à double versant, couverte d’ardoises, coiffe la maison. En face de cette demeure, s’ouvre la rue de la Boucherie dont le côté droit offre un remarquable alignement de façades également en pans de bois, aux étages à « sèyeûte » ou encorbellement.

Du style Renaissance mosane, la rue conserve peu de souvenirs. Nous citerons en exemple le n° 48, mélange d’éléments de tradition médiévale comme la croisée ou le meneau de fenêtres en calcaire et la bâtière raide et des caractéristiques autres : maçonneries mixtes, les niveaux de proportion dégressive et la présence d’arc de décharge. Dans la seconde moitié du siècle, comme ici, les corniches à cymbales firent place peu à peu à de simples corbeaux de bois équarris.

Enseigne Au Perron d’Or (1687), de la rue du Pont, n’ 19, servant actuellement de support à l’armature d’une enseigne moderne. Façade ornée de linteaux finement sculptés et de quatre rosaces en faible relief © Musée de la Vie wallonne

Mais voici la fin du XVIIe siècle et 1691, date fatidique pour la ville, marque un tournant dans l’évolution de l’architecture civile. C’est l’époque, nous l’avons remarqué, d’une reconstruction rapide et intensive, caractérisée par l’emploi généralisé du calcaire et un abandon partiel des styles locaux avec le rejet de la croisée de pierre. La rue garde deux témoins de cette époque : le n° 19 à l’enseigne du Perron d’Or, datée de 1687 et le n° 25 Au Coq d’Or. Dès l’abord, un élément nouveau est significatif : la sculpture est intimement mêlée à l’architecture. Au niveau des allèges, c’est-à-dire sous le seuil des fenêtres, d’habiles sculpteurs représentent des rinceaux de feuilles d’acanthe, des grappes de fruits, des couronnes de laurier, des palmes agrémentées de rubans. Albert Puters (Architecture privée au pays de Liège) voit dans ce nouveau goût liégeois l’ influence du sculpteur Jean Del Cour (1627-1707) et il suppute la trace de son ciseau dans les façades de la rue du Pont, façades de calcaire où l’on ne sait s’il faut plus admirer la qualité du motif ou la sobriété de la réalisation. Toute proche, Neuvice présente encore quelques très beaux témoins de cette façon de construire à la charnière des XVIIe et XVIIIe siècles.

Voici la première moitié du XVIIIe siècle. Le visage des maisons se modifie et s’éclaire. Au début, l’influence du style mosan est forte : des cordons dans le prolongement des croisillons disparus accentuent l’horizontalité des façades. Les piédroits des baies se prolongent enserrant les allèges qui de plus en plus seront ornées de cartouches aux coins écornés. Une modification importante intervient aussi dans le linteau des fenêtres, maintenant frappé d’une clé. La rue du Pont nous en offre un bel exemple en la maison portant le n° 9 et datée de 1720. Les trois étages sont largement éclairés de fenêtres jointives au linteau simulant tas de charge, les piédroits sont coupés de refends, enserrant un seuil mouluré. Entre les cartouches écornés, l’enseigne présente un mouton noir, de belle qualité. Tout le long de la rue, l’évolution architecturale s’illustre : ici, au n° 4, les linteaux s’échancrent, c’est le milieu du siècle ; là, une clé devient passante (n° 14)…

Une maison également du XVIIIe siècle, le n° 43, en calcaire peint, présente  encore au passant deux enseignes : l’une agrémentée de deux épées croisées et enrubannées, l’autre frappée d’une colombe entourée de rayons, peut-être le Saint-Esprit ? Selon Th. Gobert, cette maison fut souvent rebaptisée A l’épée, Au nom de Jésus au XVIIIe siècle, Au Saint-Esprit, toujours au XVIIIe siècle et enfin A la Croisette au XIXe siècle.

