LIEGE : Saint-Jacques, une grande abbaye bénédictine

[d’après CIRCUITDESCOLLEGIALES.BEFondée en 1015 par le prince-évêque Baldéric II, l’abbaye bénédictine de Saint-Jacques joua plusieurs fois un rôle non négligeable dans l’histoire de Liège. Qualifiée parfois d’église communale, les chartes, paix et diplômes de la cité y furent conservés à partir du XIVe siècle. La paix de Saint-Jacques, compilation de lois de la principauté de Liège, y fut signée en 1487. L’avant-corps, construit en grès houiller, fut édifié dans la seconde moitié du XIIe siècle. Dernier vestige de l’église romane, il a perdu ses deux tours qui encadraient le clocheton central encore visible. Le reste de l’édifice fut reconstruit entre 1514 et 1538 dans le style gothique flamboyant. Seules exceptions : le portail, inspiré par la Renaissance italienne et attribué à Lambert Lombard, qui fut érigé en 1558 et le campanile qui fut installé en 1635. Devenue collégiale en 1785, elle fut supprimée à la Révolution, puis fut convertie en église paroissiale après le Concordat. Elle perdit son cloître au XIXe  siècle, dont l’emplacement est aujourd’hui occupé par un petit square. L’entrée dans cette église vaut le détour, ne serait-ce que pour admirer les éléments décoratifs, riches compositions qui illustrent l’exubérance du gothique flamboyant.

Adresse : Place Saint-Jacques, 8 à 4000 Liège

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UNE GRANDE ABBAYE BÉNÉDICTINE

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La pointe méridionale de l’Ile, baignée par les bras de la Meuse. Une terre inhospitalière, marécageuse et déserte où rodent, dit-on, des animaux sauvages. C’est là que, en 1015, le prince-évêque Baldéric II (1008-1118) fonde Saint-Jacques, abbaye bénédictine promise à un brillant avenir.

UNE ÉCOLE MONASTIQUE RÉPUTÉE

Le rôle des écoles de Liège au XIe et au début du XIIe siècle et l’influence exercée par les maîtres liégeois dans l’Europe médiévale justifient ce titre prestigieux de “nouvelle Athènes” que Liège reçut au XIe siècle. L’enseignement assuré par les écoles de la cathédrale, des collégiales et des établissements monastiques regroupe les disciplines des sept arts libéraux (grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, astronomie, musique). Saint-Jacques, qui abrite un important scriptorium et une très riche bibliothèque, a joué un rôle de tout premier plan au sein du rayonnement intellectuel liégeois.

EVANGELISATION EN POLOGNE

Des liens étroits unissent, au Moyen Age, le pays mosan et la lointaine Pologne. Les moines de Saint-Jacques ne sont pas restés étrangers à cette “pénétration pacifique” des Wallons en terre polonaise : vers 1080, ils y fondent l’abbaye de Lubin.

UNE ÉGLISE COMMUNALE

A partir du XIIIe siècle, c’est à Saint-Jacques que sont conservés les chartes et diplômes de la Cité et qu’ont lieu les prestations de serment des bourgmestres de Liège. C’est là encore qu’en 1487 sera signée la Paix de Saint-Jacques, qui codifie les lois et règlements du pays de Liège.

UNE ABBATIALE DE PIERRE ET DE LUMIÈRE

De l’église romane, seul subsiste l’énorme choeur occidental en grès houiller (v. 1150-1170), privé de ses deux tours latérales. Le reste de l’édifice est l’ouvrage magistral du XVIe siècle et de l’architecte Art Van Mulken qui, de 1514 à 1538, dote Liège d’un dernier chef- d’oeuvre de l’art gothique flamboyant.

LE TRÉSOR DE SCULPTURES LE PLUS RICHE DE LIÈGE

Saint-Jacques, c’est aussi une collection extraordinaire de chefs-d’oeuvre sculptés dans le bois, le marbre ou la pierre, qui retracent les cheminements de l’art à Liège du XIVe au XVIIIe siècle. Vers 1350, un nouveau courant apparaît. Il s’attache au rendu du  vraisemblable, du réel.

Le raffinement extrême de la sculpture et la somptueuse polychromie, la  silhouette très élancée et le rythme nerveux de la draperie font de la Vierge de Saint-Jacques l’un des chefs-d’oeuvre du gothique tardif. Commandée sans doute par l’abbé Jean de Coronmeuse (1507-1527), elle dominait autrefois l’entrée du nouveau choeur.

En ce début du XVIe siècle, Liège accueille deux sculpteurs étrangers acquis à l’esthétique de la Renaissance : Daniel Mauch, originaire d’Ulm, et Nicolas Palardin, qui vient d’Italie. Une part importante de l’activité de Mauch s’exerce à Saint-Jacques où le maître (mort en 1540) et son épouse seront inhumés.

Nicolas Palardin dit l’Italien est à Liège en 1518. Il y décède quatre ans plus tard, laissant un atelier qui prospèrera sous la double appellation des Palardin et des Fiacre. Il semble avoir joué un rôle déterminant dans l’introduction et la diffusion à Liège du répertoire transalpin.

Cette façade monumentale, qui superpose trois étages d’ordres corinthien et composite, est traditionnellement attribuée à Lambert Lombard (1505 ou 1506-1566), figure de proue de la Renaissance liégeoise. Elle a beaucoup perdu de son décor sculpté, notamment les statues placées jadis au sommet des frontons et dans plusieurs niches. Elle a conservé un grand médaillon en
relief qui représente le Songe de Jacob. Cet épisode biblique évoque la présence mystérieuse de Dieu. Jacob, à son réveil, voulut en perpétuer le souvenir. Il dressa la pierre sur laquelle il avait dormi et dit : “Cette pierre sera une maison de Dieu” (Gen 28). Dans la liturgie chrétienne, l’épisode symbolise la dédicace d’une église. A Saint-Jacques, il évoque en plus un troisième saint patron de l’église : aux apôtres Jacques le Mineur, premier patron, et Jacques le Majeur (dont l’église acquit des reliques en 1056), s’ajoute le patriarche Jacot (Jacques, en hébreu). Très subtilement agencée, la façade porte les germes de l’art baroque.

Restes du jubé érigé en 1602 par l’abbé Martin Fanchon (1594-1611), les deux autels placés au fond des nefs ont une importance capitale pour l’étude de l’art liégeois des années 1600.

Aux confins de deux siècles, ils sont aussi à la charnière de deux mondes, celui de la Renaissance et celui du Baroque.

De 1682 à 1690, Jean Del Cour crée à Saint-Jacques un ensemble triomphal : sept statues plus grandes que nature, sculptées dans le tilleul et peintes à l’imitation du marbre blanc. Parmi elles, un chef-d’oeuvre : saint Jacques le Mineur, figure extatique, vibrante jusque dans la draperie.


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : dématérialisation, partage, correction et iconographie | source : Les collégiales liégeoises (n° 5 – Liège : Histoire d’une église, 1991) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © flickr.com ; © dp ; © pinterest.com.


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