[d’après VISITEZLIEGE.BE] Ancienne collégiale fondée au Xe siècle, incendiée en 1312. La nouvelle tour carrée, visible depuis de nombreux points de vue de la ville, a été achevée vers 1410. Dans le choeur et le vaisseau gothiques du XVIe siècle, vous pouvez admirer un calvaire du début du XVIe siècle, le mausolée d’Eracle, une belle statue de Notre-Dame de Saint-Séverin en bois polychrome (XVIe siècle, la chapelle du Saint-Sacrement et, ornée de médaillons de Del Cour (XVIIIe siècle) ainsi que des vitraux remarquables du XVIe siècle. A voir également, la chaire de vérité du début du XVIIIe siècle, les souvenirs de la Fête-Dieu, un magnifique maître-autel et, dans la crypte, un gisant en marbre noir de Theux.
Adresse : Rue du Mont Saint-Martin, 66 à 4000 Liège

Cathédrale éphémère, forteresse sacrée, une fondation détournée

Le siège épiscopal était implanté dans une cuvette profonde, ouverte à tous les dangers. L’évêque Eracle (959-971) décide son transfert. En 965, une nouvelle cathédrale Sainte-Marie-et-Saint-Lambert et un palais neuf s’élèvent sur la crête naturellement défendue du Publémont. Mais Notger (972-1008) abandonne le projet de son prédécesseur. Il revient au lieu saint -celui du martyre de Lambert- pour y bâtir la vaste cathédrale romane qui subsistera jusqu’à l’incendie en 1185 et il protège l’ensemble de la Cité par des fortifications. Il ravale l’église du Publémont au rang de collégiale. Il l’achève et la place sous le vocable de saint Martin de Tours, l’un des plus populaires de la chrétienté, mais aussi l’un des saints protecteurs des princes capétiens et des princes ottoniens. La dédicace à saint Martin révèle la politique de Notger, ses sentiments anticarolingiens et sa sympathie active dans l’avènement d’Hugues Capet. Incorporée au système défensif de la Cité, SaintMartin est désormais associée à la protection d’une de ses portes. Elle est devenue une ”forteresse sacrée”.
LA COLLEGIALE INCENDIEE
Août 1312. A Liège, c’est l’émeute. Les métiers, marchands et artisans -ceux qu’on appelle les petits-, soutenus par les chanoines de Saint-Lambert, se battent pour conserver une part du pouvoir fraîchement acquise. Un nombre
considérable de nobles liégeois cherchent asile à Saint-Martin. La foule en colère y boute le feu, condamnant les réfugiés à une mort atroce. La collégiale vit l’un des drames les plus effroyables de l’histoire liégeoise : il gardera le nom de Mal Saint-Martin.
L’ACTION DES GRANDS MECENES
La Renaissance à Liège est le fait du prince Erard de la Marck (1505-1538). La reconstruction de la collégiale, ruinée par les malheurs de 1312 et de 468, démarre à l’avènement de cet homme hors du commun. Partant du choeur, le chantier progresse lentement vers l’ouest et la tour, à laquelle le grand vaisseau va s’arrimer. Interrompus de 1530 à 1540, les travaux se poursuivent jusqu’à la fin du XVIe siècle, au milieu de tracas financiers qui expliquent peut-être la simplicité de l’architecture gothique de l’édifice. Les verrières remarquables de l’abside -l’un des plus beaux ensembles de vitraux européens du XVIe siècle- sont en cours de restauration. Elles sont attribuées à Richard Hoesman, un verrier liégeois qui, accusé d’hérésie, sera banni de Liège en 1533.
Grand bienfaiteur de Saint-Martin, le chanoine Jean Visbrocus a financé la construction des chapelles nord (vers 1580). Généreux mais prudent, il a fait réaliser son propre monument funéraire dès 1576. Un autre grand mécène, le chanoine Charles Haaken, doyen de 1924 à 1945, a enrichi son édifice de sculptures acquises sur le marché des antiquités. Parmi celles-ci, trois chefs-d’ oeuvre de la statuaire mosane des années 1500 : une sainte Anne Trinitaire, une Vierge et un saint Jean au Calvaire.
L’UNE DES PLUS BELLES VIERGES MOSANES – L’UNE DES PLUS VENEREES : Notre-Dame de Saint Séverin
La légende raconte qu’elle est l’oeuvre d’un Juif qui l’aurait sculptée pour sa femme catholique, cloîtrée chez elle par la paralysie. Elle est l’image même de la tendresse et de l’amour. Considérée comme miraculeuse à partir de 1631, elle a quitté l’église Saint-Séverin supprimée (1803) et trouvé refuge à Saint-Martin en 1805.
1996 : 750ème ANNIVERSAIRE DE LA FÊTE-DIEU
La création au XIIIe siècle de la fête du Saint-Sacrement est un temps fort de l’histoire de l’Eglise. Saint-Martin est au centre de cet évènement qui, de 1230 à 1264, met en scène Julienne -prieure de Cornillon-, Eve -son amie recluse à Saint-Martin- et quelques membres influents du chapitre de la collégiale. Aussi ce berceau de la Fête-Dieu accordera-t-il une importance toujours plus grande au culte eucharistique. Dans l’église reconstruite, une chapelle est réservée au culte et à la confrérie du Saint-Sacrement instaurée en 1575. Ce lieu, particulièrement saint, sera l’objet de soins constants. Les meilleurs artistes liégeois ont participé à sa luxueuse décoration qui, par la peinture et la sculpture, évoquait les préfigures, les figures et les symboles de l’Eucharistie. A partir du XVIIIe siècle, les jubilés de la Fête-Dieu sont fêtés avec beaucoup de solennité. Pour marquer le Ve centenaire, les chanoines font réaliser un maître-autel spectaculaire. Premier à Liège des autels “à la romaine”, il est conçu comme un somptueux trône d’exposition pour le saint Sacrement. Pour la célébration du 750e anniversaire de l’institution de la Fête-Dieu (1996), la basilique Saint-Martin fait peau neuve. Le gros-oeuvre, les vitraux et l’orgue de l’ancienne collégiale Saint-Pierre -oeuvre exceptionnelle de Jean-Baptiste Le Picard (1739-17 41 )- doivent être restaurés. Ce projet ambitieux de complète réhabilitation exige, pour aboutir, le concours de tous.
[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : dématérialisation, partage, correction et iconographie | source : visitezliege.be ; Les collégiales liégeoises (n° 5 – Liège : Histoire d’une église, 1991) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © visitezliege.be ; © dp.
A Liège, encore…
- LIEGE : château des Quatre Tourettes (XVIe)
- LIEGE : la collégiale Saint-Martin-en-Mont, cathédrale éphémère, forteresse sacrée, une fondation détournée
- THEUX : la charmille du Haut-Maret (ou Haut-Marais)
- LIEGE : montagne de Bueren
- LIEGE : la collégiale Saint-Denis, une tour forte dans l’enceinte notgérienne
- LIEGE : rue du Pont
- Cointe au temps des Gaulois (CHiCC)
- COINTE & la “Pax Romana” (CHiCC)
- LIEGE : Pierreuse
- COINTE : boulevard Gustave Kleyer