La longue demeure portant le n° 26-28 remplace deux maisons : celle du Pourceau d’Or du XVIe siècle à 1660 et une autre A l’Etoile et A l’Axe du Moulin, dès le XVIe siècle. Aujourd’hui, c’est une longue demeure construite vers le milieu du XVIIIe siècle. La façade à rue est entièrement en calcaire. Au-dessus du portail primitif disparu lors de l’aménagement d’un magasin, une belle baie en arc en plein cintre s’orne d’une clé accostée de guirlandes.

Notre promenade architecturale se termine dans cette rue qui présente aussi des témoins du XIXe siècle et du XXe. Quittons-la sur cette vue de 1895 (ci-dessous). A l’aube d’un siècle trépidant, deux charmantes jeunes filles font leurs emplettes à la Cloche d’Or, un petit chien noir au milieu de la rue ne craint pas les calèches. Regardez ce jeune dandy, en face de la Pipe d’Or : il brandit fièrement une canne, protégé des ardeurs du soleil par un canoter enrubanné. Attardons-nous un instant devant les deux vitrines de gauche : porcelaines, verreries et cristaux exposés à la vue de tous, attirent le passant…

Ann CHEVALIER & Marie-Ange REMY

Vue de la rue du Pont vers 1895 en pleine animation © Musée de la Vie wallonne

      • Charles BURY, Les enseignes liégeoises en pierre sculptée, dans le  Bulletin de la Société royale le Vieux Liège, n° 158, t. VIII, juillet-septembre 1967.
      • Théodore GOBERT, Liège à travers les âges. Les rues de Liège, t. V, Liège, G. Thone, 1928.
      • ETIENNE HELIN, Le paysage urbain de Liège avant la révolution industrielle, Liège, Ed. de la Commission communale de l’Ancien pays de Liège, 1963 (Coll. • Documents et Mémoires », fasc. VI).
      • L’Inventaire du Patrimoine monumental de la Ville de Liège. Liège, Soledi, 1974.
      • Jean LEJEUNE, Les Van Eyck, peintres de Liège et de sa cathédrale. Liège, G. Thone, 1956.
      • Albert PUTERS, Architecture privée au pays de Liège. Liège, Printing C0, 1940.

© Colette Troisfontaine

 

L’intégralité du magazine La Vie liégeoise n°10 d’octobre 1974, d’où est extraite cette fiche de notre topoguide, est disponible au téléchargement (PDF avec reconnaissance de caractère) dans la documenta

 

 

 


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SAINT-HUBERT : le bourg devenu capitale

[DOCUMENTA : ARDUINA N°2, 1997-1998] Le nom originel d’Andage s’est fondu dans la nuit des temps pour laisser Saint-Hubert faire sien, malgré lui, ce bourg ardennais, depuis consacré capitale européenne de la chasse et de la nature…

Le nom originel du village d’Andage n’a pu que s’effacer face à celui de son  hôte illustre, Saint-Hubert. C’est en la mémoire du “saint homme” que fut construite la basilique qui fait la fierté de ce charmant bourg. Si les historiens continuent à se quereller sur l’origine exacte de I’abbaye et de ses fondateurs, il est en revanche acquis que les reliques de l’évêque Hubert y furent transportées en 825, sur ordre de son successeur, Walcaud, évêque de Liège.

Non loin de l’abbaye, coule une source qui devait se révéler miraculeuse. Le culte de Saint-Hubert connut dès lors une telle ampleur qu’il attira des fidèles venus de partout pour vénérer les reliques du pieux homme. Cette ferveur déclina cependant rapidement, mais le miracle de la Converserie et du cerf crucifère relancèrent le culte de plus belle ; chasseurs, bouchers et forestiers reconnaissant en Saint-Hubert, leur patron.

Aujourd’hui, si la fête de la Saint-Hubert est célébrée un peu partout, le bourg ardennais s’est vu octroyer par la Fédération des Associations de Chasseurs Européens, dont les effectifs dépassent 6,5 millions de membres, le statut de Capitale européenne de la Chasse et de la Nature. Quelle origine doit-on réellement attribuer à cette consécration ?

