CERFONTAINE : la carrière de Beauchâteau

Située sur le dernier contrefort calcaire avant la dépression de la Fagne, au cœur du massif forestier de Cerfontaine, la carrière de Beauchâteau constitue un témoignage remarquable du patrimoine géologique et industriel régional. Probablement exploitée dès le XVIIIe siècle, elle connut, au siècle suivant, un essor considérable grâce à l’introduction de techniques novatrices.

C’est en 1874, sur ce site précisément, que fut employé pour la première fois en Belgique le fil hélicoïdal, une méthode révolutionnaire dans l’extraction du marbre. Son efficacité marqua un tournant décisif, remplaçant peu à peu le labeur exigeant des rocteurs, ces ouvriers spécialisés qui, à force de bras, creusaient une tranchée autour du bloc, le sapaient à sa base, puis le faisaient basculer.

© Stéphane DADO

Un bâtiment industriel subsiste encore aujourd’hui à l’entrée du site, dans un état de délabrement affligeant : il abritait la machine à vapeur, élément essentiel de cette exploitation mécanisée, chargée de l’évacuation des eaux d’exhaure et de l’animation du fil hélicoïdal. Celle-ci prit fin en 1950, laissant place à un site singulier dont la morphologie, à flanc de coteau, contraste avec les carrières en fosse plus répandues dans la région. Cette implantation particulière confère à Beauchâteau une silhouette aussi insolite que spectaculaire, dominée par des parois abruptes, lisses et sciées, empreintes visibles d’une extraction intensive.

Le sous-sol de Beauchâteau recèle des roches sédimentaires formées il y a quelque 350 millions d’années. C’est de cette matrice ancienne qu’est issu un marbre aux nuances rouge et gris, connu sous le nom de Rouge Royal Poité. Ce matériau noble, prisé pour sa texture et sa teinte, fut exporté bien au-delà des frontières belges. On le retrouve notamment chez nous dans les soubassements restaurés de l’hôtel de ville d’Anvers.

Classé depuis 1992 et propriété de la commune de Cerfontaine, le site constitue aujourd’hui un repère patrimonial majeur, à la croisée de l’histoire industrielle, de la géologie et de l’esthétique architecturale. Il sert aussi d’étape dans les circuits touristiques à proximité des lacs de l’Eau d’Heure. Qualifié de site de grand intérêt biologique, on y voit voler le joli citron, un papillon de jour de la famille des piérides.

Stéphane DADO

C’est où ?

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