L’épisode légendaire dû au passé, et qui a fait de Saint-Hubert, le protecteur des hommes et des animaux, ou plutôt le cadre exceptionnel des magnifiques forêts d’Ardenne encore giboyeuses des alentours. Sans doute, les deux explications sont-elles plausibles.

Les manifestations renommées que sont la journée de la Chasse et de la Nature, et surtout les festivités de la Saint-Hubert, ont précédé cette forme de reconnaissance, tandis que la Confrérie des bouchers célèbre, elle aussi, sa cérémonie au début de I’automne .

© rtbf.be

Ces événements majeurs à Saint-Hubert débutent chacun selon le même cérémonial des messes sonnées propres à la localité. Si à I’occasion de la Journée de la Chasse et de la Nature, un cortège haut en couleur apporte une touche toute particulière à l’événement, il est en revanche quelque peu dommage que le faste des autres grandes cérémonies, en particulier lors de la Saint-Hubert proprement dite, s’estompe dès la sortie de l’édifice religieux. La foule massée à l’extérieur de la basilique n’a droit qu’à de brèves sonneries de trompe, tandis que la bénédiction des animaux est réduite à un aspect plutôt symbolique…

Saint-Hubert vibre aussi au nom de I’illustre peintre qui l’a vu naître, Pierre-Joseph Redouté. Un monument – la Fontaine P.J. Redouté – a été élevé à sa mémoire face à I’Hôtel de ville, tandis que le centre portant son nom recèle de souvenirs. Ceux-ci sont réunis dans un bâtiment traditionnel proche de sa maison natale (Rue Redouté), et qui accueille diverses expositions en saison. A chaque printemps, le parc situé au bas de la ville se mue en roseraie, accueillant en une quarantaine de parterres, les variétés de roses chères au peintre.

Les amateurs d’édifices religieux apprécieront encore deux constructions ayant marqué l’histoire de la cité ardennaise. Au bas de la rue du même  nom, l’église Saint-Gilles bâtie vers 1064 , dresse toujours fièrement son imposante tour carrée qui servait de refuge lors des nombreux troubles dont la ville a été victime par le passé.

Elle fut en fait église paroissiale jusqu’en 1809. Elle accueille encore à I’occasion d’hivers trop rigoureux, les fidèles qui ne peuvent avoir accès à la basilique, si difficile à chauffer.

Plus dramatique est I’origine de la petite chapelle Saint Roch édifiée en 1665, dans le but d’enrayer une terrible épidémie de peste qui sévissait dans la région. Elle est située sur les hauteurs de la ville, d’où l’on jouit d’un très joli panorama sur le paysage.

Signalons pour l’anecdote, non loin de là, la rue du Chemin-Neuf, empruntée dès 1665 afin d’esquiver les droits de douane…

C’est à voir

Pièce maîtresse des lieux, l’Eglise abbatiale fut édifiée entre 1526 et 1564,  alors que sa splendide façade date de 1700. C’est en 1927 qu’elle a été promue basilique. L’édifice, impressionnant par sa taille dans cette région avare en bâtiments pompeux, pèse de tout son poids sur la petite ville. Saint-Hubert, jadis lieu de pèlerinage très fréquenté, Capitale européenne de la chasse et de la nature, est aussi désignée, de par sa position géographique, comme le cœur de l’Ardenne! Voilà, décidément, beaucoup à porter pour une petite ville comptant à peine 6.000 âmes et livrée à elle-même, avec la délicate mission de préserver et de promouvoir son patrimoine historique.

Pour le visiteur, avouons-le, la cité des borquins a quelque peine à proposer plus que le gigantesque vaisseau de pierre qui a fait sa légende. La place de la basilique elle-même s’oppose à la majesté de l’édifice… en étant reléguée au rang de vulgaire parking ! Mieux vaut ne pas s’attarder sur quelques façades pour le moins anachroniques qui bordent l’un de ses flancs . Il en est de même pour ce commerce ambulant – que l’habitude a dû faire oublier aux habitants de la ville – trônant au pied du Palais abbatial, à quelques mètres à peine de la basilique ! L’appétit des touristes de passage vaut-il pareil sacrifice du décor ?

© belgia

La basilique, réputée haut lieu de pèlerinage au milieu des forêts ardennaises, n’est pas épargnée. A l’intérieur, la fascination de la grandeur des lieux fait bientôt place à la surprise, voire l’inquiétude quant sa santé. Levez donc les yeux vers la voûte ! Le respect que méritent les bâtisseurs de cette oeuvre grandiose n’impose-t-il pas que l’on panse au plus vite, et du mieux qu’il soit, les plaies provoquées par la pernicieuse action du temps ? Le problème auquel la ville doit faire face est évidemment d’ordre budgétaire.

Mais, fi de ces considérations matérielles, la richesse des trésors historiques exposés ainsi que l’exercice architectural de la construction forcent cependant l’admiration. Les phases successives des travaux de construction sont d’ailleurs relatées sous forme de gravures légendées, et certains vestiges du matériel originel sont exposés. Le chœur et sa crypte constituent les pièces maîtresses des lieux… illuminés par la le rai de lumière que dispensent des vitraux colorés. Visitez donc les lieux un jour de grand soleil pour profiter pleinement de ce spectacle grandiose.

Jouxtant la Basilique, le Palais abbatial, construit en 1728 par l’abbé Dom Célestin De Jong, contient d’admirables boiseries et une rampe d’escalier en fer forgé de Lambin. Sauf occasion exceptionnelle, il ne se visite malheureusement pas, puisqu’il abrite le service des archives de l’Etat, des affaires culturelles de la Province et le bureau du tourisme ! Il en va de même pour ses abords immédiats, qui pourtant engageraient volontiers à la promenade. On y imagine aisément, en effet, combien ce décor se prêterait à un aménagement dans ce sens. Mais l’administration a ses raisons que la raison ignore. Un peu plus loin, détournez de votre regard l’indispensable signalisation routière accolée au pied de l’ancien porche de l’abbaye reconverti en porte de la ville. Contorsions obligatoires…

Un patrimoine à sauvegarder et à exploiter

La critique n’est pas gratuite puisque depuis plusieurs mois, la ville de Saint-Hubert a entamé une réflexion sur le développement du centre. Un projet qui se veut ambitieux par bien des aspects, et parmi ceux-ci, fort heureusement, celui concernant une nouvelle dynamique touristique intégrée à la vie urbaine. Une tâche assurément d’une grande ampleur !

Fort heureusement, la problématique borquine, comme celle des autres villes de la pointe méridionale, interpelle la Région Wallonne dans le cadre d’une aide budgétaire que celle-ci est disposée à accorder sur base des critères précis et… justifiant les dépenses.

Connaître l’état du centre ville où elle interviendra, savoir quel type de développement y est choisi et comment on compte le mettre en oeuvre. Là sont les questions auxquelles la Région Wallonne attend des réponses… avant d’accorder ses subsides. La société Idelux, basée à Arlon et spécialisée dans ce domaine, conseille la ville dans ses investigations. Actuellement, deux rapports de synthèse ont été établis et devraient permettre de définir le type de développement recherché. Parmi les orientations citées dans le projet d’Idelux, figure, entre autres, la mise sur pied d’une structure de promotion touristique unifiée pour la commune partant des atouts du centre ville.

Une fois traversés les méandres politiques et administratifs, les initiateurs du projet ont bon espoir de voir arriver les premiers fonds à l’aube du deuxième millénaire, bientôt en fait… On ne peut que se réjouir de l’aboutissement d’une telle entreprise, qui soyons en sûr, apportera les réponses indispensables à un nouveau regard sur la ville.

En attendant, trinquons à la santé des borquins en dégustant une bière et un saucisson de “Saint-Hubert” !

d’après Christian Léonard, Arduina


Cet article est extrait du dossier qu’Arduina consacra à Saint-Hubert dans les années nonante. D’autres sujets y étaient également commentés :

      • le pénitencier,
      • les miracles de Saint-Hubert,
      • l’apôtre des Ardennes,
      • l’appellation “Saint-Hubert”,
      • le saucisson borquin et la Confrérie des Bouchers,
      • La bière de Saint-Hubert et sa confrérie,
      • Pierre-Joseph Redouté, Au nom de la Rose,
      • le cortège historique.

L’intégralité du magazine Arduina n°2 est téléchargeable en PDF avec reconnaissance de caractère dans notre DOCUMENTA.


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LIMBOURG : classé plus beau village de Wallonie (2022)

[RTBF.BE, article du 8 juin 2022] Gros plan sur une rénovation dont le financement est plutôt inhabituel. La Ville de Limbourg en région liégeoise est fière de faire partie des plus beaux villages de Wallonie. Et le lieu sera encore plus attrayant avec la rénovation de la place principale. Les travaux sont terminés et ils ont en partie été payés par les habitants qui pouvaient acheter quelques mètres carrés de pavés.

Participation citoyenne

Comme je suis née le 24 décembre, explique Huberte Braham, habitante de Limbourg depuis l’âge de 9 ans, à Noel, sur l’arbre j’ai eu un beau cadeau. Un de mes fils m’avait acheté un pavé. C’était vraiment une surprise. J’étais émue“. Elle possède désormais un pavé à son nom sur la place de son village, juste devant la maison dans laquelle elle a vécu durant des années.

La rénovation de cette place à coûté 1.5 million d’euros. La Wallonie et l’Europe ont financé une grande partie des travaux. Les habitants ont, eux, pu acheter 1 mètre carré pour une valeur de 134 euros.

Il n’y a pas que des habitants, souligne la bourgmestre de Limbourg. Cela a quand même été soutenu par des personnes qui habitaient à l’extérieur de la commune. Et donc on a rassemblé plus ou moins 60.000 euros de fonds grâce à cette opération. C’est une petite goutte d’eau symbolique, mais qui, je pense, à permis à donner de la crédibilité à la place, de permettre aussi d’avoir une visibilité un peu créative car c’est une opération qui n’a pas lieu partout et certainement pas en Wallonie.

Pour la rénovation, il a fallu rajouter 2/3 des pavés. Ceux-ci ont été péchés directement dans la Vesdre. Limbourg fait partie des plus beaux villages de Wallonie. Alors, ici, les week-ends, il y a du monde. Et c’est parfois compliqué pour les habitants, comme l’explique Véronique Klein, riveraine : “On a énormément de touristes qui ne respectent pas forcément les parkings extérieurs du village. On a donc vite une place encombrée de véhicules. Beaucoup d’enfants jouent sur la place et on a la crainte évidemment qu’il se passe quelque chose.

Les autorités ont conscience du problème, confirme l’échevin du tourisme à Limbourg : “Au-dessus de la place, dans le cadre de la rénovation, on a posé des potelets rétractables qui pourront empêcher les voitures de venir stationner pendant les périodes d’affluence touristique. Les riverains pourront continuer à stationner sur la place. Un jour par mois, ceux-ci ne seront pas autorisés à stationner. Ce sera un jour sans voiture. La place sera encore plus belle.

La volonté est de redonner une vraie dynamique au village. Et ce sera aussi grâce à Huberte, à George, à Paul et à tous les autres.

D’après Marie Bourguignon, RTBF.BE

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NISMES : le Fondry des Chiens, notre Grand Canyon belge !

Situé dans le Parc naturel de Viroin-Hermeton, à proximité de Nismes, le Fondry des Chiens est un site protégé et unique en Belgique. Visitez ce gouffre naturel de 20 mètres de profondeur à la biodiversité incroyable. [en savoir plus sur WALLONIEBELGIQUETOURISME.BE…]

© trougnouf

[NOTRENATURE.BE, 23 février 2022] “Un canyon en Belgique ? Au début, je n’y croyais pas, et j’ai pensé qu’il s’agissait simplement d’un tas de roches qu’un bourgmestre ou l’autre avait qualifié de curiosité locale. Mais en recherchant des promenades originales, je ne cessais de tomber sur le Fondry des Chiens, qui pourrait même faire partie de l’un de nos futurs parcs nationaux. J’ai donc choisi de me rendre à Nismes pour admirer cette merveille de la nature d’un peu plus près !

Nous nous sommes garés non loin de l’église de Nismes, dans la commune de Viroinval. Nous avons opté pour une promenade de 4 km en suivant le balisage rouge. Nous avons d’abord traversé le parc du château appelé Les Jardins d’O, qui abrite de superbes plans d’eau, des ponts décoratifs et des jeux pour enfants aventureux. Le joyau du parc est le Château Licot, autrefois la résidence d’une famille d’industriels reconvertie aujourd’hui en maison communale.

D’un point de vue à l’autre

Une fois que nous sommes sortis du parc, nous avons constaté que la route ne cessait de grimper. Au total, cette promenade compte 125 montées, mais aucune n’est insurmontable. En chemin, nous tombons sur le premier gouffre ou fondry, un phénomène naturel qui ne se retrouve qu’à Viroinval dans notre pays. Les creux si typiques ont été créés il y a de cela des millions d’années par des infiltrations d’eau de pluie dans le sol calcaire. Des bancs disposés de manière stratégique parsèment les abords de ces roches irrégulières. Ils nous confèrent une vue magnifique tout en nous offrant une pause bien méritée.

Ce paysage à part est charmant, mais nous ne sommes pas époustouflés pour autant. Environ 2,5 km plus loin, nous tombons sur des installations touristiques : des bancs de pique-nique, un parking et même des toilettes en plein milieu de la nature… Nous devons être tout près ! Curieux, nous faisons nos premiers pas sur une pelouse calcaire qui abrite de rares orchidées sauvages au début de l’été. Durant cette saison, nous pouvons aussi admirer la microfaune, par exemple les lézards ou les papillons, comme le demi-deuil, l’argus bleu-nacré et le némusien. La faune et la flore exceptionnelles de ce coin de nature unique font du Fondry des Chiens un porte-étendard de la biodiversité. En raison de sa vulnérabilité, cette zone naturelle est protégée et pourrait même faire partie de l’un de nos futurs parcs nationaux.

Et ensuite, arrive la vue promise que nous n’attendions plus… Une gigantesque fissure dans le paysage vert des environs. Le fondry principal mesure 100 mètres de long pour 20 mètres de profondeur et est bordé de roches, de fissures irrégulières et de grottes profondes. On dirait que la croûte terrestre s’est littéralement fissurée ! Si le fondry semble déjà impressionnant en photo, il faut se rendre sur place pour vraiment se rendre compte de l’ampleur du phénomène. Vous pouvez déjà avoir une idée de sa profondeur en observant l’abri en bois en haut à droite de l’image.

Nous […] nous glissons donc petit à petit vers le bord du précipice. Pour l’occasion, nous avons emmené nos propres chiens, même si le Fondry doit en réalité son nom à une insulte. Selon la légende, les chrétiens autochtones étaient autrefois traités de “chiens” par les Musulmans car ils étaient considérés comme païens [NdW : à Viroinval ?]. Une autre histoire rapporte que les villageois jetaient leurs chiens morts dans le gouffre, mais nous préférons ne pas croire à cette version atroce.

Le Fondry des Chiens en pratique

Nous avons parcouru 4 kilomètres en presque 2 heures, y compris le temps que nous avons passé à lire les panneaux indicateurs, à profiter de la vue et à prendre des photos. La promenade compte majoritairement des chemins (semi-)aménagés et est donc praticable pour les familles avec enfants. Sur place, surveillez tout de même vos bambins, car la visite du site n’est pas sans danger. Le chemin se poursuit jusqu’en bas du gouffre, une expérience impressionnante pour les jeunes et les moins jeunes ! Si vous n’avez pas envie de vous balader, vous pouvez garer votre voiture non loin du Fondry des Chiens. Ce site n’est évidemment pas comparable au Grand Canyon, mais le gouffre de Viroinval vaut la peine d’être vu !”

d’après notrenature.be (23 février 2022)

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